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La suivante est à la gloire des martyrs et des confesseurs:

«Telle est notre bienheureuse Eglise, que l'éclat de la gloire céleste illumine. et qu'illustre en nos temps le sang des martyrs ! Blanche comme la neige par les bonnes œuvres des frères, elle est devenue brillante comme la pourpre par le sang des martyrs: parmi les fleurs qui font son ornement, les lis se mêlent aux roses. Que tous s'efforcent donc aujourd'hui d'acquérir l'éclat de ce double honneur; qu'ils méritent des couronnes blanches par leurs bonnes œuvres, ou des couronnes de pourpre par leur martyre. Dans les milices célestes la paix et la guerre ont leurs fleurs, dont le soldat du Christ est couronné pour la gloire (1). »

Au milieu des nombreuses prières que l'on peut lire dans les ouvrages de saint Augustin, nous ne citerons que la suivante, qui termine plusieurs de ses

sermons:

<< Tournons-nous vers le Seigneur Dieu et Père tout-puissant, et d'un cœur pur, autant que le peut notre petitesse, rendonslui des actions de grâces sincères; prions de toute notre âme son extraordinaire mansuétude, afin qu'il daigne exaucer nos prières selon son bon plaisir; qu'il repousse notre ennemi par sa puissance loin de nos actes et de nos pensées, qu'il augmente notre foi, qu'il gouverne notre esprit, qu'il nous donne des pensées spirituelles, et qu'enfin il nous conduise à sa béatitude, par Jésus-Christ son Fils. Amen (2). »

Voici, dans un auteur à peu près inconnu du vie siècle, une oraison très courte, mais d'une forme achevée, une vraie perle liturgique, comme on l'a dit. Elle est sous cette forme brève, rythmique, lapidaire, si nous osons le dire, qui est devenue le moule dans lequel

(1) Ep. vi, P. L., t. IV, p. 255. Nous donnons dans l'eucologe le texte original de ces deux dernières prières.

(2) Sermo CLXXXII in Script. ; cx, n. 15, etc. P. L.,XXXVIII,

c. 994.

ont été jetées, en Occident, un si grand nombre d'oraisons. Rien n'est plus rare dans la liturgie antique qu'une oraison de ce modèle datée et localisée :

« Illuminez, Seigneur, l'aveuglement de notre cœur, afin que nous voyions ce qui est digne, et que nous évitions ce qui est indigne (1). »

Nous terminerons par ces versets que saint Didier, évêque de Cahors au vII siècle, fit graver sur des vases d'autels et qui ont trait au sacrifice de la messe :

« La vie de Didier, c'est le Christ.

« O Christ clément, accueille le don de Didier.

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Reçois, 6 Christ, les présents de Tes présents qui Te sont offerts (les présents que nous tenons de Toi) (2).

<< O Dieu saint, accueille le présent que porte Didier et ajoute à ses forces, afin qu'il en apporte encore de meilleurs. « Le sage s'exprime en peu de paroles (3). »

(1)« Illumina, Domine, nostri cordis obtutus, ut quæ digna sunt videamus, quæ autem indigna, vitemus. » Nous avons déjà cité cet auteur, Verecundus, qui a été édité par le cardinal Pitra, Spicil. Solesm., IV, 48.

(2) Tua ex tuis, est une vieille formule très souvent usitée, surtout dans les liturgies orientales.

(3) Desiderii vita Christus.- Desiderii, Tu pius Christe, suscipe munus. -Accipe, Christe, munera de tuis tibi bonis oblata. Suscipe sancte Deus, quod fert Desiderius munus, ut majora ferat viribus adde suis. Sapiens verbis innotescit paucis. (Vita S. Desiderii, c. Ix. Cf. Labbe, Nova biblioth. manuscr. I, 705, et Le Blant, Reale Accademia dei Lincei, séance du 16 décembre 1888.)

CHAPITRE XV

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LA GENÈSE DES LIVRES LITURGIQUES; LEUR CONTENU.
MISSEL, LE BRÉVIAIRE, LE PONTIFICAL, LE RITUEL
CÉRÉMONIAL DES ÉVÊQUES, LE MARTYROLOGE.

