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heureux, & s'il eft folide le rend parfaitement content; de forte que le plaifir eft le bien être, & l'amour du plaifir l'amour du bien être.

Or cet amour du bien être eft plus fort en nous que l'amour de l'être, & l'amour propre nous fait quelquefois defirer le non être, parce que nous n'avons pas le bien être. Cela arrive à tous les damnez, aufquels il feroit meilleur felon la parole de Je fus-Chrift, de n'être point, que diêtre auffi mal qu'ils font : parce que ces malheureux étant ennemis déclarez de celui qui renferme en lui-même toute la bonté, & qui eft la caufe feule des plaifirs & des douleurs que nous fonimes capables de fentir, il n'eft pas poffible qu'ils jouiffent de quelque fatisfaction. Ils font & ils feront éternellement miserables, parce que leur volonté fera toûjours dans la même difpofition, & dans le même déreglement. L'amour de foimême renferme donc deux amours l'amour de la grandeur, de la puif fance, de l'indépendance, & géné ralement de toutes les chofes qui nous paroiffent propres pour la confervation de nôtre être; & l'amour du

plaifir & de toutes les chofes qui nous font néceffaires pour être bien, c'està-dire, pour être heureux & contens.

Ces deux amours fe peuvent divifer en plufieurs manieres: foit parce que nous fommes compofez de deux parties differentes, d'ame & de corps, felon lefquelles on les peut divifer; foit parce qu'on les peut diftinguer ou les fpecifier par les differens objets qui nous font utiles pour nôtre conservation. On ne s'arrête ra pas toutefois à cela, parce que nôtre deffein n'étant pas de faire une Morale, il n'est pas néceffàire de faire une recherche & une divifion exacte de toutes les chofes que nous regardons comme nos biens. Ila feulement eté néceffaire de faire cette divifion pour rapporter avec quelque ordre les causes de nos erreurs.

Nous parlerons donc premierement des erreurs qui ont pour cause l'inclination que nous avons pour la grandeur, & pout tout ce qui met nôtre être hors de la dépendance des autres enfuite nous traiterons de celles qui viennent de l'inclination que nous avons pour le plaifir, & pour tout ce qui rend nôtre être le meil

De l'inclina

tron que nous

avons pour tout ce qui au-dessus des

nous éleve

Witres

leur qu'il puiffe être pour nous ou qui nous contente le plus.

CHAPITRE IV.

I. De l'inclination que nous avons pour tout ce qui nous éleve au deffus des autres. II. Des faux jugemens de quelques perfonnes de pieté. III. Des faux jugemens des fuperftitieux des hypocrites. IV. De Voet ennemi de M. Descartes.

OUTES les chofes qui nous donnent une certaine élevation au deffus des autres, en nous rendant plus parfaits, comme la fcience & la Vertir; ou bien qui nous donnent quelque autorité fur eux, en nous rendant plus puiffans, comnie les dignitez & les richeffes, femblent nous rendre en quelque forte indépendans. Tous ceux qui font au deffous de nous, nous révérent & nous craignent ils font toûjours prêts à faire ce qu'il nous plaît pour notre confervation, & ils n'ofent nous nuire ni nous réfifter dans nos defirs. Ainfi les hon mes tâchent toûjours de poffeder ces

avantages qui les élevent au deffus des autres. Car ils ne font pas réflexion, que leur être & leur bien être dépendent felon la vérité, de Dieu feul. & non pas des hommes; & que la véritable grandeur qui les rendra éternellement heureux, ne consiste pas dans ce rang qu'ils tiennent dans l'imagination des autres hommes, auffi foibles & auffi miferables qu'eux-mêmes, mais dans le rang honorable qu'ils tiennent dans la Raifon divine, dans cette Raison toute puiffante qui rendra éternellement à chacun felon les œuvres.

Mais les hommes ne défirent pas feulement de pofféder effectivement la fcience & la vertu; les dignitez & les richeffes, ils font encore tous leurs efforts, afin qu'on croye au moins qu'ils les poffèdent véritablement. Et fi l'on peut dire qu'ils fe mettent moins en peine de paroître riches que de l'être effectivement, on peut dire auffi qu'ils fe mettent fouvent moins en peine d'être vertueux que de le paroître car comme dit agréablement l'Auteur des Réflexions Morales; la vertu n'iroit pas loin, fi la Panité ne lui tenoit compagnie.

La réputation d'être riche, fçavant, vertueux, produit dans l'imagination de ceux qui nous environnent, ou qui nous touchent de plus prés, des difpofitions tres-commodes pour nous. Elle les abbat à nos pieds: elle les agite en nôtre faveur: elle leur infpire tous les mouvemens qui tendent à la confervation de nôtre être, & à l'augmentation de nôtre grandeur. Ainfi les hommes confervent leur réputation comme un bien dont ils ont befoin pour vivre commodément dans le monde.

Tous les hommes ont donc de l'inclination pour la vertu, la fcience, les dignitez, & les richeffes, & pour la réputation de poffeder ces avantages. Nous allons faire voir par quelques exemples comment ces inclinations peuvent les engager dans l'erreur. Commençons par l'inclination pour la vertu ou pour l'apparence de la vertu.

Les perfonnes qui travaillent fém rieufement à fe rendre vertueux, n'employent guéres leur efprit ni leur tems que pour connoître la Religion, & s'exercer dans de bonnes œuvres. Ils ne veulent fçavoir, comme faint

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