Avec EPA PH U S. Je n'en veux point faire du tout gens comme vous d'une obfcure naissance; Sçavez-vous à qui vous parlez? Et quel rang tient ici celui qui vous écoute? MOM U S. Şi je ne le fçai pas tout au moins je m'en doute. Au moment que je vous cajole ; Mon cher, quand on extravague» MOM U S. Doucement, mon cher, j'incague De plus grands Seigneurs que vous. Eût-on la foudre en main comme l'a votre pere» On n'eft point à l'abri de mes traits mordicans: Malgré moi dans ma bouche il vient des mots piquans A quoi les fots n'échapent guére. Les plus déterminés devant moi font émûs: Et fi vous connoiffez Momus ; C'est Momus qui vous en affûre. EPA PH US. Quoi, vous êtes Momus ! vous ? MOMU S. Oui, moi; pourquoi non! EPA PH U S. Ce Dieu qui fans ceffe contrôle? Qui ne voit rien de bien ? ne trouve rien de bon MOMU S. Oui juftement. C'eft moi qui fuis ce Dieu fi drôle, EPA PH US. Pardon, fi j'ai trouvé votre début fufpect, Votre Divinité ne m'étoit pas connue. MOMU S. Couvrez-vous. Quoique Dieu, je fuis peu circons spect; Vous pouvez me parler fans être tête nuë. Je hais les grands Seigneurs dont le farouch afpect Imprime tant de crainte & tant de retenuë, Qu'on croit leur manquer de refpect Lors qu'on touffe & qu'on éternue, EPA PHUS. Aucun Char n'a dans l'air marqué votre venuë, J'étois envelopé dans une épaiffe nuë, Ne me crût un mets fuculant; Et que de cette erreur fon ame prévenuë, Choifi par Jupiter, foi difant votre pere..... EPA PH U S. Comment ? foit difant? Ma colere Si vous n'étiez un Dieu, vous feroit repentir MOMU S. En Dieu de bonne foi je dois vous avertir n'ai pas deffein d'offenser votre mere: Mais comme je fuis fincére Que je J'appréhende de mentir, Combien fur les deux Hémisphères Voit-on d'enfans éclore à chaque pas, Dont force honnêtes gens s'ofent dire les peres Qu'on fait bien qui ne le font pas ? Revenons à notre matiére. Choifi par Jupiter je defcends ici bas D'entre vous & le fils du Dieu de la lumiére, Que Phaéton eft pacifique, La jaloufe Junon fut d'abord contre vous; Venus, qui dans le cœur garde un fecret dépit Dans une amoureuse avanture, Parla long-temps pour vous en termes obligeans Mais elle eût mieux fait de fe taire, On fçait que Venus d'ordinaire Ne prend pas le parti des plus honnêtes gens, Pallas, qui fans amour paffe fon plus bel âge, Pour avoir trop d'efprit & trop peu de beauté; Qui veut qu'à toute outrance une fille foit fage Par le chagrin qu'elle a de l'avoir trop été 2 Pour vous punir du penchant de vos Meres Friandes autrefois de larcins amoureux Dit qu'il falloit à tous deux Vous donner les étriviéres. Je deviendrois prolixe, & peut-être ennuyeux De vous représenter que l'air eft une route, On ne trouve aucun cabaret Où l'on puiffe boife une goute : Et du ciel jufqu'ici le chemin eft fi long Et fongez que je fuis un Dieu de bonne chére. Eh! les Dieux mangent-ils ? j'ai toujours cry que non : Et que tout le Nectar & toute l'Ambrofie Dont on dit que là-haut chacun fe raffafie Etoient des alimens moins d'effet que de nom, Je ferai ravi de connoître Que je me trompois fur ce point, MOMUS. |