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les bateaux du fumier, du foufre & du genièvre (a), &c. toutes chofes qui font fuir ce poiffon, & ils en répandent autour du bateau pour empêcher qu'il ne s'approche d'eux.

On prend néanmoins quelquefois de la plus grande espèce, mais cela n'arrive que quand la mer a monté fi haut fur le rivage, que les baleines ne peuvent s'en retourner auffi vîte que l'eau diminue; c'eft alors qu'on les tue avec des lances & à coups de pierres. Ils en ont pris une de cette manière dans le Hafnefiord

en 1771.

(a) Le Traducteur demande encore la permiffion de faire un autre rapprochement. Les anciens ignoroient que les odeurs fortes, & fur-tout les balfamiques, étoient désagréables aux poiffons. Pline le jeune, dans fa Lettre à Caninius, où il fait une defcription fi charmante du dauphin d'Hyppone, rapporte: " Qu'Octavius Avitus, lieutenant du proconful, em» porté par une vaine fuperftition, prit le temps que » le dauphin étoit fur le rivage, pour faire répandre » fur lui des parfums, & que la nouveauté de cette » odeur le mit en fuite, & le fit lancer dans la mer; » que plufieurs jours s'écoulèrent fans' qu'il parût ; » qu'enfin il revint, d'abord languiffant & triste; & » peu après, ayant repris fes premières forces, il "recommença fes jeux & fes tours ordinaires. »

La capture des veaux marins, qui dans quelques parties eft très-confidérable, eft encore une branche de la pêche des Iflandois. On en trouve de quatre différentes espèces, appelées Roftungur, Vade-felur, Blaude-felur, & Granfelur. C'eft en hiver qu'ils font le plus gras. Il y en a qui donnent du lard jufqu'à quatre punds (a), dont chacun rend fept quarts d'huile. En été ils font très-maigres. La chair de ce poiffon fe mange fon lard fe vend cinq aunes le pund, & fa peau, (auffi au poids) foixante aunes de wadmal pour le pund.

Quoique la pofition de l'Iflande foit des plus favorables à la pêche, elle n'y eft plus fi confidérable depuis quelques années. On en attribue la cause, tant à la quantité de vaiffeaux qui, annuellement, viennent pêcher dans ces mers, qu'au manque de pêcheurs, la population de l'île étant prodigieufement diminuée; mais c'est le monopole de la compagnie de commerce de Danemarck, fi onéreux aux habitans, qui felon moi, eft la vraie cause de cette diminution.

S'il y avoit plus d'encouragement, on seroit en droit de s'attendre à plus d'émulation & à

(a) Pund, poids de vingt livres.

A

plus d'induftrie parmi les Iflandois. Ils font obligés de vendre le vaett ( cinq punds ) de poiffon, au prix de rixdale à la compagnie;' elle transporte enfuite ce poiffon à Hambourg, où fe vend toute la pêche d'Islande. Le vaett y vaut cinq rixdales (a).

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Après la pêche, l'éducation du gros & du menu bétail, eft une des principales branches d'induftrie en Iflande.

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Le gros bétail n'y eft pas d'une grande taille, mais il en eft d'autant meilleur & plus gras. n'eft pas vrai qu'il foit par-tout, comme on le prétend, fans cornes: cependant il faut avouer que l'efpèce qui a des cornes y eft rare.

Les Iflandois gardent le gros bétail dans l'étable la plus grande partie de l'année ; quel-ques uns l'envoient pendant l'été dans les montagnes, où il refte jufqu'à ce que le foin foit fait. Ils ont des endroits propres aux pâturages, qu'ils appellent faetr: on y envoie, avec les beftiaux, un berger qui les fuit, & deux femmes, dont le foin eft de traire les vaches, de faire du fromage & de battre le beurre. Il n'eft pas rare de trouver dans les montagnes

(a) On fe flatte de voir cesser cet abus, depuis que le Roi a retiré le monopole de cette compagnie.

des bœufs marons, que l'on fait retourner à la maifon vers l'automne. C'eft aux marques qu'ils portent, que chacun reconnoît les fiens.

Le foin eft la principale nourriture des beftiaux on donne une meule par vache pour l'hiver; chaque meule contient trente kapal (a) de foin de terre engraiffée, ou 40 kapal de foin de terre non engraiffée. Au défaut de foin, il eft d'ufage, dans quelques endroits, de donner au bétail du fteenbitr (b): c'eft un poiffon qu'on pile avec la tête & les os de la morue. Le tout étant bien pilé, on y met un quart de foin haché, & les vaches aiment beaucoup ce mélange. Cette nourriture procure du lait en abondance, mais il en prend un goût défagréable: on n'a recours à ce moyen que dans la dernière nécessité.

Les vaches donnent par jour ordinairement quatre pintes de lait : quelques-unes, depuis huit jufqu'à quatorze pintes en vingt-quatre heures. On regarde comme très-bonne une vache qui, dans les vingt-quatre heures, donne. fix pottur. On trait une bonne vache jusqu'à trois femaines avant de véler.

(a) Le kapal pèfe à peu près douze à quinze punds 'de foin.

(b) Blennius maculis decem, & ultra nigris, utrinque ad pinnam dorfi radiis pinne dorfalis pungentibus.

Les Iflandois nourriffent de lait le veau la première quinzaine; au bout de ce temps, ils mettent de l'eau & du foin haché dans le lait. Le veau étant plus avancé, on lui donne du petit-lait au lieu de lait.

Le prix courant des vaches & des chevaux, eft de cent vingt aunes d'étoffe : (trente font une rixdale) les chevaux vraiment bons, fe vendent cependant huit à dix rixdales. Les chevaux donnent moins d'embarras que les vaches, à l'exception de quelques chevaux de felle qu'on garde dans l'écurie pendant l'hiver. La plupart fe nourriffent dehors, ne pouvant pas trouver dans l'intérieur ce qui leur eft néceffaire pour vivre : ils cherchent les plantes de mer. Quand les neiges font trop abondantes, les habitans font obligés de découvrir la terre pour que les chevaux puiffent se nourrir.

L'éducation des moutons, eft celle qui est le plus en vogue en Islande. Le peu de peines que donne ce menu bétail pour fa fubfiftance. le fait regarder des Islandois comme la partie la moins embarraffante & la moins difpendieufe. Il y a des paysans en Islande qui ont depuis deux cents jufqu'à quatre cents moutons. On y a vu, avant l'épizootie qui eut lieu entre 1750 & 1760, des troupeaux de mille

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