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Grand Démon d'éternelle marque,
Fais qu'il te fouvienne toujours
Que tous nos maux en ce Monarque
Ont leur refuge & leur fecours;
Et qu'arrivant l'heure prescrite,
Que le trépas, qui tout limite,
Nous privera de sa valeur,
Nous n'avons jamais eu d'alarmes
Où nous ayons verfé des larmes
Pour une femblable douleur.

Je fçai bien que par la justice,
Dont la paix accroît le pouvoir,
Il fait demeurer la malice
Aux bornes de quelque devoir;
fon invincible épée

Et que

Sous telle influence est trempée,
Qu'elle met la frayeur par tout,
Auffi-tôt qu'on la voit reluire :
Mais quand le malheur nous veut nuire,
De quoi ne vient-il point à bout?

Soit que l'ardeur de la priere
Le tienne devant un autel,
Soit que l'honneur à la barriere
L'appelle à débattre un cartel,
Soit que dans la chambre il médite,

Soit qu'aux bois la chaffe l'invite ;
Jamais ne t'écarte fi loin,
Qu'aux embûches qu'on lui

peut

Tu ne fois prêt à le défendre,

Si-tôt qu'il en aura befoin.

tendre

Garde fa compagne fidelle,
Cette Reine, dont les bontez
De notre foibleffe mortelle
Tous les défauts ont furmontez.
Fais que jamais rien ne l'ennuie;
Que toute infortune la fuie;
Et qu'aux rofes de fa beauté,
L'âge, par qui tout fe confume,
Redonne contre fa coutume
Les graces de la nouveauté,

Serre d'une étreinte fi ferme
Le noeud de leurs chaftes amours,
Que la feule mort foit le terme
Qui puiffe en arrêter le cours.
Béni les plaifirs de leur couche,
Et fais renaître de leur fouche
Des fcions fi beaux & fi verts,
Que de leur fueillage fans nombre
A jamais ils puiffent faire ombre
Aux peuples de tout l'univers.

Sur-tout pour leur commune joie,
Devide aux ans de leur Dauphin,
A longs filets d'or & de foie,
Un bonheur qui n'ait point de fin;
Quelques vœux que faffe l'envie
Conferve-leur fa chere vie ;
Et tiens par elle enfevelis

D'une bonace continue

Les Aquilons, dont sa venue
A garanti les fleurs de lis.

Conduis-le

Conduis-le fous leur affûrance
Promptement jufqu'au fommet
De l'inévitable espérance
Que fon enfance leur promet.
Et pour achever leurs journées,
Que les oracles ont bornées
Dedans le Trône impérial,
Avant que le Ciel les appelle;
Fais leur ouïr cette nouvelle,
Qu'il a rafé l'Efcurial.

G

V.

1606.

STANCES

Aux Dames pour les Demi-Dieux Marins conduits par Neptune, dans le Carousel des quatre Elémens, en Mars 1606.

O! Qu'une fageffe profonde

Aux avantures de ce monde
Préfide fouverainement;

Et l'audace eft mal apprise

que

De ceux qui font une entreprise,

Sans douter de l'évenement!

Le renom que chacun admire
Du Prince qui tient cet Empire,
Nous avoit fait ambitieux

De mériter fa bienveillance,

Et donner à notre vaillance

Le témoignage de fes

yeux.

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