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rejetèrent ce point de la doctrine catholique, qui avait jusqu'alors été admis, même dans l'Église grecque. Depuis ce temps, aucun argument n'a pu les convaincre, et cette église continue à enseigner que le Saint-Esprit procède seulement du Père (1).

Telle que nous l'avons donnée, la formule de NicéeConstantinople est devenue officielle et liturgique. Elle a été introduite à certains jours à la messe, en particulier le dimanche et pour les grandes solennités. Elle a, dans certaines églises, été substituée pour le baptême au symbole des apôtres (2).

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3. Le symbole de saint Athanase. Ce symbole, dit de saint Athanase, qui commence par ces mots : Quicumque vult salvus esse, n'est guère moins fameux que le précédent.

Son origine est obscure. Il est admis par tous les critiques aujourd'hui que saint Athanase n'en est pas l'auteur. Il y est fait allusion si formellement aux erreurs de Nestorius et d'Eutychès, qu'il faut chercher la date de sa rédaction après les conciles d'Ephèse et de Chalcédoine, 431 et 451. On a mis en avant les noms d'écrivains du ve siècle ou même du vre: Vigile de Tapse, Nicetius de Trèves, Vincent de Lérins, Nicetas, etc. Jusqu'ici la discussion ne paraît pas encore close. Quel qu'en soit l'auteur, il est certain que plusieurs de ces articles se retrouvent dans des écrivains antérieurs. Par sa forme et sa rédaction, ce symbole ne res

(1) Il a paru de nombreuses thèses sur ce sujet ; nous nous contenterons de renvoyer à Franzelin, Examen doctrinae... de processione Spiritus, Rome, 1876, et de Buck, Essai de conciliation sur le dogme de la procession, Paris, 1864.

(2) Cf. Suiceri, Symbolum Niceno-Constantinopolitanum expositum et illustratum, 1718; Swainson, The Nicene and apostólic creeds, 1875.

étudiés jus

semble pas à ceux que nous avons qu'ici. C'est moins un symbole qu'une exposition théologique de la foi. Comme tel il peut être rapproché de plusieurs autres expositions de même genre qui ont été éditées dans les anciennes liturgies ou dans les conciles. Mais il eut une tout autre fortune, comme nous le dirons tout à l'heure.

Au premier abord, on y distingue deux parties; et cette division est si visible que quelques critiques y ont vu deux symboles différents simplement juxtaposés, ou deux compositions de deux auteurs, celui de la première partie vers la fin du ve siècle, et celui de la seconde du vir au IX.

La première partie est dirigée contre les erreurs ariennes. La Trinité des personnes divines dans l'unité de nature ou de substance y est très clairement enseignée. Égalité parfaite des trois personnes, égalité de leurs attributs, dans l'unité parfaite, c'est ce que proclament hautement ces formules: Tel le Père, telle Fils, tel l'Esprit-Saint; infini est le Père, infini le Fils, infini l'Esprit-Saint.

Mais en même temps que l'unité parfaite, la distinction des personnes divines y est clairement établie; le Fils est né du Père, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. C'est, on le voit, un exposé succinct mais très fidèle, très précis, presque scolastique du dogme de la Trinité; il faut adorer l'unité dans la Trinité, la Trinité dans l'unité.

La seconde partie vise les erreurs nestoriennes et eutychiennes. Il y a dans le Christ deux natures, la nature divine et la nature humaine; les Eutychiens prétendaient que dans le Christ la nature divine avait absorbé la nature humaine. Mais ces deux natures sont

réunies en une seule personne, la personne du Verbe qui possède les deux natures. Nestorius enseignait qu'il y a dansle Christ deux personnes juxtaposées, unies seulement moralement.

Ainsi le Christ est Dieu et en même temps homme parfait, complet, sans confusion de nature et de substance. A la suite de cet énoncé, à partir des mots qui passus est, le rôle du Christ sur la terre, sa passion, sa mort, sa descente aux enfers, sa résurrection, son ascension, son dernier avènement, sont décrits conformément aux formules ordinaires des symboles.

Il est probable que le Quicumque avait été composé, ainsi que les autres professions de foi dont nous avons parlé, comme préparation au baptême. On l'a récité dans toutes les églises, y compris l'Église grecque, qui, pour le mettre en conformité avec ses croyances, l'a interpolé (1).

L'église anglicane l'a aussi maintenu dans son Prayer book, par une de ces contradictions si fréquentes dans sa liturgie, et l'un des 39 articles qui fixent la foi de cette église en prescrit l'usage. Mais l'édition en 1876 par Walter Gray Birch du fameux psautier d'Utrecht a soulevé de nombreuses discussions, qui ne sont pas encore apaisées, parmi les membres de cette église, au sujet de la légitimité de cette formule fameuse.

(1) Sur ce symbole, voir surtout les travaux de Ommanney: Athanasian creed, an examination of recent theories respecting its date and origin, London, 1875, et A critical dissertation on the Athanasian creed, Oxford, Clarendon Press, 1897, in-8°; Dictionary of christian biography, vo Creed (avec les références) et Dictionary of Christian antiquities, v Quicumque. Usher et Bingham, 1. c.; Morin, Revue bénédictine, 1895, p. 389, et 1898, p. 101; Batiffol, Histoire du bréviaire, p. 181.

Le chrétien aimera à répéter ces symboles de foi qui lui rappelleront les vérités que Notre-Seigneur est venu annoncer à la terre, que l'Église conserve ici-bas et qui seront l'objet de sa contemplation durant l'éternité. Au milieu de ce sable mouvant des opinions contemporaines où aucune doctrine ne peut s'établir solidement, le roc de notre foi demeure comme au premier jour; vingt siècles de controverses et d'hérésies n'ont pu l'ébranler ; le chrétien sera heureux de s'y appuyer; à toutes les négations, à toutes les nouveautés, il opposera cette règle de foi qui sera pour lui la pierre de touche de la vérité, comme elle l'a été pour les générations qui l'ont précédé ; c'est elle qui depuis les apôtres, en tout pays, sous toutes les latitudes, a conservé l'unité de la doctrine catholique.

CHAPITRE XIV

LA PRIÈRE DES MARTYRS ET DES PREMIERS CHRÉTIENS

Le Christ avait dit à ses disciples: « Lorsque vous serez livrés aux rois et aux présidents, ne vous préoccupez pas de ce que vous avez à dire, car je vous donnerai une sagesse et une parole à laquelle ne pourront pas résister vos adversaires (1). »

Cette prophétie s'est vérifiée à la lettre ; il y a dans les actes authentiques des martyrs des réponses qui touchent au sublime. Parfois aussi les martyrs au milieu de leurs tourments prononcent des prières qui, si nous ne nous faisons illusion, peuvent prendre rang parmi les plus belles qui soient sorties de la bouche des hommes. Ils ont tout sacrifié pour le Christ, ils ont déjà répandu pour son amour une partie de leur sang, la mort va les frapper, déjà ils étendent la main pour saisir la palme du martyre; il semble que déjà ils voient Dieu. Quel accent dans ces prières !

Commençons par celle de saint Polycarpe, évêque de Smyrne au 11° siècle, dont le martyre a été raconté par les contemporains (2):

(1) Luc, xx1, 15.

(2) Son martyre eut lieu en l'an 155; les actes sont d'une autorité incontestée. Cf. Allard, Histoire des persécutions, I, 297.

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