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nent leur belle couleur jaune que lorfqu'on les a cueillies.

Nous partîmes de ce Palais le 9. du mois. Les chemins étroits par lefquels nous devions paffer, m'obligerent de reprendre mon cheval. Ils étoient taillés dans le roc, ayant par intervalle des dégrés, pour faciliter aux chevaux la peine qu'ils ont à monter & à defcendre.

Nous avions d'un côté la riviere à plus de cinq piques au-deffous de nous, & de l'autre la montagne nous ferroit de trèsprès nous mîmes cinq heures à faire deux lieues, & à gagner le pont de Kefel-oufan. Ce pont eft un grand & bel ouvrage bâti de briques, & qui a fept arches. Dans chaque pile on a pratiqué un escalier pour defcendre jufqu'à l'eau. Il a été conftruit par l'ordre de Cha-Sephi.

La négligence des Gouverneurs l'avoit laiffé dépérir. On y travailloit quand nous y paffâmes. Plus de cinq cens hommes y étoient employés par l'ordre de Cha-Uffain. De ce pont nous avions encore une demi-lieue à faire, cu plûtôt à monter pour arriver à Manzil.

Manzil eft une petite Ville au milieu des oliviers, auffi-bien que Karzevil, qui n'en eft éloignée que d'une demi-lieue, & qui eft fituée au pied d'une montagne

vers le midi.

Les principaux habitans de Manzil vinrent au - devant de l'Ambaffadeur, & lui firent le compliment ordinaire. Ils nous logerent dans un Caravanfera affez commode, où une belle fontaine nous donna de l'eau trèsabondamment.

On préfenta à notre Ambaf

fadeur une fi prodigieufe quantité d'olives, qu'il en eut fa provifion pour le reste du voyage, & pour en faire des préfens à Hifpaham. A notre arrivée à Manzil, les boutiques furent fermées dans la crainte que notre Caravanne ne fît comme celle des Mofcovites & du Loski, qui emportent les marchandises des boutiques, & qui ne les payent qu'au prix qu'ils veulent.

Nous ne partîmes de Manzil que le 11. à une heure après midi. Comme le chemin étoit affez beau & affez uni, les cavaliers & les chevaux de bagage allerent grand train; mais les chameaux demeurerent derriere: on fut mê me obligé de les décharger fur le bord de la riviere de Charoud, c'est-à-dire du Roi, laquelle fe décharge un peu plus bas dans le Kefel-Oufan. Nous y eûmes

pour notre fouper un morceau de pain fec, & la terre pour notre lit.

Le 12. la faim preffa les chameliers de partir de grand matin notre chemin fut dans une plaine où ferpente le Charoud, que nous pafsâmes & repafsâmes quinze fois avant que d'arriver à Louchan, gros Bourg qui n'a pu fe rétablir depuis une furieufe pefte qui le ravagea quelques années auparavant fes environs font agréables & fertiles. Les oliviers y deviennent fort gros, & ce font les derniers qu'on voit dans ce Pays. Les vignes portent un excellent raisin, qui rend un vin blanc mais très-fort: nous y vîmes un arbre nommé Chenard, & qu'on dit être la platane. Il ne produit ni fruit ni graine. Pour le multiplier, on coupe une branche, laquelle é

tant plantée en terre, prend racine. Le chenard a l'écorce femblable à celle de la vigne. On a foin pour le faire monter, de ne lui laiffer des branches que vers la tête. Son bois employé en me nuiserie paroît marbré.

Le 13. nous paffâmes le Charoud fur un pont de quatre arches, & nous entrâmes dans une vallée étroite entre deux hautes montagnes. C'étoit un spectacle affreux de voir d'un côté & d'autre d'énormes rochers, qui pendoient, pour ainsi dire, fur nos têtes, & qui menaçoient de nous écrafer. Il fallut cependant marcher fix ou fept heures durant dans un chemin fi peu agréable. Nous traversâmes plus de cent fois un torrent nommé Karzan, qui n'étoit alors qu'un ruiffeau; mais qui par les pluies & la fonte des neiges, devient

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