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Créqui a sauvé, dans un combat, les jours du roi Louis VII, qu'il avait suivi dans la Palestine; on le croit mort, et déjà sire de Baudoin veut s'emparer de ses biens, en épousant sa veuve Adèle, qui, fidèle à la mémoire de son époux, rejète toutes les propositions du séducteur. Mais celui-ci, entraîné par sa passion, envoie des soldats au château de Créqui pour arrêter le vieux Créqui, et le jeune Craon, fils de Raoul. Ils parviennent à s'emparer du dernier, et Baudoin, maître de sa vie, la fait dépendre de la dernière résolution d'Adèle. Quoiqu'il en soit, le jeune Raoul n'est point mort prisonnier de Baudoin; il éprouve le sort des coupables. Heureusement le geôlier est un ivrogne, et il a deux enfans pleins de douceur et de sensibilité, qui aident leur père à s'enivrer. Créqui profite du sommeil qui suit l'ivresse pour délivrer le prisonnier. Baudouin, indigné de la négligence du geôlier, le fait enlever par des soldats. Cependant Créqui arrive dans une forêt, où, sans le reconnaître, il trouve son fils déplorant sa mort prochaine; il le cache dans une caverne, s'avance à la tête des paysans, et met en fuite, les soldats de Baudoin, qui sont à la poursuite de ce jeune infortuné. Après cet exploit, il arrive dans sa famille, se fait reconnaître, prend le geôlier à son service, et, pour toute vengeance, laisse Baudouin livré à ses remords.

Cet ouvrage offre à la fois beaucoup de mouvement et d'intérêt on y trouve pourtant une situation immorale; c'est celle où les enfans enivrent leur père. Il nous semble que l'auteur aurait pu employer un moyen plus convenable pour opérer la délivrance de Créqui. Il fallait que la pièce fût d'ailleurs pleine de mérite pour que cette inconvenance n'en causât pas la chute.

RAPHAEL, vaudeville en un acte, par M. Dubois, au Vaudeville, 1808.

Raphaël, sous le nom d'Alberti, est amoureux de la jeune et belle Cécilia, qu'il a vue à Florence, lorsqu'il n'était encore qu'élève. Depuis cette époque, il est devenu célèbre : il est maintenant à Rome, logé magnifiquement dans le palais du prince Chigi, son protecteur. Là, il s'amuse à retracer sur la toile le portrait de sa bien-aimée. Le prince, de retour de Florence, où il était allé passer quelques jours, ramène avec lui une charmante personne dont il se dit l'époux : cette belle, c'est Cécilia, que Raphaël se désespère de voir dans les bras de son protecteur. Après une scène sentimentale, dans laquelle Cécilia déclare à son amant qu'elle n'est point encore mariée, mais qu'elle ne peut tarder à l'être, ayant été fiancée par une mère mourante, Chigi vient presser Raphaël de mettre la dernière main à son tableau de Sainte-Cécile. Pour lui fournir l'occasion de donner à cette sainte des attraits dignes d'une bienheureuse, il lui offre sa maîtresse pour modèle ; il va plus loin, il pose lui-même la belle, et lui reproche bientôt de ne pas exprimer assez vivement la béatitude que l'on doit goûter dans le paradis. Il le tire de cette situation pénible en emmenant Cécilia. Peu d'instans après, il rentre avec elle, et surprend Raphaël baisant avec transport un petit portrait de Cécilia, ce qui découvre tout le mystère. Chigi feint de se courroucer; mais il s'apaise ensuite, et unit les amans, qu'il n'a tourmentés que pour rendre leur bonheur plus vif.

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Ce vaudeville obtint beaucoup de succès. On y remarque des détails agréables, des saillies heureuses, et un excellent ton de comédie.

RATON ET ROSETTE, ou LA VENGEANCE INUTILE, parodie de Titon et l'Aurore, en un acte, avec des divertissemens, par Favart, aux Italiens, 1753.

Piqué de ce qu'elle lui préfère le garçon de ferme Raton, le meunier Gringole veut enlever la jardinière Rosette. La fermière Perrette lui demande en tremblant le sujet de la colère où elle le voit; dès qu'elle en est ins-truite, celle-ci, qui aime autant Raton que Gringole aime Rosette, conseille au meunier de la lui donner: elle essaie inutilement de gagner le cœur de ce garçon. Désespérant de le vaincre, elle lui fait donner un breuvage qui l'endort et le rend insensible, même pour Rosette; mais, peu à peu, en voyant sa maîtresse, il sent que le sommeil s'éloigne, et redevient tout de feu. pour sa chère Rosette.

Tel est, en peu de mots, le fonds de cette parodie.

