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réservant de le faire dans un chapitre spécial sur la sanctification des éléments (1).

Nous dirons peu de chose de la lecture des prophéties; ces lectures entremêlées d'oraisons et de traits sont, comme celles du Vendredi saint, un des plus anciens types de la Vigile. Elles avaient pour objet principal l'instruction des catéchumènes; plusieurs sujets des fresques des Catacombes sont empruntés à ces lectures et prouvent combien elles étaient populaires; ce sont du reste quelques-unes des plus belles pages de l'Ancien Testament: la création, le déluge, le sacrifice d'Abraham, le passage de la mer Rouge, la vision d'Ézéchiel, la prophétie de Jonas, et les trois enfants dans la fournaise.

La bénédiction des fonts avait sa place marquée au Samedi saint, puisque c'est durant la nuit que les catéchumènes recevaient le baptême. On peut citer ces prières parmi les plus remarquables du formulaire chrétien. Quoi de plus expressif que ce trait tiré du psaume 41 pour peindre les désirs des catéchumènes qui ont aspiré pendant tout le Carême après la cérémonie du baptême :

« Comme le cerf aspire après les sources d'eau vive, ainsi mon âme aspire après Toi, ô Dieu!

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Mon âme a soif du Dieu vivant : quand viendrai-je, et quand apparaîtrai-je devant la face de Dieu ?

«Mes larmes ont été mon pain du jour et de la nuit, tandis qu'on me dit chaque jour où donc est ton Dieu ? »>

La messe n'a pas d'introït. Elle commence, conformément au rite antérieur au ive siècle, par les litanies qui y sont conservées dans leur intégrité avec toutes

(1) Ch. XXIV.

les invocations. La messe présente peu de particularités remarquables, sauf que les vêpres, fort abrégées, ont pris place immédiatement après la communion (1). 6. Le cinquantenaire de Pâques à la Pentecôte, ou temps pascal. << Additionnez toutes vos fêtes, dit Tertullien aux païens de son temps, vous n'arriverez pas au cinquantenaire de la Pentecôte (2). » Ces quelques semaines étaient en effet considérées primitivement comme une seule fête, fête joyeuse, toute pleine de l'allégresse de la résurrection et du triomphe du Christ. La liturgie du temps n'a plus la richesse de celle du Carême; il n'y a plus d'office que pour le dimanche. Les prières liturgiques font encore allusion à ces néophytes qui ont reçu le baptême à Pâques, et à la transformation qui s'est opérée en eux. La coutume de lire les Actes des apôtres à ce moment est fort ancienne, attestée déjà au Iv° siècle ; en effet, les premiers chapitres des Actes sont consacrés au récit de ce qui est advenu après la résurrection du Sauveur jusqu'à la Pentecôte. L'Ascension a de bonne heure pris la place qui lui revenait, dix jours avant la Pentecôte (3).

A peu près à la même époque a été instituée une solennité qui a quelque peu modifié le caractère du temps pascal et qui constitue une curieuse innovation liturgique. Vers le milieu du ve siècle, Claudien Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, pour écarter les fléaux qui désolaient son pays, prescrivit

(1) Pour le détail cf. Dom Guéranger, la Passion et la Semaine sainte.

(2) De Idol. c. xiv.

(3) Vers le commencement du ve siècle probablement. Cf. Paléographie musicale, 1897, p. 102.

trois jours de jeûne et de pénitence, avant la fête de l'Ascension. On faisait une procession chacun de ces trois jours, en chantant des litanies, c'est-à-dire ces prières de supplication dont nous avons parlé. C'est une solennité toute française, qui fut adoptée par les autres contrées d'Occident. On appelle ces trois jours les Rogations.

