페이지 이미지
PDF
ePub

de Guilan: car guil en Perfan fignifie.boue..

Rascht eft à deux lieues de la Mer Cafpienne, que nous avions côtoyée l'espace d'environ foixante & dix lieues, fans avoir vû ni port, ni havre, ni baye. Ses bords depuis Bacha font bas & unis, & les vaiffeaux ne fçauroient s'en approcher, ni s'y mettre à l'abri des vents; de forte qu'elle ne peut fervir qu'au commerce d'Aftrácan & de Tarki, derniere place des Mofcovites, & à celui de Derbent & à Niezova.

Quand il nous fallut partir le 3e, de Novembre, M. l'Ambaffadeur, qui vit ma fanté fort affoiblie, me fit mettre fur un chameau dans un Kajava, qui eft une espèce de grande cage: le chameau en porte deux, qui font à fes deux côtés. Pour être un peu à fon aife, il auroit Tome III.

T

illu avoir l'habitude de fe tenir es jambes croifées à la mode des Orientaux; & je ne l'avois pas: je n'y pouvois donc trouver une pofture commode. Nous marchâmes cependant environ fix lieues à travers des forêts, & dans un chemin bordé de hauts buis. Nous arrivâmes à Koutum qui n'eft qu'une grande & belle maifon ifolée dans la plaine, & entre deux longues allées de très beaux arbres. Je ne fçai d'où fortirent des gens qui nous préfenterent du ris, qu'ils appellent Chelau pelau; c'eft un ris plus mol que le pelau, & dont les grains

font entiers.

Le 6. du mois le chemin changea de face, & nous commençames à nous engager dans les montagnes. L'Ambaffadeur & fa fuite prirent les hauteurs, pour éviter la riviere de Kezel

ouzan, laquelle eft ferrée, & coule rapidement dans le vallon. Les chameaux la pafferent quinze fois, ayant l'eau prefque jufqu'au ventre. Toutes les fois qu'ils entroient dans le gué, quelques Cavaliers s'avançoient au milieu du courant, pour les animer par leurs cris. Enfin après avoir ainsi voyagé tout le jour, nous campâmes fur le bord d'un ruiffeau d'eau chaude, fans avoir aucune profivion. J'eus d'autant plus à fouffrir, que mon valet, qui conduifoit le cheval chargé de mon petit bagage, étoit avec l'Ambaffadeur qui avoit campé fur la montagne, à une demie lieue de nous ainfi la nuit fut rude à paffer, & le froid me fut trèsfenfible.

:

Le Kezel-ouzan prend fon origine entre Tauris & Ardebil; c'est-à-dire, dans la grande Mé

"

die, & perce les montagnes, pour s'aller précipiter dans la Mer Cafpienne, proche de Rascht, La riviere de Karzan, qui vient d'une montagne du même nom, proche le Casbin, & qui tombe dans le Kezel-ouzan, eft, felon toutes les apparences, le Rhidagus, & le Ziobéris. Mais dans un

[ocr errors]

long intervalle de tems, la dispofition des lieux a pû changer, & la terre creufée en forme de voûte, a pû s'affaiffer. Ce qui me paroît certain, c'est que le Caf bin eft dans l'endroit qui étoit arrofé par le Ziobéris. Si Ptolémée ne s'accorde pas avec l'Hiftorien d'Alexandre, en ce qu'il fait paffer une riviere qu'il appelle Charoud, en ligne droite par le pied des montagnes, il ne s'accorde pas auffi à ce que j'ai vû fur les lieux.

Avant que de quitter le Guis

lan, je ferai quelques remar ques, non pas fur la bonté du terroir & fur l'infection de l'air que je fais affez connoître; mais fur la fituation qui eft finguliere. Cette Province eft comme une lifiere longue d'environ quatre-vingt lieues, & qui n'en a que vingt de large. Elle forme un demi cercle de l'Occident au Midi, & elle eft refferrée à son 04 rient par la Mer Cafpienne, & à l'Occident par de hautes montagnes, qui font une branche du mont Taurus, & que les gens du Pays appellent Alpons. Elles font couvertes d'arbres, & pleines de bêtes fauves de toutes les efpés ces. Les fangliers y multiplient à l'infini, parce que les habitans qui font tous Mahométans, les ont en horreur, & ne les tuent point.c

Le Guilan fe trouve fortifié

[ocr errors]
« 이전계속 »