La main de cet esprit farouche, Qui sorti des ombres d'enfer D'un coup sanglant frappa sa bouche , A peine avoit laissé le fer ; Et voici qu'un autre perfide, Où la même audace réside, Comme si détruire l'Etat Tenoit lieu de juste conquête , De pareilles armes s'apprête A faire un pareil attentat.
O soleil, ô grand luminaire ! Si jadis l'horreur d'un festin Fit que
de ta route ordinaire Tu reculas vers le matin Et d'un émerveillable change Te couchas aux rives du Gange; D'où vient que ta sévérité Moindre qu'en la faute d'Atrée, Ne punit point cette contrée D'une éternelle obscurité ?
Non, non, tu luis sur le coupable, Comme tu fais fur l'innocent; Ta nature n'est point capable Du trouble qu'une ame ressent; Tu dois ta flame à tout le monde ; Et ton allure vagabonde, Comme une fervile action Qui dépend d'une autre puissance, N'ayant aucune connoiffance , Na point aussi d'affection.
Mais, ô planette belle & claire! Je ne parle pas sagement; Le juste excès de la colere M'a fait perdre le jugement. Ce traître, quelque frenesie Qui travaillât sa fantaisie, Eut encore affez de raison Pour ne vouloir rien entreprendre, Bel aftre, qu'il n'eût vû descendre Ta lumiere sous l'horizon.
Au point qu'il écuma sa
rage; Le Dieu de Seine étoit dehors A regarder croître l'ouvrage Dont ce Prince embellit ses bords. Il se refferra tout à l'heure Au plus bas lieu de la demeure; Et ses Nymphes deffus les eaux Toutes sans voix & sans haleine, Pour se cacher furent en peine De trouver assez de roseaux.
La terreur des choses passées A leurs
yeux
se ramentevant Faisoit prévoir à leurs pensées Plus de malheurs qu'auparavant ; Et leur étoit si peu croyable Qu'en cet accident effroyable Personne les pût secourir , Que pour en être dégagées Le ciel les auroit obligées $'il leur eût permis de mourir.
Revenez , belles fugitives ; De quoi versez-vous tant de pleurs ? Affûrez vos ames craintives, Remettez vos chapeaux de fleurs; Le Roi vit , & ce misérable, Ce monstre vraiment déplorable, Qui n'avoit jamais éprouvé Que peut un visage d’Alcide, A commencé le parricide : Mais il ne l'a pas achevé.
Pucelles, qu'on se réjouiffe , Mettez-vous l'esprit en repos.; Que cette peur s'évanouïsse , Vous la prenez mal - à - propos ; Le Roi vit, & les destinées Lui gardent un nombre d'années, Qui fera maudire le fort A ceux dont l'aveugle manie Dresse des plans de tyrannie Pour bâtir quand il sera mort.
o bienheureuse Intelligence , Puissance quiconque tu sois, Dont la fatale diligence Préside à l’Empire François ! Toutes ces visibles merveilles De soins, de peines & de veilles , Qui jamais ne t'ont pû lasser, N'ont-elles
pas
fait une histoire, Qu'en la plus ingrate mémoire L'oubli ne sçauroit effacer?
Ces Archers aux casaques peintes Ne peuvent pas n'être surpris, Aïans à combattre les feintes De tant d'infideles esprits. Leur présence n'est qu'une pompe ; Avecque peu d'art on les
trompe : Mais de quelle dextérité Se peut déguiser une audace, Qu'en l'ame aufli - tôt qu'en la face Tu n'en lifes la vérité?
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