RAUCOURT(Me) actrice du Théâtre-Français, 1810. Semblable à nos vieux capitaines, Mlle Raucourt supplée à la vigueur qui lui manque, par une tactique de quarante années; comme eux, elle connaît son terrain à fond. Rien n'échappe à l'œil observateur d'un général à cheveux blancs: ses bataillons, il les a vu former; ses soldats, il les a vu naître; il les connaît, pour ainsi dire tous par leurs noms de même, cette célèbre et vieille actrice connaît son théâtre. Il n'est pas une inflexión, une attitude; il n'est pas un geste dont elle n'ait étudié et calculé l'effet. Soyons justes, elle a trop fait pour la scène; elle a moissonné assez de lauriers; il est tems qu'elle songe à sa retraite. Mais du moins, si elle veut absolument mourir au théâtre, et avoir la gloire d'être ensevelie sous les décorations, qu'elle emploie ses der

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nières années à former un sujet digne de la remplacer! Si l'on jugeait de ce que fut Mlle Raucourt, par ce qu'elle est aujourd'hui, on aurait de son talent une idée fort imparfaite. La nature semblait l'avoir formée pour en faire une reine de théâtre : cinq pieds quatré à cinq pouces, belle tête, poumons robustes, superbe maintien, physionomie expressive, enfin toutes les qualités physiques se trouvaient réunies en elle. Qu'on joigne à ces dons précieux, de l'esprit, plus que de l'intelligence, de l'énergie, une connaissance profonde de la scène, et l'on pourra se faire une idée de ce que dut être Mlle Raucourt.

Elle n'eut jamais, dit-on, un grand fonds de sensi– bilité; mais elle y suppléait par tout ce que l'art a de plus savant et de mieux combiné. Son organe, un peu voilé, ne se prêtait qu'avec peine à l'expression du sentiment; mais, dans la fureur et le désespoir, il était éminemment tragique. On ne saurait être plus belle qu'elle ne l'était dans Sémiramis; plus véhémente, plus énergique, plus profondément astucieuse qu'elle ne le fut dans le rôle de Médée, et dans celui de Cléopâtre, de Rodogune. Enfin, quelque chose qui lui arrive maintenant, elle n'en sera pas moins digne d'être mise au rang de ces femmes célèbres qui se sont immortalisées au théâtre.

RAVISSEMENT D'HÉLÈNE (le), pièce en deux actes, avec un prologue et un divertissement, par Fuzelier, à la Foire Saint-Germain, 1705.

Le prologue, ou l'on trouve l'exposition de cette pièce, est une conversation entre Francœur, soldat de la suite de Pâris, et Mad. la Ramée, vivandière. Francœur lui raconte en peu de mots l'enlèvement d'Hélène; il ajoute, en bon politique, que cet évènement aura

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des suites funestes; mais, comme il est très-pressé, il quitte sa vivandière pour aller se rafraîchir.

Le théâtre représente d'abord le palais de Priam. Pâris et Hélène y reçoivent les complimens du gouverneur de la ville; mais bientôt la scène change. On voit le camp des Grecs; au milieu se trouvent Ménélas, Achille et Ulysse. On ouvre la tranchée; on attache le mineur; on monte à l'assaut'; Hector tue Patrocle ; Achille tue Hector; Pâris tue Achille; Pyrrhus tue Pâris. Ulysse entre dans Ilion, et enlève le Palladium. Les Troyens font des propositions de paix; ils offrent vingt mille pièces d'or, à condition que l'armée grecque décampera dans une heure au plus tard. Ulysse conseille d'accepter la capitulation, qui est exécutée de la part des Troyens. Cependant ce même Ulysse vient trouver Sinon et lui propose le stratagême du cheval de bois. Sinon accepte la proposition. Il frappe aux portes de Troie, se disant déserteur de l'armée grecque. Il est reçu par le gouverneur, à qui il conseille de faire transporter dans la ville, le cheval construit par les Grecs pour apaiser, dit-il, la déesse Minerve, dont ils ont enlevé le Palladium. Les Troyens suivent ce dangereux conseil, et célèbrent l'entrée du cheval par des fêtes. Lorsqu'ils sont tous ivres, Sinon tire de sa poche une clef, avec laquelle il ouvre le cheval de bois. Les Grecs en sortent et massacrent tous les Troyens. Andromaque trouve un asile dans les bras de Pyrrhus; Enée se sauve avec Anchise et Ascagne, et enfin Ménélas retrouve sa chère Hélène.

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Cette pièce, comme on le voit, renferme tout le sujet de l'Iliade. D'après cela, nous croyons inutile d'eá faire remarquer l'extravagance.

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