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LELIO.

Mais encore, où font-elles, je vous

prie ?

TONTINE.

Elles fe promenent quelque part ici aux environs avec deux Officiers bien faits, qui font je crois leurs Amans.

LELIO.

Je ne raille point, Madame, je veux fçavoir où elles font.

TONTINE.

Et moi, Monfieur, je vous dis la pure verité.

LELIO.

Comment? mes filles fe promenent avec des Amans?

TONTINE.

Pourquoi non? Il n'y a aucun peril. Ce font de fort honnêtes Cavaliers, & 'eft ici l'ufage, il n'y a rien à dire à cela,

LELIO

Mais, Madame, encore un coup, il n'eft pas queftion ici de railler. Vous ofez me dire que mes filles fe promenent avec des Amans? à moi, qui fuis leur Pere, à moi?

TONTINE.

Oui, Monfieur, à vous-même. Pour quoi non è Elles font, je le repete ; aves

des Amans très polis & très fages: & comme je vous crois un Pere très raifonnable, j'efpere qu'ils feront de votre goût, & je tiens déja vos filles prefque mariées.

LELIO.

-O Ciel! Qu'entens-je ? En quelle maifon fuis-je tombé grands Dieux, en quelle maifon!

TONTINE.

Il eft vrai, Monfieur, que cette maifon-ci infpire furieufement les défirs du mariage.

LBLIO.

Quoi je ne la quitte qu'une matinée, & voilà déja trois filles à moitié mariées, en comptant Violette?

TONTINE.

Vraiment en une après-midi, il s' fait quelquefois bien d'autres mariages. LELIO.

Ah, malheureux! voila tes filles per duës. Pourquoi, pourquoi les ai-je amenées en France? Que ne mariois-je au moins l'aînée en Italie au Comte de Trinquemberg qui étoit un fi bon parti: j'au rois paré la moitié du malheur,

VIOLETTE,

Au Comte de Trin uemberg? Quoi Vous vous repentez de ne lui avoir pas

donné une de vos filles?

LELIO.

Eh oui, je m'en repens: mais trop tard, par malheur.

VIOLETTE.

Signora Tontine, faites avancer le Comte de Trinquemberg.

LELIO.

Comment ? Le Comte de Trinquemberg, qu'eft-ce que cela fignifie?

SCENE VII.

LE COMTE arrivant. Les Acteurs précedens.

LELIO.

Ais vraiment, je crois le voir luimême! Eft ce un enchantement? Y auroit-il ici de la forcellerie ? LE COMT E.

Monfeir,quanne che l'aprocheir de vous, che fente dans mon coeuir ein tremplement pen forte, il eftre toute plene d'ein crand timidement ; mais che'l pie de croire vous, que le tendreffe que che'l porte pour fon fille, Montamzelle Flami

nia, il eft auffi toute pleine de la crainte du refpect que je l'ai pour fon perfonne très hamplemanne.

LELIO.

Oui, Monfieur, je fçai que vous êtes un fort honnête homme, & que vous avez eu toûjours beaucoup de respect pour ma famille. Vous commencez à me raffurer un peu, & vous pouvez vous raffurer vous-même.

LE COMTE.

Monfeir, vous refuse à moi à Rome: filui donne moi fon fille à Paris, che l'être pen content de fte mariache afec ein Perfonage,che comme vous. Montamzele Flaminia l'eftre pen cholie. Moi point ridicule, point chaloux: lui fera pen fache, pen , pen fache femme. Je croye que nous faire toutes deux ein pon menagement,& vous l'arez auffi beaucoup du contentefort du contentemanne.

manne, pen

LELIO.

Nous parlerons de cela tout à l'heure ; mais où eft-elle, Flaminia?

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SCENE VIII.

FLAMINIA, & les Acteurs précedens.

FLAMINI A.

Caro Signor Padre. Je vous prie très-humblement de ne point fé

parer ce que le Ciel a voulu réunir par un coup fi extraordinaire. Vous vous êtes repenti de n'avoir pas conclu nótre mariage à Rome; ne vous expofez point à vous repentir une feconde fois. Ma fœur a trouvé par le même coup du fort, un Amant qui lui convient. Leur amour eft parvenu tout d'un coup au fupréme degré : en quoi il paroît encore que le Ciel les deftine l'un pour l'autre. Vous connoiffez fa famille : il eft même déja notre allié, permettez qu'il vous faffe la reverence.

LELIO

Un Amant dont je connois la famille, & qui eft déja notre allié ? Qui est donc cet homme-là?

FLAMINI A.

Paroiffez, s'il vous plaît, Monfieur le Chevalier de la Bastide.

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