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Cet illuftre Vicaire Apoftolique, qui avoit l'honneur d'être parent du Pape, prévint le Pere de la Maze, & lui offrit fes fervices. Il défira même qu'il fe tînt toujours auprès de fa perfonne, & voulut bien lui demander fon avis dans diverfes affaires importantes. Ce Prélat fit fon entrée à Hifpaham, avec une fi grande magnificence, qu'on ne fe fouvenoit pas d'en avoir jamais vû une qui pût lui être comparée. Le Roi lui donna le lendemain fa premiere Audience, avec des marques éclatantes de fon eftime, & de fa confidération. Le repas, felon la coutume, fuivit l'Audience publique. Dans ce repas, qui dura prefque deux heures, le Roi, & tous les Seigneurs de fa Cour avoient toujours les yeux fur l'Ambaffadeur. On étoit charmé de fon air de modeftie, joint

à une phyfionomie auffi avenante, qu'elle étoit pleine de dignité. Pendant fon féjour à la Cour le Roi voulut l'entretenir fou vent, & il en faifoit l'éloge dans toute occafion.

Ses affaires étant finies, il demanda fon Audience de congé,& ce fut à regret que le Roi la lui accorda. Ce fut dans cette Audience, qu'il fupplia Sa Majesté de nous accorder la permiffion d'agrandir notre Eglife à Chamaké, & d'y pouvoir continuer nos fonctions avec liberté. Le Roi accorda cette grace, non feule-. ment fans peine, mais même avec tout l'agrément poffible, & nous en fit expédier des Lettres Pa

tentes.

Après cette derniere Audience, l'Archevêque d'Ancyre fe difpofa à partir pour les Indes, & chargea le Pere Elie, Evêque

d'Hifpaham, Religieux de l'Ordre des Carmes Déchauffés, de porter les réponses du Grand-Sophi. Ces deux Prélats partirent en même tems. L'Evêque d'Hif paham prenant fa route par Chamaké, le Pere de la Maze, qui devoit retourner à fa miffion, prit congé de l'Archevêque d'Ancyre fon infigne bienfaiteur, & fuivit le Pere Elie.

Nous avons le Journal du retour de ce Pere Millionnaire;mais comme il fit la même route, qu'il avoit tenue en venant à Hifpaham, & fon Journal d'ailleurs ne nous apprenant rien de nouveau, on fe difpenfe de le rapporter. Il partit d'Hifpaham pour Chamaké, le 14. Septembre 1699. Il dit dans fon Journal, qu'étant à Kom, ils allerent voir les Sépulchres des derniers Rois de Perfe. C'eft, dit-il, un fuperbe édifice divifé en plusieurs

plufieurs appartemens, & placé au milieu d'un beau jardin où il y a quantité de grenadiers chargés de grenades groffes comme la tête d'un homme. On nous fit entrer, ajoûte le Pere, dans deux grandes falles voûtées, où étoient dans chaque falle deux ou trois tombeaux élevés de terre de plus de trois pieds, longs de fept & larges de quatre, couverts de tapis très-précieux.

Nous ne pûmes fçavoir fi ces tombeaux renfermoient le corps de quelques-uns des Rois de Perfe; car on dit communément à Hifpaham, qu'à la mort du Roi on fait trois cercueils parfaitement femblables., dont l'un est porté à Kom, un autre à Meched, & un autre à Ardebit, & qu'on ne fçait point dans lequel des trois cercueils le corps du Roi eft renfermé.

Tome III

X

Nous fumes furpris, ajoûte le Pere de la Maze, en entrant dans les deux falles, d'entendre une efpéce de mufique. Nous vîmes quinze Moulas qui tenoient l'Alcoran en main, & qui étoient rangés le long des murailles. Le plus jeune chantoit des airs d'une voix très-forte & très-harmonieufe, & on l'entendoit avec plaisir. On ne ceffa pas de chanter tant que nous fumes dans les falles; mais en for tant, ces Moulas se présenterent à nous, & nous firent bien payer la mufique que nous avions entendue.

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