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tion, & encore davantage celle de cette Fille qui aura la foibleffe de fuccomber à fes inftanCependant aucun de ces motifs n'est capable de le détourner de fon entreprise. Il préfère ce plaifir à tout autre avantage, & ne cherche qu'à faire une démarche que le feul Amour-propre lui fuggère.

Cette action eft-elle donc un Indice de Bienveillance, comme le foutient Mr. Cumberland, eft-elle faite par le defir de procurer le = Bien Commun? Les maux infinis, qu'entraine fouvent après elle cette Paffion, femblent prouver démonftrativement, qu'on ne s'y laiffe pas toujours aller par un motif de Bienveillance. Ecoutez fur cela Venette, qui avoit de l'Homme & de tous fes panchans, une connoiffance bien plus parfaite que notre bon Evêque, qui le repréfente toujours tel qu'il devroit être, & non tel qu'il eft. Les plus grands maux, dit ce Médecin (a), qui ar,, rivent aux Hommes, ne viennent ordinairement que de l'excès de l'Amour ou du Vin. Et, pour ne parler ici que du prémier, on doit avouer qu'il a des emporte,, mens, que les plus fages ont bien de la peine à retenir. Cette Paffion ne garde point de mefure; &, quand elle en garde, elle ceffe d'être appellée Amour. Rien ne s'op,,pofe à fa violence, tout lui obéit en nousmêmes & hors de nous-mêmes, & elle trouve autant d'efclaves qu'il y a d'Hom

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›, mes. (a) Voyez Venette, de la Génération de l'Homme, pag, 324, Edit. de 1696.

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mes. Ce n'eft point affez que de coucher une nuit ou deux avec une Femme, & de ,, jouir plus d'une fois avec elle des plaifirs de l'Amour; il faut encore que cela aille à "plufieurs Mois & à plufieurs Années de fui,, te, comme fi cette Paffion ne s'affouviffoit jamais mieux par aucune autre chose que », par elle-même. Ce n'eft pas dans cette ren,, contre qu'une action fouvent réitérée nous ,, déplait, & que notre délicateffe eft bleffée ", par le moindre objet dégoutant; fi cela ar,, rive quelquefois, l'Amour a tant d'adreffe ,, qu'il fait bientôt nous guérir de nos petits dégouts...... Cette Paffion corrompt notre "? efprit, abat notre courage, & empêche l'é

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lévation de notre Ame, témoin Salomon, ,, que l'Antiquité a furnommé le Sage, qui ,, perdit l'efprit par l'excès des divertiilemens avec les Femines; témoin encore les Sar", diens qui, ayant perdu leurs forces avec les Servantes des Smirniens, furent honteufement vaincus par leurs Ennemis".

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Eft-ce encore par le defir de procurer le Bien Commun de toute l'Espèce qu'un Homme fe livre aux plaifirs de l'Amour, pendant les neuf Mois de la Groffeffe d'une Femme, lors même qu'il n'ignore pas les dangers auxquels il expofe cette Femme & fon Fruit? Le plaifir, qu'il prend alors, lui eft bien plus fuggéré par l'Amour-propre que par un pareil defir. Mais que doit-on penfer de toutes ces Femmes qui fe prostituent, & qui mettent tout en œuvre pour faire périr le Fruit de leurs infames Amours. Leur but n'eft certainement pas

de

de procréer Lignée, ou de procurer le Bien Commun de toute l'Espèce.

