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vres étudians. Quelquefois les Iflandois fe rendent auffi à d'autres univerfités étrangères. Entre 1760 & 1770 ; il y avoit à Leipfic un Islandois nommé Paul Widalin, qui y mourut, emportant avec lui l'eftime & l'affection de tout le monde. M. Thorotti, qui a paffé plus de trois ans à l'univerfité d'Upfal, s'eft pareillement diftingué, par fon rare mérite, dans toutes les occafions.

Ceux qui s'imaginent que l'Islande eft le fiège de l'ignorance, fe trompent beaucoup à cet égard. Je puis affurer que le peuple même y eft plus inftruit qu'ailleurs. Rarement y trouve-t-on un payfan qui ne fache, outre fa religion, l'hiftoire de fa patrie; ce qui eft le fruit de la lecture des anciennes Sagas, que les Islandois aiment infiniment. Il y a même des payfans qui favent par cœur les poèmes de Kolbein Grimfon, de Sigurd, de Gifle, de Gudmund Bergthor, &c. tous poètes célèbres, & au nombre defquels brille, fur-tout par fon efprit, Wigfus Jonffon, dont quelquefois les ouvrages s'écartent un peu trop des règles

de la décence.

Les miniftres de l'églife, en général, parlent bon latin; & j'ai trouvé dans plufieurs endroits des bibliothèques mieux compofées que je ne me le ferois imaginé.

Il y avoit auffi en Iflande une fociété littéraire, fous le nom de Societas invifibilis. Il en eft fait mention dans la préface du Speculum Regale, dont j'ai parlé ci-deffus. J'en ai connu quelques membres, & entre autres le re&eur Halfdan Ejnarfon, & feu M. Bjarne Haldorfon; mais je crois que cette fociété n'existe plus à préfent (a).

Je pourrois nommer ici beaucoup de favans Iflandois qui fe font rendus célèbres par leurs connoiffances, leur goût & leur habileté ; mais je me bornerai à ceux qui fe font particulièrement diftingués dans la république des lettres.

M. Finnur Jonsson, évêque de Skallholt, mérite d'être nommé en tête. Ce favant a donné beaucoup de traités fur les antiquités du Nord. Ily en a déja plufieurs qui ont vu le jour ; d'autres font fous preffe. Tout nouvellement ce prélat a publié l'Hiftoire Eccléfiaftique d'Iflande, en 3 vol. in-4°. excellent ouvrage, rempli de recherches, de bonne critique & d'érudition. Pendant mon féjour à Skallholt, j'ai eu le bonheur de faire la connoiffance de ce digne évêque, qui occupe avec diftin&tion le fiège

(a) Ce n'eft que depuis mon retour en Suède que j'en ai eu la nouvelle.

épiscopal depuis 1754: j'ai tiré de fa converfation autant d'agrément que de profit. Il est à fouhaiter que fon grand âge lui laisse le temps de mettre la dernière main à fes autres ouvrages. C'eft ce qu'on a d'autant plus lieu d'espérer, qu'un fils digne de lui, le favant Jean Finson, vient de lui être donné pour prévôt & adjoint. M. Halfdan Ejnarfon, recteur du collège de Hoolum, auteur du Speculum Regale, travaille à une fciagraphie (a) de l'Iflande. Le prévôt & pasteur de Hjardarholt, M. Guennar Paulfen eft renommé pour les connoiffances dans l'ancienne poéfie. Bjarne Jonfen, re&eur du collège de Skallholt, fait de très-bons vers latins. Il vient de finir une differtation fur les Gongdagar (b), qui fera bientôt imprimée. Bjarne

(a) L'art de trouver l'heure par l'ombre du foleil ou de la lune.

(b) Gongdagar font les lundi & mardi de la femaine de l'Afcenfion, qu'on appelle Gongdagsveka. C'est dans cette femaine que chez les Catholiques Romains on fait une proceffion dans les champs; cette proceffion a donné lieu à la fufdite dénomination. Gongdag veut dire jour de proceffion. C'est ce qui s'appelle dans l'églife Romaine les Rogations. Cet usage fubfifte encore dans quelques paroiffes de Londres, & nommément dans celle de S. Martin; & les habitans ne favent plus quelle en est l'origine. Note de l'Editeur Allemand.

Paulfen & Eggert Olafsen font très-verfés dans les connoiffances phyfiques. Ils ont parcouru toute l'Iflande aux frais de la Société royale des Sciences, pour recueillir des manufcrits & des curiofités d'hiftoire naturelle. Le Lagman Suen Soelvefen a publié plufieurs écrits fur les lois, ainfi que le vice-Lagman Jon Olfen. Les prévôts Vegfus Jonffen & Geidlaud Thorgeirsson, ainsi que beaucoup d'autres, font connus par leurs productions de jurifprudence.

Hors de l'Iflande, vit encore actuellement le profeffeur & confeiller d'Etat M. Ericfen, connu par de favantes differtations fur les antiquités. Il eft un des membres les plus diftingués du collège de Magnæus à Copenhague. Arnas Magnaus, Torfaus & d'autres Iflandois, tant du fiècle précédent que de celui-ci, méritent également d'être cités parmi ceux dont le nom honore l'Iflande (a). Je parlerai d'eux un peu plus au long dans une autre lettre, où je traiterai particulièrement des antiquités Iflandoifes, & où je nommerai ceux qui ont le plus contribué à les faire connoître.

(a) Arngrim Jonflen, Gudbrands Thorlakfen, Théodor Thorlakfon, Jon Thorkelson Widalin, Jon Arnefon, Brynolphr Svenffon, méritent auffi d'être cités, ainfi que beaucoup d'autres,

Quant à la langue islandoise, elle est encore telle qu'on la parloit dans le neuvième fiècle en Suède, en Danemarck & en Norwège. Elle s'eft confervée prefque dans toute sa pureté primitive, de forte que tous les Iflandois entendent auffi facilement les plus anciennes Sagas, que nous (Suédois) entendons les écrits du temps de Charles IX, au commencement du dix - feptième fiècle (a). La révolution que

(4) Autant cette ancienne langue s'eft confervée dans fon état primitif, autant ont fubi de changement les langues des autres nations. L'exemple que je citerai des langues françoise & allemande, achevera de nous en convaincre. Le changement en eft fi confidérable, qu'il n'y a que des gens inftruits & lettrés des deux nations qui puissent comprendre la formule du ferment par lequel le fils de Louis le Débonnaire, en partageant les états que leur père leur avoit laiffés, s'engagèrent à une parfaite union, ainfi que le ferment de fidélité que les peuples prêtèrent à leur fouverain.

Serment de LOUIS.

» Pro Deo amur & pro Christian poble & noftro » commun falvament, distidi en avant, inquant Deus » favir & potir me dunat fi falvaris eo cift meon Fra» dre Karlo, & in adjudha & in cadhuna cofa, fi » cum om perdreit fon fradre Salvar, dift, ino quid » ilmi altre fi faret & ab Luther nul plaid nunquam

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