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Peut-être auffi s'en inquiéta-telle à cause de la menace que lui avois faite de fortir de chez elle, fi elle me chagrinoit davantage; ma pension étoit bonne à confer

ver.

A qui en avez-vous donc ? me dit-elle, comme vous voilà muete & penfive? Eft-ce que vous avez du chagrin? Oui, Madame, vous m'avez mortifiée, lui répondis-je, fans la regarder.

Quoi! vous fongez encore à cela? reprit-t-elle; Eh! mon Dieu Marianne, que vous êtes enfant ! ! Qu'est-ce donc que je vous ai dit? Je ne m'en fouviens plus Eft-ce que vous croyez quand on eft en colere, qu'on va éplucher fes paroles? Eh! pardi, ce n'eft pas pour piloguer qu'on vit ensemble, Hé bien, j'ai parlé un petit brin de Monfieur de Climal; eft-ce cela qui vous fâche,à cause que c'eft lui qui prend foin de vous, & qui fait votre dépenfe? Eft-ce-là tout? Gageons

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parce que vous n'avez ni pere ni mere, que vous avez crû encore que je penfois à cela? car vous êtes d'un naturel foupçonneux, Marianne, vous avez toûjours l'efprit au guet; Toinon me l'a bien dit & fous pretexte que vous ne connoiffez point vos parens, vous allez toûjours vous imaginant qu'on n'a que cela dans la tête. Par hazard, hier avec notre voifine, nous parlions d'un enfant trouvé qu'on avoit pris dans une allée, vous étiez dans la falle, vous nous entendîtes; n'allâtes - vous pas croire que c'étoit vous que nous difions? Je le vis bien à la mine que vous fiftes en venant, & voilà que vous recommencez encore aujourd'huy? Et je prie Dieu que ce foit là mon dernier morceau, fi j'ai non plus pensé à pere & mere, que s'il n'y en avoit jamais eu pour perfonne ? Au furplus, les enfans trouvés, les enfans qui ne le font point, tout cela fe reffemble, & fi on mettoit

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là tous ceux qui font comme vous, fans qu'on le fçache, s'il falloit que le Commiffaire les emportât, où diantre les mettroit-il? Dans le monde on eft ce qu'on peut, & non pas ce qu'on veut. Vous voilà grande & bien faite, & puis Dieu eft le pere de ceux qui n'en ont point, Charité n'eft pas morte. Par exemple, n'eft-ce pas une Providence que ce Monfieur de Climal? Il est vrai qu'il ne va pas droit dans ce qu'il fait pour vous, mais qu'importe, Dieu méne tout à bien ; fi l'homme n'en vaut rien, l'argent en eft bon, & encore meilleur que d'un bon chrétien, qui ne donneroit pas la moitié tant. Demeurez en repos, mon enfant, je ne vous recommande que le ménage. On ne vous dit point d'être avaricieuse ; voilà que ma fête arrive, quand ce viendra la vôtre, celle de Toinon; dépenfez alors, qu'on se régale, à la bonne heure, chacun en profite: mais hors cela, & dans les jours II. Partie.

I

de carnaval où tout le monde fe réjoüit, gardez-moi votre petit fait. Elle en étoit là de fes leçons, dont elle ne fe laffoit pas, & dont une partie me fcandalifoit plus que fes brufqueries, quand on frappa à la porte. Nous verrons qui c'étoit dans la fuite; c'eft ici que mes Avantures vont devenir nombreuses & intereffantes je n'ai pas encore deux jours à demeurer chez Madame Dutour, & je vous promets auffi moins de reflexions fi elles vous fâchent ; vous m'en direz vo tre fentiment.

Fin de la feconde Partie de la Vie de Marianne

J

'Ai lâ

par ordre de Monfeigneur lo Garde des Sceaux, un Manufcrit, intitulé, La fuite de Marianne. FAIT à Paris ce quinze Janvier 1734.

Signé, SAURIN.

PRIVILEGE DU ROT.

OUIS, par la grace de Dieu, Roi de France

:

lers, les Gens tenans nos Cours de Parlement Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Senechaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT. Notre bien amé PIERRE PRAULT, Libraire & Imprimeur à Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il fouhaiteroit imprimer ou faire imprimer & donner au Public, un Ouvrage qui a pour titre: Les Oeuvres du Sieur de Marivaux, La Vie de Marianne, &c. s'il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffaires; offrant pour cet effet,de le faire imprimer en bon Papier & beaux Caracteres, fuivant la Feüille imprimée & attachée pour modéle fous le contre Sce: des Prefentes: A CES CAUSES, voulant favorablement traiter ledit Expofant,Nous lui avons permis & permettons, par ces Prefentes, de faire imprimer ledit Ouvrage ci-deffus fpecifié, en un ou plufieurs Volumes, conjointement ou feparément, & autant de fois que bon lui femblera a

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