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Romain, cherche à accaparer les moissons et à corrompre le peuple par ses bienfaits. Il quitte la charrue, et vient signaler le crime. Il traverse le Forum d'un air profondément occupé, et rend compte à Servilius du sujet de sa venue. Ce dernier ne peut croire à tant de perfidie. Mélius aurait osé concevoir le projet odieux d'asservir son pays! Toutefois il se rend au sénat, où Cincinnatus va l'accuser; l'y défendre, s'il est innocent; le condamner, s'il est coupable. Soudain de toutes parts il entend les cris du peuple. Honneur à Mélius! triomphe à Mélius! Serait-il vrai? Il se dispose à partir, lorsqu'il voit accourir Emilie, son amante, fille de Mélius. Celle-ci fait éclater la joie la plus vive; mais, dès qu'elle sait que la liberté de Rome est menacée, elle prend un front sévère, et demande le nom du perfide.

SERVILIUS.

Combien j'aurais besoin d'un courage affermi

S'il fallait l'accuser!

EMILIE.

Qui?

SERVILIUS.

Mon meilleur ami.

EMILIE.

Je l'avoûrai; j'ai peine à concevoir qu'un homine
Dans une ame romaine ait pu balancer Rome, etc.

Cet homme est son père. Vainement elle l'implore. Fort de la faveur populaire, de la fermeté et du nombre de ses conjurés, il persiste dans son criminel dessein. H avait mendié des secours étrangers qu'il attendait sous quelques jours ; mais le temps presse; la nuit même il va frapper. Cette nuit doit tomber le sénat, cette nuit, les riches moissons qu'il a rassemblées dans son palais doivent être

incendiées. Cependant le sénat s'assemble. Cincinnatus accuse Mélius et demande son exil. Servilius le défend avec chaleur; mais le vieux républicain lui réplique avec tant de vigueur, que le consul et la presquè totalité du sénat passent à son avis. Dans cette conjoncture, Mélius. arrive, suivi de ses partisans, et cherche moins à se justifier qu'à faire valoir ses bienfaits. Sommé par le consul de déclarer dans quelle intention il fit achat de tous les grains qu'il put trouver chez l'étranger, pour les distri buer au peuple, il ne daigne pas répondre à la calomnie; le suffrage du peuple lui suffit. Cincinnatus alors lui propose un moyen de se justifier; c'est de s'exiler luimême; mais l'intérêt du peuple s'y oppose. Il sort. Eh bien, pères conscrits! cet homme est-il coupable? s'écrie Cincinnatus. Il l'est, répond Servilius. Dans cet état de crise, le consul propose de nommer un dictateur. Cincinnatus est élu. Il confie le commandement des chevaliers à Servilius, et lui donne l'ordre de conduire de traître devant le dictateur. Mais, tandis que le sénat prend les mésures les plus promptes pour déjouer les complots, Mélius, de son côté, fait rassembler ses partisans. Tous les efforts d'Emilie sont inutiles. L'ambition dont il est dévoré ne permet pas à Mélius d'écouter les salutaires conseils de sa fille. Il voit sa douleur et son désespoir, et n'en est point touché. Elle lui demande la mort, afin de l'empêcher de révéler son secret ; elle ne peut l'obtenir. Il fait si peu de cas de ses menaces, et semble être si sûr d'elle, qu'il lui confie l'écrit du complot. Bientôt le peuple remplit la place : Mélius le harangue, le flatte, lui vante ses bienfaits, lui peint ses maux qu'il a fait cesser, en accuse les grands, tonne contre le sénat, et termine son discours en protestant

