ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

faisant en même temps la défense la plus févère de vendre à l'étranger, ou de faire fortir de 'Iflande aucuns documens & anciens actes quelconques concernant le pays.

Mais une grande partie des anciens manufcrits Iflandois fe trouvoit dès ce temps-là à Stockholm & à Copenhague. Cette dernière Cour ne voyant pas de bon œil qu'il en fût paffé une fi grande quantité en Suède, Magnaus & Paul Widalin eurent ordre, en 1712, de venir d'Islande à Copenhague. Ils ramaffèrent fi foigneusement tout ce qu'il en reftoit, qu'il eft prefque impoffible aujourd'hui de trouver un manuscrit d'une feule Saga dans toute l'Islande. Ce fut avec beaucoup de peines & après des recherches infinies, que je parvins à acheter une copie de Sturlunga Saga, & encore étoitelle défectueuse.

Ce feroit en vain que l'on iroit en Islande pour faire des recherches de manufcrits Iflandois. Outre la précieuse collection qui en a été faite dans les archives de Suède, il y en a une confidérable dans la bibliothèque de l'université de Copenhague, donnée par Arnas Magnæus. Il s'en trouve auffi quelques collections moins importantes par leur nombre, entre les mains des particuliers.

J'ai déja fait connoître, dans les catalogues des Sagas Iflandoifes, celles qui ont été rendues publiques par l'impreffion. Dans le petit nombre de Sagas qui ont été imprimées en Iflande, celles de l'Imprimerie de Skallholt sont très-rares. La plus grande partie du reste a été publiée en Suède, mais pas toujours d'après les manufcrits les plus corre&ts. Olof Rudbeck l'aîné, Verelius, les deux Peringf kjöld, Rhenhjelm, Bjoerner, Salan, Brockman & d'autres, ne fe font pas moins acquis de renom par la peine & les foins qu'ils y ont mis. Aucune de ces diverfes éditions n'eft cependant à comparer, foit pour l'élégance, foit pour la critique, avec celle que le collège Magneen à Copenhague prend foin de publier, & dont la continuation eft defirée de tous les favans (a).

(a) Arnas Magnuffon, né en 1663`, à Kvennabrecke en Islande. Après avoir fait ses études pendant trois ans à Skallholt, il passa à Copenhague, où il devint l'ami intime de Thomas Bartholin, après la mort de qui il alla voyager en Norwège, en Allemagne & en France. Pendant fes voyages, il fut nommé, en 1690, profeffeur de philofophie à l'univerfité de Copenhague. A cette place il en joignit une autre, en 1701, par la nomination à la chaire des antiquités de cette même univerfité. En 1702, il alla par ordre du Roi

en Iflande, pour y redresser la Procédure, conjointement avec Paul Widalin. Ce fut en 1712 qu'il quitta pour la dernière fois fa patrie (l'Iflande). Il mourut à Copenhague en 1730, après avoir, par une difpofition teftamentaire, donné à l'univerfité de cette ville un fonds, dont les rentes devoient faire deux bourses (Stipendia) pour les Iflandois qui embrafferoient la partie des antiquités Iflandoifes. Il difpofa de fa bibliothèque en faveur de cette même univerfité, y joignit une fomme d'argent très-confidérable, qu'il deftinoit à la cenfure & à l'impreffion des écrits Iflandois. Rien n'avoit été exécuté de fa difpofition teftamentaire, avant 1772. Ce fut le 24 septembre de cette année, que le gouvernement de Danemarck chargea MM. Luxdorff, Suhm, Langbeck & Erichsson, auxquels furent joints MM. Kall & Moellman, de travailler conjointement, d'après l'inftruction du teftateur, & de publier annuellement quelque ouvrage utile. M. Finfon fut nommé fecrétaire, place qu'il n'occupe plus, étant employé dans l'état eccléfiaftique à Skallholt. Déja ces favans ont publié les Sagas de Kristnis, à Copenhague, in-8°, 1773; Iflands Landnama-Bok, in-4°, Copenhague, 1774; & de Gundlaug Ormftunga, in-4o, Copenhague, 1775. Ce travail fe fait avec toute l'acti vité & le goût qu'on peut attendre d'un auffi heureux choix de directeurs.

LETTRE XIV. *

A M. LE BARON AXEL DE LEYONHUFVUD,

Sur la Poéfie Iflandoife.

C'EST avec un vrai plaifir, Monfieur, que je

vais obéir à vos ordres, en vous difant quelque chofe de la poéfie Iflandoife. Je regrette feulement que mes connoiffances, trop bornées dans un fujet enveloppé d'épaiffes ténèbres, ne me permettent pas d'en donner des détails auffi circonftanciés que vous le defireriez, & qui conviendroient à l'importance de la matière. Je fens d'autant plus l'embarras où me met cette incapacité, que mes idées vont être foumises à la pénétration d'un vrai connoiffeur. Mais fi mes obfervations ne font pas dignes du fujet, elles feront au moins une preuve de mon empreffement à faire ce qui peut vous être agréable.

Quelque étrange que puiffe paroître d'abord

* Cette Lettre eft la dix-feptième dans l'original, & elle eft datée de Stockholm, le 12 feptembre 1775.

l'opinion de plufieurs favans, qui foutiennent que l'ufage d'écrire en vers eft antérieur en Europe à celui d'écrire en profe, fi on l'examine avec plus d'attention, on ne peut s'empêcher d'y trouver de la probabilité. Chez les Grecs & les Romains, les poëtes furent antérieurs aux plus célèbres hiftoriens ou orateurs. On peut fixer avec certitude l'époque où la profe commença chez les Grecs; mais il eft presque impoffible de déterminer l'âge de leur poéfie, qui remonte beaucoup au-delà du fiège de Troye & des jeux Olympiques. Il en fut de même chez les Romains; leur première pièce d'éloquence en profe, eft la harangue d'Appius Cacus au Sénat & au peuple Romain, vers la cent vingt-cinquième Olympiade. L'orateur les y exhortoit à ne pas écouter les propofitions de paix de Pyrrhus. Il n'est pas moins hors de doute que la poéfie étoit connue & cultivée chez les Romains bien long-temps avant ce temps-là

On en fera moins furpris, fi l'on confidère qu'il y avoit eu une infinité de belles actions dignes d'être confignées dans l'hiftoire & de paffer à la postérité, avant que l'on eût en Europe aucune connoiffance des caractères de l'écriture. Lorsqu'il s'agiffoit de fauver de l'oubli

« ÀÌÀü°è¼Ó »