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CHAPITRE XXVII

LA VIE NOUVELLE

(Baptême, confirmation, première communion.)

« Si quelqu'un ne naît pas une seconde fois de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume du ciel. »

(JOH. III, 5.)

Dans la haute antiquité chrétienne, le plus grand nombre de ceux qui entraient dans l'Église étaient des convertis, qui par suite recevaient le baptême à l'âge adulte.

Il fallait une longue préparation à ce sacrement, et il y avait dans l'année une époque fixée pour sa réception, la fête de Pâques ou celle de la Pentecôte.

Le fait que le baptême est reçu aujourd'hui par des enfants qui n'ont pas encore l'âge de raison, et qu'il peut être reçu tous les jours de l'année, a introduit. nécessairement dans la discipline certaines modifications assez importantes. La confirmation et la première communion qui suivaient d'ordinaire le baptême en sont séparées, et le temps de préparation au bap tême a été supprimé.

Mais ces modifications sont plus apparentes que

réelles. Rien ne se perd dans cette grande conservatrice qui est la liturgie catholique. Elle peut modifier les dispositions de l'édifice ancien, y ajouter quelques constructions nouvelles pour s'accommoder aux changements survenus dans les mœurs; mais dans ce travail de transformation, aucune des formes anciennes ne s'est perdue. Ainsi tout ce qui tenait à l'essence de l'initiation chrétienne, tout ce qui en faisait la beauté et la grandeur a subsisté. Seulement deux rites importants de cette cérémonie, la bénédiction de l'huile des catéchumènes et celle des fonts, ont été reportées l'une au jeudi saint, l'autre aux samedis de Pâques et de la Pentecôte; et tous les rites de la préparation, exorcismes, tradition du Pater et du Credo, interrogations, ont été réunis et condensés dans une cérémonie unique; tandis que la confirmation et la première communion en ont été détachées, et ont leur préparation à part.

Ferons-nous remarquer de nouveau que cette étude a son côté pratique ? Le chrétien d'aujourd'hui est soumis aux mêmes obligations par son baptême, il prend les mêmes engagements que le chrétien d'autrefois. Tua res agitur, christiane, c'est bien de toi qu'il s'agit ici, ô chrétien ! Le bras de Dieu ne s'est pas raccourci; les sources de la grâce jaillissent toujours aussi abondantes dans l'Église, le baptême continue à opérer ses effets dans le chrétien; et les dispositions requises dans le chrétien du ш ou du Ive siècle devraient être celles de tous les baptisés.

Le chrétien par le baptême entre dans une vie nouvelle; il est purifié de tous ses péchés, il devient enfant de Dieu, il entre dans l'Église qui est la société des élus, le ciel est son héritage.

Il faut donc se préparer à cette vie par une sorte de noviciat, c'est le catéchuménat. Il y avait deux catégories de catéchumènes : les écoutants, comme on les appelait, n'étaient pas soumis à toutes les sévérités de la loi chrétienne; ils vivaient néanmoins de la vie des fidèles et dans leur compagnie, assistaient à presque tous les offices, sauf la synaxe eucharistique, et jouissaient de tous les privilèges de la fraternité chrétienne. C'était une préparation éloignée au baptême. Ils pouvaient demeurer des années dans cette situation de demi-chrétiens. Quelques-uns même, par un calcul égoïste et souvent condamné par les Pères de l'Église, y restaient jusqu'à la fin de leur vie, pour bénéficier à ce moment de l'absolution baptismale.

Nous ne nous occupons ici que de la seconde catégorie, celle des catéchumènes compétents, qui après avoir fait un stage plus ou moins long dans la première classe, voulaient se préparer plus directement au baptême.

Au commencement du Carême, le catéchumène qui était dans ces dispositions venait à l'église accompagné de deux chrétiens qui répondaient de lui comme ses parrains.

L'évêque les interrogeait pour savoir si le candidat était de bonnes vie et mœurs, s'il respectait ses parents,si on ne lui connaissait pas de vices,si ce n'était pas par des vues intéressées qu'il demandait à entrer dans l'Église.

S'il est prouvé qu'il est honnête et que ses intentions sont droites, l'évêque prend son nom, et un prêtre l'inscrivait sur un registre qui contenait les noms de tous les chrétiens, et qui était précieusement conservé dans les archives de l'Église.

Cette démarche n'était pas sans gravité; le candidat qui se faisait ainsi inscrire s'exposait à un danger sérieux. Durant le temps des persécutions, on s'empara parfois de ces registres qui devinrent de vraies listes de proscription. Mais ce livre était aussi celui des élus ; le chrétien par son baptême est inscrit au livre de vie; il a son billet pour le ciel; il ne tient qu'à lui d'y entrer de plain pied et d'y prendre sa place, s'il ne déchire ou ne souille ce billet.

Aujourd'hui encore, quand on présente un enfant pour le baptême, son nom, selon l'ancienne coutume, est inscrit sur les registres de l'Église.

Chaque jour pendant le Carême les compétents devaient se présenter à l'église; on prononçait sur eux un exorcisme, pour chasser le démon qui par le péché possède leur cœur, puis on leur donnait une instruction sur les principaux passages de la Bible, on leur commentait le Pater, qui est la vraie prière du chrétien, et le symbole des apôtres, qui est le résumé de leur foi (1). Ces préparations duraient tout le temps du Çarême, et nous avons dit que la liturgie de cette époque garde de nombreuses traces de l'enseignement aux catéchumènes.

Toutes ces prescriptions sont encore observées aujourd'hui dans le rituel du baptême. Quand l'enfant est présenté à l'église, on pose cette question à laquelle répondent pour lui son parrain et sa marraine : «Que demandez-vous à l'Église de Dieu ? »

Ils répondent : « La foi et la vie éternelle. »

« Si tu veux avoir la vie, continue le prêtre, observe les commandements. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu,

(1) Peregrinatio Silviæ, p. 105; Cf. ci-dessus, p. 133 et 168.

de tout ton cœur, de toute ton âme, et ton prochain comme toi-même. »

L'enfant est marqué sur le front, comme autrefois le catéchumène, du signe de la croix, qui est le signe du Christ, le sceau de la Trinité. Le prêtre lui impose la main sur la tête, comme pour désigner à Dieu ce nouvel élu, en prendre possession en son nom et attirer la bénédiction divine sur lui.

«Dieu tout-puissant et éternel, dit-il, Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, jette les yeux sur ce serviteur un tel, que tu as daigné appeler à la foi; guéris la cécité de son cœur, romps tous les liens de Satan dont il avait été lié... Qu'il Te serve joyeux dans ton Eglise et avance de jour en jour dans la piété, par le même Christ Notre-Seigneur.

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Le sel qui est donné ensuite à l'enfant est aussi un rite antique, qui signifie, comme nous l'avons dit plus haut, la sagesse, la pureté et la santé rendues au cœur par le baptême.

Le parrain et la marraine récitent pour l'enfant le Pater et le symbole des apôtres.

Enfin on procède aux exorcismes. D'après la conception de l'Église, on sait que celui qui n'a pas encore reçu le baptême est, en vertu du péché originel, l'esclave de Satan. Il faut donc chasser de son âme cet esprit impur. De là les exorcismes qui étaient autrefois prononcés chaque jour du Carême sur les catéchumènes. Le prêtre souffle au visage de l'enfant comme pour chasser le démon et prononce ces paroles :

« Sors de lui, esprit impur, et cède la place à l'EspritSaint Paraclet...

« Je t'exorcise, esprit immonde, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, afin que tu sortes, que tu quittes ce serviteur de Dieu; car celui-là te commande, esprit maudit et damné,

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