qu'il est prêt à souscrire à l'exil, si le bonheur du peuple l'exige. Cependant les licteurs arrivent. Le peuple séduit et mutiné s'apprête à défendre celui qu'il regarde comme son libérateur : toutefois Mélius fait écarter la foule, et -lui recommande de l'environner au premier signal. C'est dans ce moment que Servilius paraît et lui ordonne de le suivre devant le dictateur. Mélius ne veut obéir qu'au peuple. En vain pour séduire Servilius il lui prodigue les noms de fils et de père; l'ame fière et vraiment républicaine de ce Romain ne le reconnaît plus que pour l'ennemi de son pays. Suis-moi! suis-moi! lui répète-t-il avec emportement. Mélius méprise cette injonction, et lui dit alors qu'il n'a point de loi à recevoir du dictateur, et que c'est à lui à en donner; que sa fille l'aime; que, malgré son ingratitude, il veut lui assurer la main d'Emilie et sa couronne, et enfin qu'il veut l'arracher à la mort que tous les républicains vont recevoir. Suis-moi! suis-moi! s'écrie de nouveau Servilius en fureur. Dans ce moment, il tire son épée, et en frappe Mélius. Drusus excite le peuple à la vengeance; le peuple reste indécis. Voyant arriver Cincinnatus, accompagné des licteurs, portant un tribunal et des flambeaux, Drusus envoie chercher Emilie. Le dictateur s'informe de la cause de tous ces mouvemens. On lui montre Mélius expirant. Qui l'osa frapper? Moi, s'écrie Servilius. Loin de le condamner, comme Drusus s'v attend, Cincinnatus loue son courage. Cependant Emilie arrive.

DRUSUS.

Viens, Emilie; accours jouir, dans ta misère,
De l'éloge qu'obtient le bourreau de ton père.

Emilie!

SERVILIUS.

EMILIE.

Est-ce à toi de lui reprocher rien?
Il a fait son devoir; je viens faire le mien.

CINCINNATUS.

Fille de Mélius, que prétends-tu?

EMILIE.

T'instruire.

Lis: c'est la vérité; j'ai le droit de la dire.

Elle lui remet la liste que lui a confiée son père et se perce d'un poignard. Tous les conjurés sont arrêtés et conduits au supplice; et Cincinnatus, après avoir sauvé la liberté de Rome, retourne à sa charrue. Tel est le sujet de cette pièce, écrite avec autant de vigueur que de pureté.

QUINTUS FABIUS, ou LA DISCIPLINE ROMAINE, tragédie en trois actes, par M. Legouvé, aux Français, 1795.

Le consul Papirius est chargé de prononcer sur le sort de Quintus Fabius son gendre, vainqueur, malgré ses ordres. Plein des maximes républicaines et du salut du peuple, fidèle observateur de la loi, il condamne ce héros à la mort. Le père de Quintus et Cominius son ami, en appellent au peuple, et font valoir les qualités de l'accusé, sa valeur, sa jeunesse, l'évènement heureux du combat, et enfin la gloire et les avantages que la nation en retire. Papirius, son accusateur, écarte toutes ces considérations. L'urne est ouverte pour recevoir les boules du scrutin. Le tribun apprend au peuple que les voix sont partagées, et que c'est au consul à prononcer. Pour cette fois, l'ame de Papirius est attaquée vivement par Volnérie, sa fille, femme de Quintus,

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qu'il est prêt à souscrire à l'exil, si le bonheur du peuple l'exige. Cependant les licteurs arrivent. Le peuple séduit et mutiné s'apprête à défendre celui qu'il regarde comme son libérateur toutefois Mélius fait écarter la foule, et lui recommande de l'environner au premier signal. C'est dans ce moment que Servilius paraît et lui ordonne de le suivre devant le dictateur. Mélius ne veut obéir qu'au peuple. En vain pour séduire Servilius il lui prodigue les noms de fils et de père; l'ame fière et vraiment républicaine de ce Romain ne le reconnaît plus que pour l'ennemi de son pays. Suis-moi! suis-moi! lui répète-t-il avec emportement. Mélius méprise cette injonction, et lui dit alors qu'il n'a point de loi à recevoir du dictateur, et que c'est à lui à en donner; que sa fille l'aime; que, malgré son ingratitude, il veut lui assurer la main d'Emilie et sa couronne, et enfin qu'il veut l'arracher à la mort que tous les républicains vont recevoir. Suis-moi! suis-moi! s'écrie de nouveau Servilius en fureur. Dans ce moment, il tire son épée, et en frappe Mélius. Drusus excite le peuple à la vengeance; le peuple reste indécis. Voyant arriver Cincinnatus, accompagné des licteurs, portant un tribunal et des flambeaux, Drusus envoie chercher Emilie. Le dictateur s'informe de la cause de tous ces mouvemens. On lui montre Mélius expirant. Qui l'osa frapper? Moi, s'écrie Servilius. Loin de le condamner, comme Drusus s'v attend, Cincinnatus loue son son courage. Cependant Emilie arrive.

DRUSUS.

Viens, Emilie; accours jouir, dans ta misère,
De l'éloge qu'obtient le bourreau de ton père.

Emilie!

SERVILIUS.

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