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Chamaké. Le Sieur Fabritius, Ambaffadeur du Roi de Suéde, pour la troifiéme fois, y arriva. Il menoit avec lui un Miniftre nommé Lenfant. Zurabek ayant l'honneur d'être l'Ambassadeur d'un Roi Catholique, & nouvellement parvenu à la Couronne de Pologne, crut qu'il étoit de l'honneur & de la dignité de fon Maître, qu'il eût avec lui un Aumônier pour lui dire la fainte Meffe, pour lui adminiftrer les. Sacremens, & pour entretenir la piété & l'édification dans la Caravanne qui étoit à fa fuite. Comme j'avois l'avantage d'être connu du Sieur Zurabek, il me propofa de l'accompagner en cette qualité. Je crus, pour toutes fortes de raifons de bienféance & d'utilité pour notre Miffion de Chamaké, devoir accepter la propofition qu'il me fit. Je l'ac

ceptai, & je me préparai au

voyage.

Zurabek ayant finit fes prépa.. ratifs, fit annoncer fon départ le 3o. Octobre, par les volées de quatre piéces de canon, qu'il a-voit fait placer fur une colline près de la ville. Le 4o. jour, il fit la revue de fon équipage avec: le Kan, qui l'accompagnoit. H ne devoit s'y trouver que trente chevaux, & il s'y en trouva plus de deux cens. Cette augmentation d'équipage eft au profit de l'Ambaffadeur, & de quelques autres perfonnes car les Marchands, pour faire paffer leurs marchandises franches de tous droits, fe mettent à la fuite des Ambaffadeurs, & on les fouffre moyennant un préfent qu'ils font à ceux qui les voient, & qui n'en difent mot. Le 5. jour fut employé à faire & à recevoir les vifi

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OXFORD

MUSEU

tes de cérémonie. Enfin le 6 Octobre notre Ambaffadeur fortit de Chamaké avec tout fon monde, & en très-bon ordre; les chemins étoient bordés de peuples. Tout ce monde nous fuivit jufques fur la colline de Kalakhoné, qui eft à la vûe de la Villé. Etant parvenu au haut de la colline, notre Ambaffadeur trouva un repas. magnifique, préparé fous trois riches tentes, où les parens &

amis de Zurabek l'attendoient. Après ce repas, Zurabek leur fit fes remercimens & fes adieux, & nous nous remîmes en marche, gardant le même ordre dans lequel nous étions fortis de Chamaké. Bien-tôt après nous trouvâmes obftacle à notre bon ordre; car il nous fallut traverfer d'affreufes montagnes par des chemins taillés dans le roc, & qui alloient en ferpentant entre

deux abyfmes, qui faifoient peur à voir. Heureufement pour nous, il n'avoit point plû, ce qui auroit rendu les chemins gliffans, & par conféquent très-dangereux. Malgré cette trifte fituation, les Arméniens ont trois ou quatre villages dans ces montagnes. Ils n'y fubfiftent que d'un peu de bled qu'ils y recueillent, & de quelques vignes qu'ils y cultivent.

Nous paffâmes par un de ces villages, nommé Sanguian, & près d'un autre, nommé Karkan. II y a dans le premier un beau Monaftère, dans lequel étoient alors trois Evêques fans Evêchés.

Les Arméniens de Karkan font à leur aife, parce que leur village appartenant à une Mosquée d'Hifpaham, il en eft moins chargé d'impôts. Nous n'arrivâmes que de nuit à Akfou, gros bourg

au milieu d'une terre fertile; Akfou fignifie eau blanche, & nous n'en trouvâmes que de trouble.

La journée du lendemain fut toute différente, car nous eûmes à traverser des lieux marécageux, & à percer une épaiffe forêt de rofeaux forts & hauts, & qui en revenant contre nous, frappoient rudement nos vifages & nos jambes. Nous arrivâmes enfin bien battus à Kederlou. Les maifons de ce village font féparées les unes des autres par des plante d'arbres fruitiers, & principalement de mûriers, dont les feuilles nourriffent des vers à foie, qui font le grand commerce & les richeffes du Pays. Les mûriers font comme des bois taillis; on ne les laisse monter qu'à la hauteur d'environ cinq pieds. On les dépouille au printems de leurs feuilles pour les donner aux vers

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