J'ai bien de la peine à comprendre ce qu'ajoute Mr. Cumberland, lorsqu'il dit, que c'est fur la nature commune à tous les Animaux qu'eft fondé ce que l'on a remarqué,& fur quoi on a un grand nombre d'expériences, que les Hommes font plus amateurs de la Paix, quand ils ont des Enfans; que le panchant naturel à la Propagation de l'Espèce les dispose tous à aimer la Paix. Je ne fai fi je me trompe; mais il me femble que la maxime contraire est bien plus fuivie que celle-là. Un homme amoureux ne fauroit fouffrir de Rival, & devient bientôt l'ennemi de quiconque afpire à la poffeffion de l'objet de fes feux. L'Amour le rend foupçonneux, jaloux, & le difpofe à troubler la paix avec les égaux. Un Coq n'eft jamais fi méchant, fi hargneux, que lorfqu'il fe voit fur fon fumier, entouré d'une douzaine de Maitreffes, toutes foumises à fes volontés. Voit-il approcher de fon domaine, un Coq du voisinage, il marche fierement à fa rencontre, l'attaque en furieux, & quitte rarement le champ de bataille, qu'il n'ait remporté la victoire, ou que fon voifin ne l'ait forcé à fe retirer honteufement. Le Chien le plus fouple, & le plus fidèle, perd une partie du refpect qu'il avoit pour fon Maitre, dès qu'il devient amoureux. Le Moineau, dans le tems de fes Amours, trouve-t-il un Nid d'Hirondelle, propre à y établir la petite Famille dont il fait devoir être bientôt Père, il s'en Laifit, en qualité de plus fort, en défend l'enY 3

trée

trée à celle qui en avoit fait les fraix, & à qui il appartenoit de droit. Le Cerf eft naturellement timide & paifible, mais dès qu'il eft en rut, il devient redoutable à l'Homme même. Direz-vous, après cela, que le Panchant naturel à la Propagation de l'Espèce difpofe les Animaux à aimer la Paix. Vous voyez qu'il les rend plutôt méchans, furieux, voleurs, & difpofés à exciter le trouble & lá difcorde.

Je ne vois pas non plus que, ni les Hommes, ni les Animaux, foient plus amateurs de la Paix, quand ils ont des Enfans, que quand ils n'en ont point. L'expérience prouve fouvent le contraire, & à l'égard des uns & à l'é gard des autres. Un Prince, qui a groffe Famille, cherche d'ordinaire à la bien établir. Il place fes Filles comme il peut, en confultant bien plus fa gloire & fes intérêts, que leurs inclinations. A l'égard des Garçons, il y prend garde de plus près; il leur cherche quelque Souveraineté. Ne voulant point démembrer fes Etats, il jette les yeux fur ceux de fon Voifin, & lui fait demander s'il feroit difpofé à lui ceder, pour une certaine fomme, quelqu'une de fes Provinces: celui-ci répond qu'il regarde l'Héritage de fes Pères comme facré, & qu'il ne fauroit en rien ceder fans trop affoiblir fa Puiffance. Le Prince, Père de Famille, ne change pas, pour cela, de réfolution. Il fait chercher dans fes Archives; &, fe fondant fur d'anciennes Chartres, il entre à main arinée fur les Terres de fon Voifin. C'est ainfi que les Hommes deviennent fou

vent ennemis de la Paix quand ils ont des Enfans à établir..

Il paroit réfulter de tout ce que je viens de dire que l'Amour-propre, l'amour de notre être, de notre bien-être, eft en effet le prémier mobile de toutes nos actions. Confultez bien le Genrehumain, & vous verrez que tout fe raporte à ce grand Principe. Ileft la règle de l'honnête-Homme & du Fripon; mais avec cette différence que le Fripon n'en fait pas un bon ufage. On peut démontrer que, pour être véritablement heureux, il faut être honnête-Homme, rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu, & à César ce qui appartient à Céfar. L'Amour-propre bien reglé, bien entendu, nous dicte que nous ne devons pas faire à autrui ce que nous ne vou drigas pas qu'on nous fit. Malheureusement les Hommes ne font pas toujours un bon choix, quoiqu'ils fe conduifent tous par le même Principe. Deux Hommes fe mettent en chemin pour fe rendre au même Lieu : l'un prend une route, qui le fait tomber dans des précipices, tandis que l'autre prend la véritable route, qui le conduit furement au Lieu qu'il s'étoit propofé. Tous deux avoient le même but; mais l'un a fait un mauvais choix des moyens qu'il avoit pour y parvenir. Il en eft de même de toutes les autres rencontres de la vie, chacun cherche d'être heureux; mais, foit faute de lumière, foit faute de faire un bonufage de fa raifon, on s'égare, & on fe précipite dans l'abîme des plus grands maux. Je n'en dirai pas davantage fur cet article; & je laiffe au Lecteur à juger fi le fentiment de Hob beseft bien ou mal fondé.

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