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à foie. On coupe enfuite les branches: l'Eté & l'Automne en font produire de nouvelles, & le Printems fait naître de jeunes feuilles & tendres, qui donnent des foies plus fines.

Le 8. jour d'Octobre, nous n'avions que fept lieues à faire, pour nous rendre à Javat, & nous en fimes plus de douze, errans çà & là, fans tenir une route certaine, manque d'un bon guide. Nous traverfions les campagnes comme des chaffeurs; mais le plus fâcheux étoit que nous nous engagions fouvent dans des rofeaux, & que nous nous y perdions. Alors notre Timbalier faifoit fon devoir, qui étoit de bat tre fouvent, pour nous rallier. Enfin après avoir fait des tours & des détours, nous arrivâmes à notre gîte très-fatigués.

Javat eft un gros village, fem

blable à Kedrelou, à un demiquart de lieue du conflant de Araxe & du Cyrus, ou du Courk, qui garde fon nom pendant l'efpace d'environ vingt lieues, jusqu'à la Mer Cafpien-ne. La pêche y eft fort abondante, & s'afferme quatre cens Tomans. Elle fe fait depuis le commencement de Novembre, jufqu'à la fin de Mars. Dans les autres mois le poiffon y eft rare & maigre. Les Pêcheurs s'attachent principalement aux efturgeons & aux poiffons qui ont des œufs; & ces œufs féchés, qu'ils nomment caviats font d'un grand débit dans tout l'Orient. Les efturgeons qui n'ont pas d'œufs, font nommés ourfon boumons, c'est-à-dire, long nés. On prend auffi des faumons gros comme un homme, mais courts pour leur groffeur. Quoique les

carpes ne cédent pas en groffeur au faumon, on n'en fait nul cas. La pêche se fait par

le moyen de quelques eftacades, qui arrêtent le poiffon remontant de la mer dans la riviere. Comme la riviere groffit au Printems par les pluies, & par la fonte des neiges, rien ne peut plus lui réfifter, & par conféquent plus de pêche à faire. Le Courk eft profond, & charrie beaucoup de boue, comme Strabon l'a remarqué. Un Allemand de la fuite de Fabritius, qui voulut s'y baigner, & qui s'y jetta, ne parut plus. Il fut le premier des dix hommes. qu'il perdit dans fon voyage de Chamaké à Hifpaham. Zurabek n'en perdit aucun.

Tout le matin du 9o. jusqu'à midi, fut employé à paffer le Pont de Javat fur le Courk. Ce pont eft pofé fur vingt-cinq pon

tons liés par des chaînes de fer, dont les anneaux font plus gros que le bras d'un homme : c'eft un ouvrage de Chaabat. On commença dès le matin à transporter le bagage. Notre Ambaffadeur fut obligé d'en venir aux coups de bâtons, pour forcer les gens de Javat à porter nos balles hors du pont. C'eft ainfi que les Ambaffadeurs, qui font les plus forts en Perfe ont coutume d'en ufer pour fe faire fervir dans les lieux où ils paffent; d'où il arrive que les Payfans, fur les premieres nouvelles qu'ils ont d'une Ambaffade, prennent incontinent la fuite, comme aux approches des ennemis : ce pont, dont nous venons de parler, eft fi étroit, que nul homme n'eft affez hardi pour le paffer à cheval. Nous traînâmes les nôtres par la bride: nous marchâmes

enfuite par des routes écartées, pour furprendre les habitans d'un village où nous devions paffer la nuit; mais ils nous avoient prévenus & s'étoient retirés dans la forêt, ne laiffant chez eux que ce que la précipitation les avoit empêché d'emporter. Il fallut aller à un quart de lieue chercher de la paille pour les chevaux & pour les chameaux: on fut prêt de livrer un combat pour en avoir. Nous autres nous foupâmes & nous couchâmes à la belle étoile. Nous fumes plus commodément la nuit fuivante étant arrivés fur les trois heures après-midi en un lieu fort agréable, nommé Kerdamadlou, fur le bord du Courk.Les gens du Pays, qui vivent fous des tentes, nous en drefferent deux fort grandes; la maniere de les dreffer eft affez plaifante. Un homme éléve au

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