페이지 이미지
PDF
ePub

paham, en qualité d'Ambaffadeur du Roi de Pologne Sobiefki. Ce Prince envoyoit le Comte de Siri, pour perfuader au Roi de Perfe qu'il devoit profiter de la guerre que l'Empereur, le Roi de Pologne fon Maître, le Czar & la République de Venife faifoient au Turc, & pour engager Sa Majefté Perfienne à joindre fes armes à celles de toutes ces Puiffances.

Le Comte s'entretenant avec le Pere Pothier lui dit qu'un des articles de fon inftruction, portoit de demander au Roi de Perfe des Lettres Patentes pour l'établissement de quelques Mif fionnaires à Chamaké. Il lui ajofita que le Pape informé du bien qu'on devoit efpérer de cette Million, avoit fort à cœur cet établissement.

Le Pere Pothier fut charmé

de trouver une conjoncture fi favorable à fes intentions. Il en profita, pour faire entendre au Comte tous les avantages que la Religion tireroit en effet de cette bonne œuvre.

Le Comte de fon côté s'employa fi efficacement au fuccès de fa commiffion, qu'il obtint les Lettres Patentes, par lesquelles le Roi permettoit aux Jéfuites Miffionnaires d'avoir un établiffément à Chamaké. Le Comte fit plus car ayant fini fes affaires dans cette Cour, & s'en retournant en Pologne par Chamaké, il voulut que le Pere Pothier l'y accompagnât, avec promeffe de fa part de le bien recommander au Kan de cette Ville, au nom du Roi de Pologne, & du Roi de Perfe. Le Pere Pothier fuivit avec joie le Comte de Siri: il l'accompagna jufqu'à

Chamaké. Lorfqu'ils y arriverent le Kan en étoit parti pour Hifpaham. En fon abfence le Comte s'adreffa au Lieutenant, qui tenoit fa place. Cet Officier, qui n'ignoroit pas la considération où étoit le Comte de Siri auprès du Roi fon Maître, le reçut avec honneur, & fit un accueil favorable au Pere Pothier, qui accompagnoit le Comte. Le Pere lui préfenta fes Lettres Patentes: le Lieutenant, à la prière du Comte de Siri, lui promit fes bons offices; mais le Pere Pothier fçachant par expérience, qu'un Miffionnaire ne doit être à charge à qui que ce foit, & moins encore aux premiers Officiers, le remercia de fa bonne volonté, & lui dit, qu'il avoit des amis parmi les Arméniens, qui s'étoient chargés de lui trouver un logement, En ef

fet les Catholiques s'emprefferent à le loger, & à lui procurer tout ce qui étoit néceffaire pour y commencer la Miffion. Lepremier foin du Pere Pothier fut d'avoir une Chapelle, pour y célébrer les divins Myftères. Sitôt qu'elle fut prête, il y conmença les exercices de la Miffion. Comme elle étoit petite, il étoit obligé de les recommencer autant de fois que la Chapelle fe rempliffoit. L'Evêque de Chamaké donnoit l'exemple. Il fe trouvoit aux inftructions, & y amenoit les Prêtres de la Ville & du voisinage. Les fruits de la parole de Dieu alloient croissans de jour en jour. Il ne s'en paffoir pas un, fans que le Pere ne reconciliât quelques Schifmatiques à l'Eglife de Jefus - Chrift. Les Turcs commencerent à en faire du bruit. Ils reprocherent au

Turc qui avoit vendu fa maifon pour les Miffionnaires, que fa maison étoit devenue une maifon de Francs. Le Turc fut fi sensible à ce reproche, qu'il prit la réfolution d'affaffiner le Pere dans fa propre maison. La nuit du 27°. Septembre 1687. il trouva le moyen d'y entrer, & ayant forcé la porte de la chambre où le Pere repofoit, il lui donna un coup de poignard dans le front, & un autre dans le cœur, & s'évada,

Le lendemain on trouva le corps mort, nageant dans fon fang. La nouvelle de cet affaffinat s'étant répandue en un inftant par toute la Ville, les Arméniens & les Catholiques des autres Nations, qui étoient alors à Chamaké, en furent confternés. La Juftice Turque fit toute la façon de vouloir punir

le

« 이전계속 »