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d'une miferable Bergere ! Réponds, ingrat; que lui trouves-tu de fi charmant? Parle.

ARLEQUIN feignant d'être retombé dans fa bétife.

Qu'est-ce que vous voulez !

LA FE'E.

Je ne te confeille pas d'affecter une ftupidité que tu n'as plus, & fi tu ne te montres tel que tu es, tu vas me voir poignarder l'indigne objet de ton choix.

ARLEQUIN vite & avec crainte. Eh! non, non, je vous promets que j'aurai de l'efprit autant que vous le vou

drez.

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Tu me verras mourir, moi, fi tu ne m'aimes.

ARLEQUIN en la flattant.

Ne foyez-donc point en colere contre

nous.

LA FEE en s'attendrijant.

Ah! mon cher Arlequin, regardemoi, repens-toi de m'avoir défefpérée, 'oublierai de quelle part t'eft venu ton

efprit; mais puifque tu en as, qu'il te ferve à connoître les avantages que je t'offre.

ARLEQUIN.

Tenez dans le fond, je vois bien que j'ai tort; vous êtes belle & brave cent fois plus que l'autre ! j'enrage.

LA FE'E.

Eh! de quoi!

ARLEQUI N.

C'est que j'ai laiffé prendre mon cœur par cette petite friponne qui eft plus laide

que vous.

LA FEE foupire en fecret, & dit: Arlequin, voudrois-tu aimer une perfonne qui te trompe, qui a voulu badiner avec toi, & qui ne t'aime pas ?

ARLEQUIN.

Oh! pour cela fi fait, elle m'aime à la folie.

LA FEE.

Elle t'abufoit, je le fça's bien, puifqu'elle doit époufer un Berger du Village qui eft fon amant: fi tu veux, je m'en vais l'envoyer chercher, & elle te le dira elle-même.

ARLEQUIN en fe mettant la main fur la poitrine, ou fur fon cœur.

Tic, tac, tic, tac, ouf, voi à des paroles qui me rendent malade. Et puis vite Allons

Allons, allons, je veux fçavoir cela;car fi elle me trompe, jarni je vous carefferai, je vous épouferai devant fes deux yeux pour la punir.

LA FEE..

Eh bien ! je vais donc l'envoyer chrercher.

ARLEQUIN encore ému.

Oui; mais vous êtes bien fine, fi vous êtes-là, quand elle me parlera, vous lui ferez la grimace, elle vous craindra, & elle n'ofera me dire rondement fa penfée. LA FEE..

Je me retirerai.

ARLEQUIN

La pefte, vous êtes une forciere, vous! nous jouërez un tour comme tantôt, & elle s'en doutera, vous êtes au milieu du monde, & on ne voit rien; oh! je ne veux point que vous trichiez; faites un ferment que vous n'y ferez pas en cachette. LA FEE.

Je te le jure foi de Fée.

ARLEQUIN.

Je ne fçais point fi ce juron-là eft bon; mais je me fouviens à cette heure quand on me lifoit des hiftoires, d'avoir vû qu'on juroit par le fix, le tix, oui le Styx. LAFE.

C'eft la même chose.

Arlequin poli.

D

ARLEQUI N.

N'importe, jurez toûjours;dame, puifque vous craignez, c'eft que c'eft le meil leur.

LA FEE après avoir rêvé.

Eh bien ! je n'y ferai point, je t'en jure par le Styx, & je vais donner ordre qu'on l'amêne ici.

ARLEQUI N.

Et moi en attendant je m'en vais gé mir en me promenant.

Il fort.

SCENE

XI V.

LA FE'E feule.

Mfçais pas moins le moyen d'épou

On ferment me lie, mais je n'en

vanter la Bergere fans être préfente, & il me refte une reffource; je donnerai mon anneau à Trivelin qui les écoutera invifible, & qui me rapportera ce qu'ils auront dit Appellons-le: Trivelin, Trivelin !

SCENE X V.

LA FEE, TRIVELIN.

TRIVELIN vient.

QUE voulez-vous, Madame!

Faites venir ici cette Bergere, je veux lui parler; & vous, prenez cette Bague, quand j'aurai quitté cette fille, vous avertirez Arlequin de lui venir parler,& vous le fuivrez fans qu'il le fçache pour venir écouter leur entretien, avec la précaution de retourner la Bague, pour n'être point vû d'eux, après quoi vous me redirez leurs difcours. Entendez-vous ? foyez exact je vous prie.

TRIVELIN.

Oui, Madame.

Il fort pour aller chercher Silvia.

SCENE XVI.

LA FEE un moment feule.

St-il d'avanture plus trifte que la

E mienne? je n'ai lieu d'aimer plus que

je n'aimois

, que pour en fouffrir da

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