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Les Evêques font leur réfiden ce ordinaire dans les Monaftères, & y vivent en Communauté avec les Moines. Leur revenu confifte dans les aumônes & dans les revenans-bons qu'ils exigent pour les Ordinations, & pour les fecondes. Nôces. Ils ne portent point la Croix fur la poitrine, comme nos Evêques; mais ils ont la Mitre, l'Anneau, & la Croffe.

Les Vertabiets, ou Docteurs tiennent un grand rang dans l'Eglife d'Arménie. Ils ne font point de difficulté de prendre le pas fur les Evêques, qui n'ont pas le dégré de Docteur. Ils portent la Croffe, & ont une Miffion générale, pour prêcher par-tout où il leur plaît. Plufieurs font Supérieurs de Monaftères, & les autres courent le monde, débitans leurs Sermons, que les peuples écou tent avec respect.

Pour avoir & porter ce titre honorable de Vertabiets, il ne leur en coûte que d'avoir été difciples d'un Vertabiet: Celui qui l'a une fois acquis, le communique à autant d'autres de fes difciples qu'il le juge à propos. Lorfqu'ils ont appris le nom des Saints Peres, quelques traits de l'Hiftoire Eccléfiaftique, fur-tout de ceux qui ont rapport à leurs opinions erronées, c'en eft affez; les voilà des Docteurs confommés.

Au refte, ces Vertabiets fe font rendre un grand refpect: ils reçoivent étant affis, les perfonnes qui les vont voir, fans en excepter même les Prêtres. On s'avance modeftement vers eux pour leur baifer la main ; & après s'être retiré à trois ou quatre pas, d'eux, on fe met à genoux pour recevoir leurs avis. Les beaux endroits des Sermons qu'ils font au

peuple, font des hiftoires fabuleufes, fouvent mêlées d'invecti ves contre les Latins; leur morale tend ordinairement à entretenir des pratiques fuperftitieufes, telle qu'eft celle de facrifier des animaux,

Tous les Prêtres féculiers font Curés fi plufieurs deffervent une même Eglife, la Paroiffe fe partage entr'eux. Ils font mariés avant que de recevoir l'Ordina tion.

Pour ce qui eft de leur science, comme ils fortent ordinairement de la lie du peuple, elle ne va guère plus loin qu'à fçavoir lire couramment le Miffel, qui eft en Arménien littéral, & à entendre les Rubriques.

Toute leur préparation pour recevoir l'Ordre de la Prêtrife, fe termine à demeurer quarante jours dans l'Eglife; le quarantié

me jour ils difent la Meffe; elle eft toujours fuivie d'un grand feftin, pendant lequel la Papadie, c'eft-à-dire, la femme du nouveau Prêtre, demeure affife fur un efcabeau, les yeux bandés, les oreilles bouchées, & la bouche fermée, pour marquer la retenue qu'elle doit avoir à l'égard des faintes fonctions où fon mari va être employé. Chaque fois qu'un Prêtre doit dire la Meffe, il paffe la nuit précédente dans l'Eglife : fi l'Eglife a plufieurs Prêtres, l'Hebdomadaire y paffe toutes les nuits de fa femaine.

Les Prêtres ne fe croient point obligés au Breviaire hors du Choeur; les plus réguliers fe contentent de réciter tous les jours quelque partie du Pseautier. Le Pleautier, l'Antiphonaire, le Lectionnaire, les Hymnes & les Profes, font autant de livres féparés,

& notés pour le chant par des points fur les voyelles. Dans le cours de l'année, les Prêtres ne vont à l'Eglife que le matin pour les Matines, & le foir pour les Vêpres.

Pendant le Carême ils y vont encore à midi: bien que Matines fe difent à une ou à deux heures avant le jour, il ne laiffe pas de s'y trouver un affez grand nombre de féculiers.

Tout le peuple chante; les jeunes gens qui apprennent à chanter dès leur enfance, mêlent leurs voix avec celles de leurs peres & meres; mais ce qui eft infiniment édi fiant, c'eft de voir la modeftie que tous obfervent dans leurs exercices de Religion, & dans les lieux faints.

Lorfque les enfans ont appris à lire, leurs Maîtres d'Ecole les préfentent à l'Evêque; l'Evêque

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