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tant qu'il peut un grand cercle, percé en fon contour de fix ou fept trous; d'autres hommes font entrer dans ces trous les bouts de grands bâtons longs comme des piques ils élévent enfuite tous ensemble ce grand cercle, & pofent à terre l'autre bout de ces longs bâtons, & les affermiffent; puis ils couvrent le tout d'un feutre noir qui réfifte à la pluie. Nous étions d'autant plus charmés de l'endroit où nous étions, que depuis Javat nous n'avions vû que de vaftes & miférables campagnes, couvertes d'herbes de marais, ou de régliffes fort hautes, mêlées de rofeaux & de romarins fauvages, Les terres les plus féches produifent une plante, qui pouffe à fon pied des feuilles femblables à celles de la betterave. La tige en eft dure & fe partage en plu

fieurs

Leurs branches qui portent de. petites fleurs bleues. Ce Pays étoit compris dans l'ancienne Arménie, & fe nomme aujourd'hui le Mongan. Il eft habité par des Turcs, qui fe donnent le nom de Chafevan, c'est-à-dire, ami du Roi, parce qu'ils ont paffé de la domination du Grand Seigneur fous celle du Roi de Mongan..

Le Courk qui traverse le Mongan, ne fert point au commerce, quoiqu'il foit très-profond & peu rapide. Les Monganois en laiffent faire la pêche aux habitans du Sirvan.

L'onziéme d'Octobre le Calenter, qui eft comme l'Intendant du Mongan, vint faluer l'Am baffadeur, & le conduifit pendant deux lieues fur le bord de la riviere. Il portoit fur le poing un Allant, qui eft un très-bel oiTome III.

S

feau de chaffe auquel l'on ne met point de chaperon, mais que l'on nourrit de bonnes poules. Nous fumes logés comme la nuit précédente fous des tentes, à l'abri defquelles nous demeurâmes les deux jours fuivans, & en attendant que le Calenter apportât douze tomans à l'Ambaffadeur pour les frais de fon paffage. Il lui demandoit encore vingt autres tomans, qui furent réduits volontairement à douze.

Le 14. on fit partir les chameaux dès le grand matin ; & nous les fuivîmes trois heures après, dans le deffein d'aller à Kalouboulak, c'eft-à-dire, fontaine fanglante. Ce nom lui eft donné, parce qu'il s'y eft fouvent commis des meurtres; les Payfans de ces quartiers ayant la réputation d'être voleurs & ctuels.

Je ne fçai fi nos conducteurs voulurent éviter ce dangereux gîte; mais fur les cinq heures du foir, on déchargea les chameaux dans une plaine déferte où il n'y avoit pas une goutte d'eau. Après y avoir pris un peu de repos, on rechargea, & nous marchâmes au clair de la lune toute la nuit jufqu'au lendemain, & une partie de la matinée pour arriver à Chamakou, où nous arrêtâmes par nécefté, les hommes & les chevaux étant également fatigués.

Chamakou eft le premier Village de la Province du Guilan, & dans la Sultanie d'Arasch. Il eft compofé d'une vingtaine de maifons, dont les murailles font faites de fagots d'herbes qui naiffent dans les marais, & qui font plus hautes qu'un homme. Ces fagots font bien ferrés & preffés les uns contre les autres. Le toît est

en pente des deux côtés, & couvert de paille.

Comme nous avions befoin de repos, nous ne partîmes le 16. qu'à quatre heures après midi pour aller à Chambdou, qui n'en étoit diftant que de deux grandes lieues. Nous marchâmes par des campagnes inondées, & nous fîmes une bonne demi-lieue fur une chauffée entre des rofeaux de la hauteur d'une pique. Les principaux habitans vinrent au - devant de Monfieur l'Ambaffadeur, & lui firent le hofchque, c'est-à-dire, vous foyez le bien venu; car en ce Pays on ne fçait pas faire d'autres harangues. Ils le conduifirent à la maison du Sultan , qui confifte en un grand fallon environné de plufieurs chambres affez propres. Comme elle n'eft point habitée, elle tombe en ruine, fans que qui

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