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à la difpofition du premier apparte ment, & dans une armoire pratiquée dans l'enfoncement d'un mur, on y a trouvé un manufcrit en plufieurs cahiers contenant l'Hiftoire qu'on va lire, & le tout d'une écriture de femme. On me l'apporta, je le lûs avec deux de mes amis qui étoient chez moi, & qui depuis ce jour-là, n'ont ceffé de me dire qu'il falloit le faire imprimer : je le veux bien d'autant plus que cette Hiftoire n'intereffe perfonne. Nous voyons par la date que nous avons trouvé à la fin du manufcrit qu'il y a quarante ans qu'il eft écrit ; nous en avons changé le nom de deux perfonnes dont il y eft parlé, & qui font mortes. Ce qui eft dit d'elles eft pourtant très-indifferent; mais n'importe,il eft toujours mieux de fupprimer leurs noms.

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Voilà tout ce que j'avois à dire: Ce petit préambule m'a paru néceffaire, je l'ai fait du mieux que j'ai pû, car je ne fuis point Auteur, & jamais on n'imprimera de moil que

Cette vingtaine de lignes - ci. Paffons maintenant à l'Hiftoire: C'eft une femme qui raconte fa vie, nous ne fçavons qui elle étoit ; C'eft la Vie de Marianne, c'eft ainsi qu'elle fe nomme elle-même au commencement de fon Hiftoire; elle prend enfuite le titre de Comteffe, elle parle à une de fes amies dont le nom eft en blanc, & puis c'eft tout.

Q

UAND je vous ai fait le récit de quelques accidens de ma vie, je ne m'attendois pas, ma chere amie, que vous me prieriez de vous la donner toute entiere, & d'en faire un livre à imprimer ; il eft vrai que l'Hiftoire en eft particuliere, mais je la gâterai fi je l'écris, car où voulezvous que je prenne un style.

Il eft vrai que dans le monde on m'a trouvé de l'efprit : mais, ma chere, je crois que cet efprit- là n'est bon qu'à être dit, & qu'il ne vaudra rien à être lû.

Nous autres jolies femmes, car

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ette vingtaine de lignes - ci.
Pallons maintenant a l'Hiftoire:
une femme qui raconte fa vie,
sus ne fçavons qui elle étoit ; Ceft
•F're de Marianne, c'eft ainsi qu'e le
comme elle-même au commen-

sament de fon Hiftoires elle prend fuite le titre de Comtesse, elle le à une de fes amies dont le nom en blanc, & puis c'eft tout.

UAND je vous ai fait le récit de quelques accidens de ma e, je ne m'attendois pas, ma chere *, que vous me prieriez de vous anner toute entiere, & d'en faire vre à imprimer ; il eft vrai que oire en et particuliere, mais je serai fi je lecris, car où voulezs que je preane un ftyle. letra e dans le monde on veit: mais, ma checrois que cet efprit-là n'est quatre 2, & qu'il ne vaudra

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j'ai été de ce nombre, personne n'a plus d'efprit que nous,quand nous en avons un peu ; les hommes ne fçavent plus alors la valeur de ce que nous disons; en nous écoutant parler ils nous regardent, & ce que nous difons, profite de ce qu'ils

voyent.

J'ai vu une jolie femme, dont la converfation paffoit pour un enchantement, perfonne au monde ne s'exprimoit comme elle, c'étoit la vivacité, c'éroit la fineffe même qui parloit : les connoiffeurs n'y pouvoient tenir de plaifir. La petite verole lui vint, elle en refta extrêmement marquée ; quand la pauvre femme reparut, ce n'étoit plus qu'une babillarde incommode: voyez combien auparavant, elle avoit emprunté d'esprit de fon visage! Il fe pourroit bien faire que le mien m'en eût prêté aufsi dans le tems qu'on m'en trouvoit beaucoup. Je me fouviens de mes yeux de ce tems-là, & je crois qu'ils avoient plus d'efprit que moi.

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