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modifié et élargi; puis le dimanche était le jour du grand événement qui avait définitivement fondé le christianisme et l'Église, le jour de la résurrection du Christ; c'était le premier jour de la semaine, celui où avait été créée la lumière; tout se réunissait pour lui donner une place à part. Tout cela y contribua; peutêtre même y faut-il chercher des raisons plus naturelles. La réunion chrétienne se tenait le jour du sabbat au soir, comme dans la synagogue; on y priait, on y prêchait ; après cela avait lieu la fraction du pain; la cérémonie s'achevait à l'aurore, le dimanche. La synaxe liturgique ou eucharistique se fit donc le dimanche matin ; cela devint une coutume chrétienne. Le dimanche fut le jour liturgique par excellence; il devint ainsi le centre de la semaine, son pivot liturgique, et les autres causes afdant, il remplaça le sabbat. Il fut appelé le jour du Christ, le jour du Seigneur, xupιax, c'était sa fête (1).

Il ne fut d'abord qu'un jour de prière; quand il eut été complètement substitué au sabbat, il devint aussi un jour de repos, le sabbat chrétien, un jour où le travail des mains était interdit, comme il l'avait été au jour du sabbat; mais cela n'advint que plus tard.

C'est ainsi que le dimanche, par le moyen du sacrifice chrétien, est entré, en quelque sorte, dans le sang des générations, et les efforts qu'on a faits pour transformer la semaine chrétienne, et substituer au dimanche un autre jour, ont misérablement échoué; la coutume universelle a emporté ces faibles barrages

(1) Cette explication m'est suggérée par dom Cagin, dont j'ai cité plusieurs fois déjà les beaux travaux liturgiques. Le fameux texte des Actes (xx, 7 seq.) vient en effet à l'appui de cette hypothèse.

comme des fétus et repris son cours. Le dimanche reste pour tous, même pour ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne, un jour de repos, de recueillement et de joie.

Pour les chrétiens que les affaires ou l'insouciance entraînent pendant les six jours de la semaine, le dimanche, avec l'assistance à la messe, est comme le dernier souvenir de la liturgie primitive. Puissentils y demeurer fidèles; puissent-ils consacrer au moins ce jour de la semaine à servir Dieu, qu'ils oublient trop les autres jours; puissent-ils se retremper au contact de la prière antique dans la piété de leurs pères!

Le samedi,qui par suite de cette substitution perdait toute son importance, lutta quelque temps, et l'on retrouve dans l'ancienne liturgie des traces de sa position privilégiée. Dans certaines liturgies, par exemple dans les rites monastiques rappelés par Cassien, le samedi est encore un jour férié, célébré presque aussi solennellement que le dimanche, avec le service eucharistique et un office spécial (1).

Mais il ne garda même pas longtemps cette dernière place, il en fut, et cela dès les premiers siècles, évincé par deux autres jours, le mercredi et le vendredi, qui eurent eux aussi un service particulier. Ce furent des jours de pénitence, de jeûne, que l'on appela jours de stations; il y eut aussi, ces jours-là, des réunions, et souvent célébration solennelle de la messe. L'importance attachée à ces deux jours n'est certainement pas d'origine juive, car les Juifs pieux célébraient par le jeûne et la prière deux autres jours, le lundi et le jeudi.

(1) Même souvenir dans la Peregrinatio Silviæ, et en général dans les liturgies orientales.

Tout ce qu'on peut dire, c'est que la coutume chrétienne à laquelle nous faisons allusion remonte très haut; la Doctrine des apôtres (commencement du Ie siècle), le Pasteur d'Ilermas (même époque), Clément d'Alexandrie et Tertullien, parlent du mercredi et du vendredi comme de jours consacrés par les chrétiens à la prière et à la pénitence (1).

Le souvenir de la mort de Notre-Seigneur, un vendredi, et celui de sa trahison, un mercredi, devaient certainement marquer pour les chrétiens pieux ces deux jours d'un caractère de tristesse et de deuil.

Quantau samedi, il devint aussi dans l'usage romain un jour de jeune et de pénitence, mais on n'y célébrait pas de messe; c'était ce qu'on appelait un jeune de superposition, une suite du vendredi.

Telle est l'antique semaine liturgique. Le mercredi, le vendredi et le samedi ont perdu pour beaucoup de chrétiens leur signification; le niveau qui a passé sur eux, comme sur tant d'autres coutumes, les a réduits à la condition des autres jours. Cependant l'institution des Quatre-Temps a conservé les reliefs de la semaine. antique.L'obligation du jeûne tombe sur ces trois jours. L'usage de l'abstinence le vendredi et même le samedi a aussi en partie subsisté, et durant le Carême, l'abstinence même du mercredi.

Mais c'est surtout dans la liturgie que l'on trouve des traces du culte primitif et des réunions du mercredi et du vendredi. Si l'on veut chercher dans nos missels ou dans nos antiphonaires les plus anciennes.

(1) Duchesne, Origines du culte, p. 218-220.

messes et les plus anciens offices, surtout en Carême, c'est à ces jours qu'il faut aller; on y lira souvent les antiennes, les leçons, les oraisons composées pour ces anciennes synaxes. Les plus anciens lectionnaires et les évangéliaires ont aussi des leçons spéciales pour le mercredi et le vendredi de toute l'année.

CHAPITRE XVIII

L'ANNÉE CHRÉTIENNE

I

FORMATION DU CYCLE LITURGIQUE

Le premier astre qui parut au ciel liturgique, ce fut la fête de Pâques. Sous ce titre à l'origine on comprenait non seulement la fête de la résurrection du Sauveur, mais la passion et la mort du Christ; ces trois jours étaient donc d'abord comme une fête unique ; on disait quelquefois la pâque de la passion, la pâque de la crucifixion, et la pâque de la résurrection; ce n'était en réalité qu'une seule et même pâque (1). L'anniversaire de ces grands jours s'imposait d'autant plus à l'attention des chrétiens, que la fraction du pain qui se renouvelait au moins une fois par semaine, en était déjà la commémoraison. Au fond la cène eucharistique n'était-elle pas la pâque, le souvenir de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur? C'est pourquoi, disons-nous à la messe, nous, vos ser

(1) Πάσχα σταυρώσιμον, πάσχα ἀναστάσιμον ; quelquefois même toute la semaine de la passion est appelée Pâque et n'est considérée que comme une seule fête.

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