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f'Eglife, fi elle avoit été obfervée de fon temps. La fête du faint Sacrement demeura ainfi négligée jufqu'au temps du Concile general de Vienne qui fut affemblé l'an 131. Ce fut là que le Pape Clement V. voulant la rétablir, fit recevoir & confirma la Bulle d'inftitution d'Urbain. Elle fut acceptée par tous les Prélats du Concile en préfence des rois de France, d'Angleterre & d'Arragon. Mais l'accompliffement de toute l'affaire parut être réservée au Pape Jean XXII. qui fucceda en 1316. à Clement V. après une vacance de plus de deux ans, & qui publia la Bulle d'Urbain IV. revêtue de toutes fes formalités vers le commencement de fon pontificat. On ne commença en France à celebrer la fête du faint Sacrement que l'an 1318. &. il en coûta encore quelques années depuis pour en rendre l'obfervation generale & uniforme par toutes les Eglifes du royaume.

L'office du faint Sacrement étoit dû au foin de la B. Julienne, & fembloit avoir été divinement infpiré lorfqu'on confideroit que c'étoit l'ouvrage d'une fille & d'un jeune homme fans lecture & fans expérience, &

que cependant il n'y avoit rien de plus beau & de mieux entendu dans tous les offices de l'Eglife. Il ne laiffa pas de ceder enfuite à un autre que l'on difoit être de la compofition de faint Thomas. On eft perfuadé qu'il avoit reçu du Pape Urbain IV. la. commiffion d'y travailler dans le temps qu'il publia fa Bulle. Mais il le forma fur l'ufage de l'Eglife Romaine, au-lieu que celui de la B. Julienne étoit accordé au rit de l'Eglife Gallicane. Les continuateurs de Bollandus avoient cru d'abord que comme le Pape Urbain IV. n'avoit fait que fuivre l'Evêque de Liege dans l'inftitution de la fête en la rendant generale, de même faint Thomas aulieu de rien compofer de nouveau, s'étoit contenté de prendre l'office compofé par la B. Julienne & de l'accommoder au rit Romain, en y faifant divers retranchemens & quelques additions. Ils avoient même rendu leurs conjectures affez plaufibles: ils ont néanmoins jugé à propos depuis de les abandonner fur les remontrances de quelques Jacobins de Paris. Mais fans entrer dans la connoiffance de leurs motifs, on peut dire

que leur retractation ne fervira qu'à faire admirer encore davantage cette conformité surprenante qu'ils avoient trouvée dans les deux offices. Tout ceci eft tiré de M. Baillet qui cite fes garans.

CHAPITRE XII.

Proceffion du faint Sacrement. Que celle qui fe fait aujourd'hui à la fête-Dieu ne s'y faifoit pas au commencement. Que néanmoins il fe faifoit de ces proceffions. avant l'inftitution de cette fête. De la proceffion du jour des Rameaux, & de celle de Pâques.

M

Onfieur Thiers rapporte les opi- L. 2. de l'exp nions differentes d'une infinité du S. Sacr. c. 1.& feq. d'Auteurs touchant le temps auquel on a commencé à faire la proceffion du faint Sacrement. Comme ce Livre

n'eft point un ouvrage polémique mais purement hiftorique, il ne nous: convient pas de nous étendre à rappor ter ces opinions, encore moins à les refuter; il nous fuffit d'établir les faits. tels que nous les trouvons atteftés par les meilleurs Auteurs. En fuivant ce

qui fe préfente fur la question dont il s'agit ici, il femble que l'on peut affurer fans craindre de fe méprendre, que la proceffion du faint Sacrement que nous faifons aujourd'hui à la fêteDieu, ne s'y faifoit pas autrefois. Une preuve convainquante de ce que nous difons, eft qu'Urbain IV. dans fa Bulle Tranfiturus, par laquelle il a inftitué cette fête, & qui a été confirmée par Clement V. au Concile de Vienne en 1311. ne dit pas un feul mot de cette proceffion fi celebre ; quoique d'ailleurs il accorde des indulgences à tous les fideles qui étant véritablement pénitens & confeffés, affifteront aux offices divins qui fe celebreront dans les Eglifes pendant l'octave de la fête-Dieu; & qu'il y faffe mention expreffe des premieres Vêpres, des Matines, de la Meffe, de Prime, de Tierce, de Sexte, de None, &c. Eftil croyable qu'entrant dans un fi grand détail de tous ces exercices de pieté, & qu'accordant des indulgences pour chacun en particulier, il eût omis la proceffion, fi elle eût été inftituée en même temps que cette fête. Cela eft d'autant moins vrai-femblable que le Pape Martin V. dans fa Bulle Ineffabile

Sacramentum, du 26. May 1429. qui a augmenté du double les indulgences d'Urbain IV. & Eugene IV. dans fa Bulle Excellentiffimo, même jour, mais de l'an 1433. qui a encore augmenté du double celles de Martin V. n'ont pas manqué d'en accorder à ceux qui affifteroient à la proceffion, parce que de leur temps elle fe faifoit.

De plus le Pape Urbain dans le Bref qu'il adreffa à Eve reclufe de Liege, qui s'interreffoit fi fort à l'établiffement de la fète du faint Sacrement, l'affure qu'il en a inftitué la fête, mais il n'y parle point dutout de la proceffion. Saint Thomas qui a travaillé à compofer l'office de cette fête à la priere du Pape Urbain ; & qui pour récompenfe de fon travail en reçut une colombe d'argent, felon Jean Nauclerus, ne dit rien de cette proceffion dans l'opufcule qui en contient l'office, quoiqu'il y traite des indulgences accordées par le Pape à ceux qui affifteront aux offices de l'Eglife durant l'octave de cette fète.

Mais encore que la proceffion de la fête-Dieu n'ait pas été établie par Urbain IV. elle ne laiffe pas d'être ancienne; puifque, pour ne rien dire

volum. z. chronol. ge

neral 43.c.17

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