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deur & fon Intrépidité dans les Combats; fa Magnanimité, fa Bienfaifance au milieu des Conquêtes; fon Defintéreffement, fa Générofité; enfin fa Modération, qui vient de lui faire terminer la Guerre, où, fans vouloir un plus grand amas de Lauriers, Sa Majesté conferve la fraicheur de ceux qu'Elle a cueillis, fous les faifceaux d'Oliviers qu'Elle vient d'y joindre.

Cette Epitre Dédicatoire eft fuivie d'une courte Préface, qui contient quelques Remarques Préliminaires, & qui eft terminée par un Avertiffement dont il eft bon que le Lecteur foit informé. Ces Recherches, dit l'Auteur, font le fondement d'un autre Ouvrage, dont ,, elles feront bientôt fuivies. Ce font auffi des Recherches qui ont pour objets, les Pro"priétés, les Droits, & les Devoirs des Etres Moraux; les Attributs, les Droits, & les "Devoirs de Dieu; &, en particulier, la Na,, ture, les Droits, & les Devoirs de l'Hom

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L'Auteur entame fon Ouvrage par quelques Réfléxions qui l'ont porté à entreprendre ces Recherches, & par l'expofition du plan qu'il s'eft formé pour les faire. Delà il paffe à d'autres Réfléxions fur l'Instinct Phyfique & Moral, & fur les Caufes générales de l'Erreur. Commençons par donner une idée de ce qu'il dit fur l'Instinct.

L'ordre de la Nature fait voir qu'il y a, dans les Animaux, des difpofitions qui font telles, qu'on pourroit les regarder comme des gouts prévenans pour les chofes qui concernent leur confervation ou leur bien-être. C'eft ce qu'on

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qu'on nomme Instinct. A peine le Perdreau eft éclos, qu'il cherche dequoi fe nourrir, & qu'il diftingue le grain qui lui convient d'avec celui qui ne lui convient pas. De petits Canards fortant de la coque, où ils auront été couvés par une Poule, courent fe jetter dans l'eau, malgré tout ce que fait leur Mère adoptive pour les en empêcher, & qui n'ôfe les y fuivre. L'Enfant eft à peine né, qu'il fait tourner la tête vers le fein de fa Nourrice, & s'en faifir avec les mains & avec les lèvres, tenero fugens ore papillas. S'il en eft privé, non feulement il crie pour exprimer fes befoins, mais il fuce perpétuellement quelqu'un de fes doigts, comme pour faire connoitre par de nouveaux fignes ce qu'il defire. Lorsque la raison eft plus formée par l'expérience, cette même difpofition, qui la prévient, fubfifte toujours. Le fentiment des befoins n'eft point l'effet de la refléxion, ce n'en eft que la caufe. La foif, la faim, nous portent à boire & à manger. Une fituation, qui nous laffe, nous en fait prendre une autre, fans y penfer, du moins fans y réfléchir, cela fe fait même en dormant. Dans un faux pas, le corps fe porte, auffi promt qu'un éclair, à contrebalancer fa chute; & une fraieur violente & fubite, qui s'empare de toute la capacité de l'Ame, fait faire des chofes auxquelles on ne feroit jamais porté par la raifon, ou qu'on n'auroit pas fi bien exécutées par la réfléxion, que par le transport véhément qui les fait faire.

Tout cela ne regarde que le bien-être, ou la confervation du Corps. L'Ame, cette Subs

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tance penfante, qui doit même perfectionner l'Inftin&t, n'auroit-elle pas auffi des fentimens prévenans pour la connoiffance de la Vérité & des Actions morales d'où dépendent fa fatisfaction, fon bien-être, & fouvent le bonheur des Créatures qui l'environnent? N'y auroitil pas auffi un Inftinct pour ce qui regarde le Bien moral fi fupérieur au Bien phyfique? C'eft auffi ce qui paroit établi dans l'ordre de la Nature. L'Enfant ne parle pas encore, qu'il veut voir & connoitre. Il montre, par fon inquiétude & par fon attention, qu'il trouve du plaifir à aquérir des idées. Il ne fait pas ce que c'est que la Vérité, mais il la cherche, comme il fait le lait, qu'il veut boire & qu'il ne connoit pas. Si donc un Etre fenfible eft capable de fentimens, qui le déterminent pour ainfi dire aveuglément, il ne peut rien connoitre que par les différences qui diftinguent les chofes les unes des autres, ce qui fuppofe une comparaifon d'idées, de la réfléxion, & une règle pour juger de la Vérité. Cette règle ne peut être que l'évidence, qu'on fuit encore comme par inftin&t, puifqu'on la fuit fouvent fans avoir précisément examiné en quoi elle confifte. C'est ce qu'on voit dans les jeux des Enfans mêmes, ainfi que dans leurs Difcours. Cela fe voit encore dans l'hiftoire de prefque toutes les inventions qui regardent les Arts. Notre Auteur en donne des exemples auxquels nous envoyons.

