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ra retouchés; mes foins réuffiront peutêtre à lui en infpirer. Souvent il me regarde; & tous les jours je touche au moment où il peut me fentir & fe fentir luimême: Si cela lui arrive; fur le champ j'en fais mon mari; cette qualité le mettra alors à l'abri des fureurs de Merlin : mais avant cela, je n'ofe mécontenter cet Enchanteur, auffi puiffant que moi, & avec qui je differerai le plus long-tems que je pourrai.

TRIVELIN.

Mais fi le jeune homme n'est jamais ni plus amoureux, ni plus fpirituel, fi l'éducation que vous tâchez de lui donner ne réüffit pas, vous épouferez donc Merlin?

LAFE'E.

Non; car en l'époufant même, je ne pourrois me déterminer à perdre de vûë l'autre : & fi jamais il venoit à m'aimer toute mariée que je ferois, je veux bien te l'avouer, je ne me fierois pas à moi. TRIVELIN.

Oh, je m'en ferois bien douté, fans que vous me l'euffiez dit: Femme tentée, & femme vaincue, c'est tout un ; Mais je vois notre bel imbecile qui vient avec fon maître à danfer.

SCENE I I.

ARLEQUIN entre la tête dans l'eftomac, ou de la façon niaife dont il voudra. SONMAITREA DANSER, LA FEE, TRIVELIN. LA FE'E.

EH bien, aimable enfant, vous ho

paroiffez trifte: y a-t-il quelque chofe ici qui vous déplaise?

ARLEQUIN.

Moi, je n'en fçai rien.
TRIVELIN rit.

LA FEE à Trivelin.

Oh! je vous prie, ne riez pas, cela me fait injure, je l'aime, cela vous fuffit pour le refpecter.

Pendant ce temps Arlequin prend des Mouches, la Fée continue à parler à Arlequin. Voulez-vous bien prendre votre leçon, mon cher enfant ?

ARLEQUIN comme n'ayant pas entendu. Hem.

LA FE' E.

Voulez-vous prendre votre leçon pour l'amour de moi?

Non.

ARLEQUIN.

LA FE'E..

Quoi! vous me refusez fi fe, à moi qui vous aime!

peu de cho

Alors Arlequin lui voit une groffe bague au doigt, il lui va prendre la main, regarde la bague, & leve la tête en fe mettant à rire niaifement.

LA FE'E.

Voulez-vous que je vous la donne !
ARLEQUIN.

Oui da.

LA FEE tire la bague de fon doigt, & la comme il la prend groffiere

lui préfente
ment, elle lui dit :

Mon cher Arlequin, un beau garçon comme vous, quand une Dame lui préfente quelque chofe, doit baiser la main en le recevant.

Arlequin alors prend goulument la main de la Fée qu'il baife.

LA FE'E dit à Trivelin.

Il ne m'entend pas, mais du moins fa méprise m'a fait plaifir.

Elle ajoûte.

Baifez la vôtre à préfent.

Arlequin alors baife le deffus de fa main. La Fée foupire, & lui donnant fa bague lui dit :

La voilà, en revanche recevez votre leçon. Alors le maître à danfer apprend à Arlequin à faire la reverence.

Arlequin égaye cette Scene de tout ce que fon genie peut lui fournir de propre au sujet. ARLEQUI N.

Je m'ennuie.

LA FEE.

En voilà donc affez: nous allons tâcher de vous divertir.

Arlequin alors faute de joye du divertif fement propofé, & dit en riant: Divertir, divertir.

SCENE I I I.

Une Troupe de Chanteurs & Danfeurs.

LA FEE, ARLEQUIN;

TRIVELIN.

La Fée fait affeoir Arlequin alors auprès 'd'elle fur un banc de gazon, qui fera auprès de la Grille du Théâtre ; pendant qu'on danfe, Arlequin fifle.

UN CHANTEUR à Arlequin.

BE

Eau brunet, l'amour vous appelle.

Ace vers Arlequin se leve niaisement,& dit:

Je ne l'entends pas, où eft-il? Il l'appelle. Hé, hé.

LE CHANTE UR continuë. Beau brunet l'amour vous appelle. ARLEQUIN en fe rassoyant dit: Qu'il crie donc plus haut.

LE CHANTEUR continue en lui montrant

la Fée.

Ses

Voyez-vous cet objet charmant, yeux dont l'ardeur étincelle

Vous repetent à tout moment:

Beau brunet, l'amour vous appelle.

ARLEQUIN alors en regardant les

yeux de la Fée, dit:

Dame, cela eft drôle !

UNE CHANTEUSE BERGERE

vient,& dit à Arlequin:

Aimez, aimez, rien n'eft fi doux.

ARLEQUIN là-dessus répond : Apprenez, apprenez-moi cela. LA CHANTEUSE continue en le regardant. Ah! que je plains votre ignorance! Quel bonheur pour moi quand j'y penfe, Elle montre le Chanteur.

Qu'Atis en fache plus que vous!

LA FE'E alors en fe levant dit à Arlequin : Cher Arlequin, ces tendres Chanfons ne vous infpirent-elles rien? Que fentez-vous?

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