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Tel

que depuis long-tems mon foin te le ménage, Le Marquis, c'est l'Epoux que je t'ai destiné,

Eft tout exprès revenu de Bretagne. On a peint ta beauté fi parfaite à fes yeux,

Que dans l'ardeur qui l'accompagne,

Il a preffé fon retour en ces lieux.
Son Pere me l'écrit ainfi. L'amour, d'avance ....
LA COMTES.SE.
Mon Oncle, c'eft plûtôt un defir curieux
Qui caufe fon impatience;
Ce n'eft plus l'usage aujourd'hui
De s'enflâmer fur le rapport d'autrui,
Pour une Maîtreffe inconnuë;

Pour moi, qui fuis plus ingénuë,

J'avourai que le bien que l'on m'a dit de lui,
Ne m'a, jufqu'à préfent, que foiblement émuë.
Je n'en crois que mes yeux, ou plûtôt ma raifon;
Mou ame, en attendant, demeure fufpendue.

LE

COMMANDEU R.

Il va se rendre ici, tu changeras de ton;
Tu fais en vain la réfolue

Ma Niéce, il eft fait de façon

Qu'il te fubjuguera dès la premiere vûë.

A l'afpect d'un fi beau garçon, Tu voudras qu'au plûtôt l'affaire foit concluë: Adieu, je veux qu'Auteuil l'emporte fur Paris,

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Par la Fête & les Jeux que je vais faire éclore.

Je veux, pour réhauffer leur prix,

Que la Baronne que j'adore,

Depuis trente ans que j'ai l'honneur particulier
De me dire fon Chevalier,

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De fa préfence les honnore.

Je vole, de ce pas, la chercher à Passi ̧
Et je veux, avec elle, ouvrir le Bal ici.

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Il fort.

SCENE I I.

LA COMTESSE feule.

UN Hymen fi fubit m'inquiere & me trouble;

Je fçai que, du Marquis, le mérite eft vanté;
Mais ce mérite eft tel que ma crainte redouble.
On exagere fa beauté;

Par cet endroit, on le cite, on le nomme;
Qu'on dife fimplement d'un homme

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Qu'il eft bien fait, qu'il a l'air fin, fpirituel,
Ce portrait là prévient; mais que par préférence
On l'appelle le beau, le beau par excellence
C'eft l'éloge le plus cruel,

A mon gré, qu'on en puiffe faire :

Pour ces aimables-là, j'ai naturellement
Une haine particuliere,

Et qui dit beau, dit fot communément;
La plupart n'ont qu'un fentiment;
Celui de s'admirer, celui de fe complaire,
De s'aimer feuls fidélement ;

Et le Ciel, libéral avec jufte mesure,

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Ne les décore, & ne les enrichit Des agrémens de la figure, Qu'en rabattant fur les dons de l'efprit. Je tremble, dans le fond de l'ame,' Que ce Marquis charmant, qui va fe préfenter, Ne foit un fat, plus propre à coquetter, Qu'à faire dans le fonds le bonheur d'une femme: C'est un point capital, dont je veux m'éclaircir, Voyons mon Frere, il pourra me servic som Dans l'embarras où j'ai lieu d'être Et je vais le faire avertir

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Par Crifpin que je vois paroître,

L

SCENE III.

LA COMTE SSE, CRISPIN.

M

LA COMTESSE.

On Frere eft-il rentré ? je veux l'entretenir,
CRISPN.

Non, je l'attens, Madame, avec impatience;
J'ai de ancé fes pas par fon o.dre pressant ;
Je fuis furpris qu'il tarde tant:

Le bal qui l'attiroit avec toute la France,
A dû ceder la place au Soleil éclatant.

Comme il eft déguifé fous les traits d'une brune;
Peut-être a t'il trouvé quelque bonne fortune?
Mais on monte à grand bruit, & j'entens parler
haut.

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SCENE VI.

LA COMTESSE, DAMON déguisé en femme.

CRISPIN.

DAMON dans la Couliffe.

C Rifpin hola, coquin hola, maraut!

CRISPIN.

Oh! pour le coup, c'eft lui, le voilà qui m'appelle
Par mon nom propre, & par mes attributs;
Maraut, Coquin, ces mots défignent mes vertus..

Je cours..... Mais il prévient mon zéle.

DAMON rencontrart Crispin.

Que ne viens-tu, faquin, quand tu m'entens crier 2

CRISPIN.

J'allois, Monfieur....

DAMON.

Viens, fuis-moi, que je quitte
Tout cet attirail au plus vite;

Je fuis brifé, rompu par ce maudit panier.

LA COMTESSE.

Mon Frere, arrêtez-vous, que je vous examine: Comment! fous nos habits vous êtes tout au mieux.

J'admire vos bous airs, & votre bonne mine.

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