Les Paffions ont corrompu ces bonnes difpofitions de la Nature. Ainfi l'erreur, l'excès, & l'injuftice fe font établies dans le monde.

L'a

L'amour de la Vérité s'eft bornée aux vraisemblances, loin de l'écouter dans le langage dè la Nature, on n'a plus écouté que l'erreur dans le langage des Paffions. L'Imagination eft une des principales caufes de cet égarement. C'est elle qui détourne l'efprit de la Vérité qu'il cherche, en lui préfentant un faux merveilleux dont il eft éblouï.

Non feulement l'Homme eft fujet à l'erreur, entant qu'Homme, mais il y eft doublement expofé entant que tel Homme. Sa formation, fa naiffance, fon éducation, fon age, fon païs, fes parens, fes connoiffances, fes études, fes emplois, tout peut lui être une caufe d'erreur, tout eft communément un piège à fes Paffions & à fa crédulité. Les qualités mêmes, qui font auffi aimables qu'eftimables, telles que l'amour de la Patrie, la foumiffion à ceux qui gouvernent, la tendreffe & le refpect pour fes Pères & Mères, la docilité pour fes Maitres, l'eflime pour la Vertu, l'efprit & les talens, la reconnoiffance pour les bienfaits, la compaffion pour ceux qui font perfécutés, l'amitié, la modeftie, la piété même, toutes ces chofes peuvent être des entraves qui empêchent d'aller à la Vérité.

Le Sophifme le plus dangereux eft celui qui vient de la Modeftie, fi bienféante à tous les Hommes, & qui porte fur-tout à la défiance de foi-même. Puis-je préfumer, dit-on, que tant de gens ayent cherché la Vérité fans la trouver, que mes Pères & mes Maitres l'ayent ignorée,& que je la découvre? Ai-je plus d'efprit que toute une Secte, ou que toute une Na

tion? Je ferai donc mieux d'adopter le fentiment de mes Maitres que de chercher à l'exa-, miner (a). Cette plaitante manière de raisonner peut être le langage de la Modeftie, mais c'eft auffi celui de la pareffe, du préjugé, & même de l'injuftice à l'égard de foi-même,. comme c'eft ordinairement un langage de récrimination, de malice, & de défaut d'évidence, dans ceux qui le tiennent contre les autres, & dont la conclufion, fi elle étoit jufte, ne tendroit qu'à la confervation des erreurs les plus monftrueufes. Car, quelles erreurs, quelque monftrueufes qu'elles ayent été, n'ont pas. été adoptées par des Sectes de Philofophes, & quelques-unes par des Nations entières! Joignez à cela, que, fuivant ce Sophisme, il n'y a que le prémier Homme, ou les prémiers. Hommes, s'il y en a eu plufieurs prémiers à la fois, qui ayent été en droit de rechercher la Vérité, & de décider en quoi elle confiftoit. Chaque Enfant a dû recevoir pour vraies les opinions de fon Père, quelque oppofées qu'elles ayent été entre elles, puifqu'il n'a pu fans préfomption fe croire plus raifonnable. Notre Auteur pouffe fort loin l'examen de ce Sophifme, & en fait voir, d'une manière fenfible, toute l'abfurdité & le ridicule.

Si l'on fuppofe, comme quelques-uns le prétendent en effet (b), qu'un feul prémier Hom

(a) On peut voir ce que nous avons déja dit fur cette efpèce de Sophifme dans la Partie précédente de cette Bibliothèque, pag. 238..

(b) Voyez ce que nous avons dit fur cette queftion

dans

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