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un abrégé. Au reste, comment les sciences n'auroient-elles pas fructifié dans un pays où elles étoient en honneur, où elles conduisoient au consu lat (a), et où un principal avoit trente-six mille livres de notre mon noie d'appointemens (b)?

Les vainqueurs, autant par politique que pour le bon ordre, divisèrent cette vaste contrée en dix-sept provinces (c),

(a) Ausone, professeur de Bordeaux et précepteur de l'empereur Gratien, fut honoré du consu lat sous le règne de ce prince, et fut son collègue; Fronton, professeur de Clermont, fut consul sous Antonin; Tyran, professeur de Besançon, le fut sous Hadrien; Exupère, professeur de Narbonne, fut gouverneur d'Espagne.

(b) Les appointemens d'Eumenes, professeur d'éloquence et principal des écoles d'Autun, montoient à trente-six mille livres de notre monnoie.

(c) Les capitales de ces dix-sept provinces étoient Lyon, Rouen, Tours, Sens, Besançon, pour la Celtique; Bourges, Bordeaux et Auch, depuis la destruction d'Eaulse, pour l'Aquitanique; Trèves et Reims, pour la Belgique; Mayence et Cologne, pour la Germanique; Narbonne, Aix, Vienne, Embrun et Tarantaise, pour la Narbonnoise.

qui eurent des magistrats chargés de veiller au bien des peuples et à l'administration de la justice. Des légions, distribuées sur la frontière et dans l'intérieur, devoient dissiper les révoltes au-dedans, et protéger l'état audehors. Les Gaules, en cet état, furent formidables et heureuses.

En enfans reconnoissans, nous sommes obligés de convenir que nos ancêtres dûrent beaucoup aux Romains: ils les firent jouir des avantages des sciences et des arts, et des douceurs de la société; ils les délivrérent du joug d'une religion sombre et cruelle, et des mains sanguinaires de ses ministres, qui se jouoient de leurs biens, de leur liberté et de leur vie. Mais, comme s'il étoit de la destinée de

l'homme de ne pouvoir jouir parfaitement, et que le bien dût être toujours empoisonné par le mal, les dons précieux de ces conquérans n'en furent pas exempts. Sous prétexte de protéger

leurs nouveaux sujets, ils les faisoient gémir sous le fardeau excessif des impôts, et les abandonnoient aux vexations de leurs partisans et de leurs officiers. On verra à quel degré le mal étoit parvenu à l'arrivée de Julien, et on jugera du poids insupportable des subsides, lorsqu'on saura que les Gaules seules furent taxées à quatre cents mille sesterces sous Auguste; tribut qui, selon Velleius Paterculus, égaloit presque celui du reste de l'empire (a). La justice étoit ruineuse pour ceux qui la sollicitoient, et les oracles de Thémis se ressentoient de la corruption de ses ministres.

Les biens que les Gaulois tenoient des Romains, s'étoient effacés de leur mémoire. Les sciences et les arts les

(a) Le P. Bertholet, dans son histoire du Luxembourg, l'évalue à seize millions huit cents mille livres. Quelque considérable que fût cette somme, elle fut doublée au second dénombrement fait par Drusus.

ayant rendus plus sensibles et plus délicats, leur systême politique ne leur parut plus qu'une tyrannie; leurs officiers, des partisans avides; et leur administration, un gouvernement oppresseur, qui, dans le désespoir de conserver plus long-tems ses sujets contre ses nombreux ennemis, les pilloit luimême. La haîne fermentoit dans les cœurs; et au moment où leur foiblesse se manifesta, le mépris s'y joignit. Delà le mécontentement, les vœux sourds pour changer de domination. Ce fut dans ces circonstances favorables que Theudemer ou Théodemir, premier roi des Francs dans les Gaules, vint se présenter à leurs portes. Nous allons rendre compte auparavant des évènemens qui précédèrent l'arrivée de ce prince, et de la part qu'y eurent les Francs.

DES FRANCS,

JUSQU'AU PREMIER ROI

RÉGNANT DANS LES GAULES.

L'EMPIRE Romain couvroit la terre de sa puissance : les peuples échappés au glaive du vainqueur, s'étoient retirés à son extrémité. Là, semblables à des bêtes féroces qui veulent forcer une enceinte, ils étoient perpétuellement sous les armes; frémissant de rage, ils menaçoient Rome du fond de leurs déserts: dans ces retraites, ils formoient leurs cœurs à la haîne, leurs corps aux fatigues, et forgeoient les armes qui devoient affranchir l'univers, et rompre ses chaînes. Quelque grand que fût ce dessein, quelque nombreux que fussent ces peuples, ils ne

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