페이지 이미지
PDF
ePub

cause des premiers mots; ou la grande doxologie, c'est-à-dire, la grande glorification, par opposition à la petite doxologie, qui est le Gloria Patri et Filio et Spiritui sancto.

Les quelques détails qui précèdent suffiront à nous faire considérer cette hymne comme l'une des plus vénérables prières de l'antiquité ecclésiastique, une prière dans laquelle l'âme du fidèle trouvera une expression vraie de sa dévotion à Dieu le Père et à Jésus-Christ, Seigneur et Dieu, Sauveur et Rédempteur, qui est venu apporter à la terre le salut, victime dont le sang efface les péchés et qui réconcilie l'homme avec Dieu.

CHAPITRE XII

LE TE DEUM

Le thème liturgique du Te Deum est à peu près le même que celui du Gloria in excelsis : louange à Dieu dans le ciel par les anges, et sur la terre louange à Dieu par les hommes; louange au Christ, Fils éternel du Père, qui s'est fait homme, qui a vaincu la mort et ouvert le ciel, qui est assis à la droite du Père et viendra juger les vivants et les morts. O Christ, ayez pitié, sauvez votre peuple!

Mais si le thème est le même, on perçoit dès l'abord dans la forme du Te Deum une couleur moins archaïque. Les titres si usités aux premiers siècles, d'Agneau de Dieu, de Seigneur, de Père tout-puissant, ne se rencontrent pas ici comme dans le Gloria in excelsis; non pas que l'on y ait renoncé ou qu'ils ne soient plus en usage, mais on sent que ces expressions se présentent maintenant moins fréquemment à l'esprit. Les termes Toi Père éternel,... Toi Fils éternel du Père, sont une allusion à l'arianisme qui niait par ses conséquences la paternité éternelle du Père aussi bien que la filiation éternelle du Fils. L'expression Tu as pris l'humanité, qui fut changée plus tard, nous ramène aussi au Ive ou au ve siècle. Enfin l'énumération du chœur des apôtres, des prophètes, de

l'armée des martyrs, est un indice du culte rendu aux apôtres, aux prophètes et aux martyrs. C'est un signe des temps; nous sommes à tout le moins au milieu du ur° siècle ou aux environs du ïve (1).

C'est donc vers cette époque qu'il faut chercher l'auteur de cette hymne. On a raconté longtemps que lorsque saint Augustin eut été baptisé à Milan par saint Ambroise, tous deux, transportés d'un saint enthousiasme, commencèrent à chanter les louanges de Dieu, et l'un répondant à l'autre, verset par verset, ils composèrent ce cantique. Mais ce récit, fondé sur une chronique de peu de valeur historique et d'une époque très postérieure, est désormais abandonné par les critiques.

On a cherché d'un autre côté et l'on a nommé tour à tour un moine du ve siècle, du nom de Sisebut, Nicetius, évêque de Trèves, au milieu du vie siècle, ou Abundius, évêque de Côme, et Nicetas, de Remesiana, tous deux du v° siècle (2). C'est en faveur de ce dernier que semblent maintenant incliner davantage les critiques. Dans tous les cas, dès le vie siècle, saint Benoît dans sa règle prescrit de réciter le Te Deum à la fin de l'office de nuit; saint Césaire d'Arles le fait réciter le dimanche, avec le Gloria in excelsis, à la fin de Laudes (office du matin) (3).

Il est devenu par excellence le chant de l'action de

(1) Cf. Le passage de saint Cyprien, de mortalitate: «illic apostolorum gloriosus chorus, illic prophetarum exultantium numerus, illic martyrum innumerabilis populus »>.

(2) Cf. Usserius, de symbolo; G. Morin, Revue bénédictine, 1890, p. 151-159, 1894, p. 49 et 337, et 1897, p. 390; le Dictionary of hymnology, au mot Te Deum, p. 1119-1130.