LE

LE

A quelle époque les prières et les rites de la liturgie. furent-ils écrits ? C'est une question que l'on a beaucoup discutée autrefois. Plusieurs auteurs et non des moindres, comme Pinius, Renaudot, Lebrun, Mabillon lui-même, pensent qu'avant le Ive ou même le ve siècle, il n'y eut pas de liturgie écrite. Cette thèse a été très combattue; on a cherché dans les auteurs des trois premiers siècles des textes qui prouvent qu'il y eut des livres et des recueils liturgiques rédigés avant cette époque. Aujourd'hui cette dernière assertion n'est plus contestable; il suffit de citer les canons de saint Hippolyte et la Doctrine des apôtres pour prouver l'existence de formulaires liturgiques antérieurement au Ive siècle. Deux récentes découvertes nous ont rendu un rituel du Ive siècle et un autre livre de même genre antérieur à cette date (1).

Ce qui paraît certain, c'est que, tout à l'origine,

(1) Pour les détails, nous renvoyons à Probst, Liturgie der 3 erst. Jahrh., et Die ältesten römischen sacramentarien u. ordines. Nous donnerons dans l'eucologe un extrait du pontifical de Sérapion, et un autre du Testamentum D. N. J. C.

on n'eut pour la liturgie d'autres livres que ceux de l'Ancien et du Nouveau Testament, qui n'étaient pas encore réunis en un volume unique, comme aujourd'hui. Les livres de Moïse, les psaumes, les prophètes, les évangiles, les épîtres des apôtres, formaient autant de recueils séparés. On choisissait l'un ou l'autre de ces livres, suivant les circonstances, pour des lectures; on désignait les psaumes à chanter; puis des prières étaient improvisées par le pontife ou par les prêtres, ou bien une homélie était faite pour expliquer un des passages de la Bible que l'on venait de lire. La bibliothèque liturgique était donc primitivement réduite à sa plus simple expression; une Bible eût suffi à tout. Mais le développement des cérémonies liturgiques amena un développement parallèle des livres. Voici comment on peut se figurer la genèse de cette bibliothèque liturgique qui, au moyen âge, se développa au point de devenir la branche la plus importante de l'industrie du livre, et qui aujourd'hui encore forme la principale richesse de nos dépôts manuscrits.

Tout d'abord pour la messe. Les oraisons qui sont dites par le prêtre et composent aujourd'hui le canon, furent probablement rédigées de bonne heure ; il est certain qu'elles remontent à la plus haute antiquité; elles sont, pour une partie, la reproduction des paroles de Notre-Seigneur et du récit évangélique de la cène (1).

C'est aussi à l'époque la plus antique que doit remonter la rédaction de listes de noms que l'on vou

(1) Dom Guéranger indiquait comme date le e siècle ou la première partie du siècle; l'abbé Duchesne donne le ve comme la date la plus tardive de rédaction.

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lait recommander aux prières de la communauté, ou de saints que l'on invoquait; ces litanies ou ces diptyques entrèrent de bonne heure dans le canon de la messe, mais on les récitait aussi à d'autres offices (1). Saint Cyprien demande dans ses lettres qu'on lui envoie ces listes. Les oraisons du canon et les diptyques paraissent donc bien vraisemblablement le premier monument liturgique écrit.

D'autres prières se disaient à divers moments durant la messe. Ces oraisons, d'abord improvisées, furent bientôt rédigées afin d'aider ceux que l'inspiration ne secondait pas suffisamment, ou encore pour empêcher qu'on ne s'écartât d'un thème convenu. On trouve déjà de ces formules dans la Doctrine des apôtres, et dans les Constitutions apostoliques. On appela ces recueils livres des mystères, et plus tard Collectaires ou Sacramentaires, qui servaient aux prêtres seuls et ne contenaient que les oraisons et les préfaces qu'ils devaient lire ou chanter.

Les lecteurs et les chantres avaient aussi besoin de livres pour les parties de la messe dont l'exécution leur était confiée. Aux chantres furent réservés les livres dits graduels, qui, outre les chants de ce nom, contenaient les traits, les alleluias, les offertoires et les communions; plus tard, après l'introduction des proses ou séquences à la messe, ils eurent le prosaire, tropaire, ou séquentiaire; les lecteurs avaient un livre contenant les prophéties et les autres livres de l'Ancien Testament, et pour le Nouveau Testament, les Actes des apôtres et leurs lettres; on l'appela l'épistolier

(1) C'est ce que nous appelons aujourd'hui le Memento des vivants et le Memento des morts.

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