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d'autre contre cette jeuneffe qui fait de grandes huées, & qui s'enfuit, ou fe rapproche, felon les démarches du loup. Il toujours quelque habit déchiré, & fouvent quelque coup de dent:: quand le loup fatigué veut fe coucher à terre pour se reposer un des combattans s'avance vers lui. Le loup fe reléve; le combattant le faifit, & le ferre fortement tandis qu'un autre lui met la corde au col, & le proméne dans l'assemblée..

Pendant ce manége, on demande de l'argent aux fpectateurs, & chacun donne ce qu'il

veut..

Les Fêtes que le Kan & le Kalenter donnent à certains jours de l'année, font un nouveau divertiffement. Elles font annoncées par un grand bruit de. trompettes & de tambours..

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A l'entrée de la nuit, plusieurs volées de canon n'ont pas plutôt averti les habitans de faire des illuminations, que toutes les plattes-formes des maifons de la Ville, & les collines d'alentour paroiffent éclairées d'une infinité de lampes, dont les flammes n'étant pas moins groffes, que celles des plus gros flambeaux, on voit de toutes parts une infinité de lumieres, qui forment plufieurs figures différentes. Du milieu de ces feux, on voit partir fans ceffe des fufées volantes, & autres feux d'artifice qui voltigent de tous côtés. Il faut convenir que tous ces différens objets préfentent aux yeux un trèsagréable fpectacle.

On célébre auffi dans cette ville pendant dix jours, & dans toute la Perfe, la mémoire de la mort d'Ufain, fils d'Ali. Dans

T

les neuf premiers jours, on voit de petits gueux à demi-nuds, barbouillés de noir, & divifés en plufieurs bandes, courir par la Ville avec des tambours, en chantant & criant de toutes leurs forces, Usain, Ussain. Le dixiéme jour on proméne par les rues un enfant couché fur un brancard, & porté fur les épaules d'une vingtaine d'hommes. Le brancard eft orné de riches étoffes & de miroirs, qui les rendent plus brillantes. L'enfant contrefait le mort, pour représenter Ussain: pendant la marche les trompettes, les tambours, les cris des peuples font un terrible bruit; cette cérémonie fuperftitieuse se change le lendemain en un rude combat qui fe livre dans la grande place de la Ville, qui a plus de cinq cens pas de long, & plus de cent cinquante de large.

La Ville fe partage en deux partis, l'un des Heideri, & l'autre des Elahmed oulai; ce font les noms des deux freres qui étoient autrefois Princes de Chamaké. Les combattans font armés de bâtons de la longueur d'une demi - pique & de frondes; mais depuis quelques années ils ont commencé à ufer d'armes à feu ; en forte que le combat ne finit point, fans qu'il y ait du fang répandu. Les Gouverneurs tâ chent d'arrêter ce défordre ; mais ils ne peuvent retenir la jeuneffe qui fe fait une gloire de fe fignaler dans ce combat.

Après avoir parlé des diver tiffemens des habitans de Chamaké, je paffe à des chofes qui méritent mieux notre attention; parce qu'elles regardent notre Religion.

Les Arméniens qui habitent

le Sirvan, & qui font en grand nombre, étoient dans un extrême abandon, & dans une déplorable ignorance des premiers principes & des devoirs du Chriftianifme.

Leur état pitoyable excita la compaffion & le zéle des Ouvriers Evangéliques. Ils confidéroient d'ailleurs que Chamaké étant l'abord de diverfes Nations, & le paflage de Mofcovie & de Pologne en Perfe, ils auroient de fréquentes occafions de fe rendre utiles à toutes ces Nations, s'ils pouvoient y établir une miffion.

Le Pere Pothier étoit à Hif paham, & s'occupoit de cette pensée, lorfque la Providence lui préfenta le moyen d'exécuter ce deffein. Le Prince de Siri, célébre par plufieurs & importantes négociations, arriva à Hif

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