(3) L'antiphonaire de Bangor le donne aussi à Laudes; les psautiers du 1x siècle le donnent avec les autres cantiques du matin, sous le titre Hymnus in die dominica ou Laus angelica.

grâces et a pris place à la fin de plusieurs fonctions solennelles, et dans toutes les circonstances où l'on veut remercier Dieu solennellement pour les bienfaits reçus.

Le Te Deum mérite bien la place que l'Église lui a faite au milieu des chants de sa liturgie, digne par la pureté et la hauteur de son inspiration des plus beaux psaumes de David. C'est en effet un psaume qui chante non plus seulement la gloire de Dieu, considéré dans son unité, ou la gloire du Messie à venir; c'est un psaume à la louange de Dieu Père éternel, et du Fils de Dieu, sauveur et rédempteur des hommes, en union avec l'Esprit-Saint. Le Père dans le ciel, le Fils sur la terre, sont unis dans une même louange.

En latin, langue originale de l'hymne, les répétitions: Te, Tu, Tibi, donnent une grande force à l'affirmation. Ces sentences courtes, serrées, accumulées, ce ton direct, cette apostrophe de l'âme à Dieu, cette énumération rapide des grandeurs de Dieu, de ses bienfaits, de l'œuvre du Christ, frappent vivement l'esprit et rendent bien l'expression de l'âme humaine courbée, anéantie devant la majesté de Dieu, saisie d'admiration, mais en même temps relevée et confiante dans les humiliations du Fils et l'œuvre de la rédemption. Encore une fois c'est le vrai et pur sentiment chrétien qui est fait de l'admiration et de la crainte du roi-prophète, devant la grandeur de Dieu, unie à la confiance dans le Christ.

La conception théologique est ici d'une extrême simplicité. Les discussions d'école, nous l'avons dit, s'y reflètent à peine; quand l'âme est ainsi emportée par la contemplation, les bruits de la terre n'arrivent plus à son oreille. Ce sont en somme les mêmes

affirmations que dans le Credo: Dieu, Père éternel, qui remplit le ciel et la terre de la majesté de sa gloire; le Christ, Fils unique et éternel de Dieu, avec l'Esprit saint et consolateur; le Fils qui a pris l'humanité, qui a vaincu la mort, qui a ouvert le ciel, qui est assis à la droite du Père, qui jugera les hommes, qui a racheté ses serviteurs avec son sang et leur donnera le ciel.

Par l'énumération des anges: A toi tous les Anges, à Toi les Cieux et tous les Pouvoirs, le Te Deum se rapproche de la finale ordinaire des préfaces: Celui que louent les Anges, qu'adorent les Dominations, devant qui tremblent les Pouvoirs, tandis que l'invocation: Sanctus, Sanctus, Sanctus, est la reproduction bien connue du Trisagion de la messe (1).

Malgré divers emprunts faits aux liturgies grecques, il est certain, comme nous l'avons dit, que le Te Deum est originaire d'Occident et qu'il a été composé en latin (2). Dans tous les cas, ceux qui pensent que l'origine de cette hymne est grecque, n'ont pas encore trouvé l'original.

Voici le texte tel qu'il est officiellement reçu dans l'Eglise (3);

1. Nous Te louons comme Dieu.

2. Nous Te confess ons comme Seigneur.

3. Toute la terre Te vénère, Toi Père éternel.

4. Tous les Anges, les Cieux et tous les Pouvoirs célestes,

(1) Il y a quelques autres emprunts; les dix premiers versets sont empruntés à l'hymne eucharistique de la liturgie de Jérusalem; les versets 11, 12, 13, 24, 25, 26, sont inspirés du Gloria in excelsis. Quelques versets sont empruntés aux psaumes. (2) Sur l'emploi du Cursus dans le Te Deum et les remarques à en tirer, cf. Revue critique, 1893, 1, 192.

(3) Pour les textes et variantes, cf. Warren, édition de l'Antiphonaire de Bangor, p. 32 et 93.

« 이전계속 »