ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

une riviere rapide qui entraîne des rochers prefqu'entiers. Le fentier où nous marchions étoit fon lit. Ses eaux y avoient fait croître des herbes aquatiques, qui répandoient dans les lieux circonvoifins une odeur des plus agréables. Nous trouvâmes trèsà-propos un méchant caravansera nommé Moullalou , pour y faire repofer nos bêtes qui étoient très-épuifées. Ce caravanfera eft environné de vignes, dont les ceps s'élèvent à la hauteur d'un homme, & dont les branches font entrelaffées en forme de treilles; c'eft, dit-on, pour défendre le raisin contre les guŝpes qui font ici de la longueur & de la groffeur du petit doigt. Les figuiers y font auffi hauts & auffi gros que les noyers, de France.

[ocr errors]

Notre journée fuivante fut plus

rude que la derniere. Comme il ne nous étoit plus poffible de marcher par le plat-Pays, il fallut nous réfoudre à grimper par une route fi roide, que les chameaux ne pouvoient avancer dix pas fans être contraints de faire une paufe, & de reprendre haleine. Nous fumes cinq heures en chemin, ayant à fouffrir nonfeulement de la fatigue à monter & à defcendre des montagnes très rudes, mais encore d'un vent de bife qui nous couvroit de neiges. Nous arrivâmes enfin après bien des peines au caravanfera Youfbafchi, ainfi appellé, parce qu'il eft bâti par un Youfbafchi, ou Capitaine de cent hommes. Ce caravanfera eft l'unique maifon qui foit en cet endroit nous y trouvâmes à loger & à fouper.

Le 15.

de Novembre, depuis

la pointe du jour jufqu'au foleil couchant, nous continuâmes à marcher entre des montagnes & des collines couvertes de neige, & avec le même vent qui nous incommodoit beaucoup. Nous forîmes enfin de ces trifles détroits, laiffant au Septentrion le Mafanderan, qui eft l'ancienne Hircanie que Ptolémée fépare de la Parthie par une longue chaîne du Mont Coran, & nous arrivâmes à Agababa dans la plaine de Cafbin. Agababa eft un gros Village. L'excellent vin qu'on y fervit ne contribua pas peu à nous faire reprendre des forces. Ces montagnes qui nous cauferent tant de fatigues, font les Monts Cafpiens, qui féparent dans leur longueur la Médie & la Parthie. La ville de Raga ou Rageia, dont Seleucus Nicator changea le nom en celui d'Entre

[ocr errors]

pus, & qui fut enfuite changé par Arfaces en celui d'Arfacia, en étoit proche du côté de la Médie. Je crois que Pline eft le feul des anciens Auteurs qui nous faffe de la difficulté, en ce qu'il femble placer les portes Cafpiennes au milieu de la Médie. Il en parle comme d'un chemin fait de main d'homme au travers des montagnes, & qui n'a de largeur que pour paffer un charior, mais qui eft long de dix mille pas, c'eft-à-dire, d'environ trois lieues.

Nous arrivâmes à Cafbin le 16.. environ à midi. Cette Ville eft la principale de la Province d'Erak. Elle étoit la demeure des Rois de Perfe avant l'Empereur Cha-Abas, qui lui préféra celle d'Hifpaham. J'allai voir leur Palaison y entre par une grande avenue de chênes, qui conduir

à de vieux corps de logis bâtis de brique, qui ont grand befoin de réparation. On y voit quelques peintures groffieres & d'af fez mauvais goût. Le Haram ou l'appartement des femmes, s'eft mieux confervé que le refte. C'est une espèce de labyrinthe, qui conduit par divers contours à plufieurs petites chambres. Il eft entouré d'une haute muraille. Les jardins font négligés je vis un refte de parterre qui ne contenoit que des œillets & des lis. Quant à la Ville elle me parut grande, peuplée & marchande. Les maifons font bâties de briques féchées au foleil. Les rues, comme dans le refte de la Perfe, ne font point pavées; mais celles qui font habitées par les Marchands, font couvertes pour la commodité du Public.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il y a dans Cafbin une tren

« ÀÌÀü°è¼Ó »