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appelle en Perfan Koschkarou, & en Turc Gaufchekav. Ces deux noms fignifient ouvrages agréables, & conviennent en effet à ce caravanfera.

Le 22. nous n'avançâmes que de trois lieues, parce qu'en chemin faifant l'Ambaffadeur avoit une visite à rendre à un de fes amis. Nous nous arrêtâmes à Dank, où nous ne trouvâmes qu'un pitoyable caravanfera, dont les chambres n'étoient à proprement parler, que des niches rangées autour d'un grand falon dans lesquelles chacun étend fon lit.

Le gîte du 23. fut à la Ville de Sava, qui contient plus de mafures que de maifons. Elle eft entourée de hautes montagnes.

Celui du 24. fut dans un caravanfera, éloigné de huit lieues

de Sava, & appellé Javarabat, ou Karabat. Je me détachai en cet endroit de la compagnie de l'Ambaffadeur, qui étoit fouvent obligé de faire retarder fa marche pour fe faire payer des droits de fon paffage, & de faire enfuite une extrême diligence pour nous rejoindre. Je trouvai mieux mon compte à me joindre au neveu de notre Mémandar, qui étoit auffi incommodé que moi. Nous réglions nos journées comme il

nous convenoit.

Celle du 25. pour nous rendre à Kom, fut de huit grandes lieues: nos chevaux & nos mulets mirent tout le jour à faire cette traitte, & ils la firent fans débrider. Il faut convenir que ces animaux font infatigables. Voici comme on les traite dans les caravannes. Dès le grand matin les Palefreniers qui font ordinaire

ment Arabes, & qui ont un ta⇒ lent particulier pour leur métier, leur donnent de la paille foulée par les pieds des chevaux & des chameaux au tems de la moiffon, pour faire fortir le bled des gerbes. Lorfque la caravanne eft prête à partir, ils rempliffent des facs de cette paille hachée & broyée, & mêlée avec environ deux tiers d'orge. Ils attachent les facs à la tête de leurs chevaux & de leurs chameaux afin qu'ils puiffent manger chemin faifant. Le foir quand on est arrivé au gîte, les Palefreniers les proménent doucement pour les délaffer, & les couvrent d'une groffe couverture pour les empêcher de fe morfondre. Quelque tems après ils les ménent à l'eau, & au retour ils rempliffent Leurs facs de cinq ou fix livres d'orge pour toute leur nuit. S'il y a

plufieurs chevaux enfemble, les Palefreniers ont alors grand foin de les fervir tous en même tems; car c'est un ancien proverbe ici qu'un cheval tombe malade fitôt qu'il voit fon voisin manger feul & fans lui. C'est en effet une chose rifible de voir dans les altes des caravannes les Palefreniers courir de toutes leurs forces leurs facs à la main remplis d'orge & de paille, pour être des premiers à donner à manger à leurs animaux ; car autrement, difentils, ils tomberoient malades. Pour ce qui eft des beaux chevaux des Seigneurs, on y fait plus de fa çon; car dès le matin leurs Palefreniers jettent plufieurs fceaux d'eau chaude fur le corps des chevaux, & les frottent à grand tour de bras; puis ils les favonnent en les frottant de la même maniere, jufqu'à ce que leur poil

bien favonné & frotté, reluife de toute part. Je ne fçai files Palefreniers en France s'accomoderoient de cet exercice du matin, qui cause affez fouvent ici une rude baftonnade aux valets pareffeux : quoi qu'il en foit, revenons à la fuite de notre voyage.

De Javarabat nous allâmes à Kom " comme nous l'avons dit. En y allant nous paffâmes au pied de la fameuse montagne nommée Telefme, que le peuple appelle Quidenquilme; c'est-à-dire, Qui y monte n'en descend pas. Les habitans nous raconterent que Eba-Abbar y fit monter quatre foldats qu'on ne revit plus ; & que de trois valets de pied que Cha-Soliman y fit monter, il n'en revint qu'un feul qui mourut incontinent après.

Il y a quelque tems que

la

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