7. Le temps après la Pentecôte. - Nous n'ajouterons rien à ce que nous avons dit sur le caractère composite et varié de cette saison liturgique. Dès le vire ou VIIIe siècle, on s'est efforcé de lui donner plus de cohésion et d'unité. On y lit d'importantes portions de l'Écriture sainte les livres des Rois, de la Pentecôte à août; les livres sapientiaux, en août ; en septembre, les hagiographes (Tobie, Judith, Esther, Job); en octobre les Machabées; en novembre les prophètes. Les séries d'oraisons et de lectures des messes du dimanche présentent aussi une belle suite d'enseignements pour le développement de la vie intérieure dans le chrétien (1).

(1) Cf, L'Année liturgique, Temps après la Pentecôte. Cette partie de l'ouvrage est due au R. P. Dom Lucien Fromage, qui a su continuer avec tant de fidélité les traditions de Dom Guéranger.

CHAPITRE XIX

LE CHRIST CENTRE DE LA LITURGIE

Jésus-Christ hier et aujourd'hui et lui encore dans les siècles. (Hebr. xiii, 8.)

De vieilles fresques des Catacombes nous montrent le Christ sous la forme d'un pasteur, au centre d'une voûte autour de laquelle sont représentées les saisons sous des figures symboliques. Qu'il y ait ici simple hasard d'un pinceau en quête d'un motif d'ornementation, ou intention symbolique, il est certain que ces peintures expriment une pensée profonde : le Christ est au milieu des temps, il est le centre de l'année liturgique. Comme nous l'avons montré plus haut, toutes les fêtes de l'année gravitent autour des deux grandes fêtes du Seigneur, Noël et Pâques, qui sont comme les deux pôles de l'année chrétienne. Entre ces deux termes extrêmes devaient naturellement prendre place les autres événements de sa vie mortelle :

L'Épiphanie, qui amène aux pieds de l'Enfant divin les mages de l'Orient et qui forme avec Noël la fête de la manifestation de Dieu à la terre ;

La Circoncision, qui met sur la chair du Sauveur le sceau du sacrement de l'ancienne alliance et verse les premières gouttes du sang rédempteur (1er janvier);

La Présentation de Notre-Seigneur au temple et la prophétie du vieillard Siméon, autrement dit la fète de la Purification de la sainte Vierge, au 2 fevrier;

L'Annonciation de l'ange à Marie (au 25 mars), qui est la première annonce, le premier son de cloche de la fête de Noël ;

L'Ascension, quarante jours après Pâques ;

Les fêtes de la Croix au 3 mai et au 14 septembre; Le baptême du Sauveur par saint Jean-Baptiste et le premier miracle à Cana (6 janvier) ;

Puis des fêtes moins anciennes : la Transfiguration au 6 août, le Précieux Sang, la fête du saint Nom de Jésus, la fête de l'Eucharistie ou Corpus Christi, et celle du Sacré-Cœur ;

Enfin des fêtes de composition plus moderne : la fête des Cinq Plaies de Notre-Seigneur, de la Lance et des Clous, du saint Suaire, etc.

Nous ne nous arrètons pas à expliquer le sens de ces fêtes ni à en décrire l'histoire, non pas que leur connaissance ne soit nécessaire à celui qui veut vivre avec l'Église sa vie de prière, mais parce que chacune a sa notice dans l'Année liturgique de dom Guéranger, et que nous supposons toujours ce livre précieux entre les mains de nos lecteurs (1).

Les autres fêtes de la sainte Vierge et des saints ne sont montées qu'après les fêtes de Notre-Seigneur sur le cycle liturgique et pour lui servir de satellites. « Réjouissons-nous dans le Seigneur (le Christ), dit

(1) En dehors de cet ouvrage, nous renverrcns au traité de Benoît XIV, de Festis D. N. J. C., traduit en français: Histoire des mystères et des fêtes de N.-S. et de sa sainte Mère, par l'abbé Pascal, Vivès, 1863, 2 vol.; ou au livre de Thomassin sur les fêtes, ou à l'excellent Kalendarium du Père Nilles.

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