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cette même lettre eft une confonne, il faudra que dans la première ligne ou hémistiche il y ait deux mots qui commencent par la même lettre. Si la lettre initiale en question eft une voyelle, les lettres initiales de ces deux mots du premier hémistiche, peuvent n'être pas toutes deux la même (a). Ainfi, dans la ftrophe que l'on vient de voir, l'initiale du mot alvaldur, comme rada quedandi, par rapport au premier hémistiche, produit l'effet fuivant. Dans ce premier hémistiche, les mots auftur & undann commencent chacun par une voyelle, licence permise quant aux voyelles, ainfi que nous venons de le voir. Dans le fecond vers, c'eft l'initiale de gunnhoerda qui eft dirigeante, & en conféquence vous voyez dans le premier hémistiche gagn & gunne. Dans le troifième vers, le fecond hémiftiche commence par fverd, duquel relèvent ou dépendent les mots flydurtungur & flingra du premier hémif

(a) Note de l'Editeur Allemand. Voyez le Mémoire de M. Thunman fur la Poéfie du Nord, page 543, dans le no 33 du Journal hebdomadaire de Hall, 1775. On trouve auffi une description fuccincte de ce genre de vers; elle eft de M. Lilliestrale, chancelier de juftice, dans le onzième volume des Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres de Stockholm, 1776, p. 14.

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tiche. Dans le quatrième vers, le mot gullvar pathi exige que dans fon premier hémistiche fe trouvent les mots gramur & grundu. Secondement, il fe trouve dans le premier hémistiche de chaque vers un skotthending, ou deux mots qui ont quelques consonnes semblables & des voyelles différentes. On voit dans le premier vers, loendum, undann; dans le fecond, hann, gunn; dans le troifième, flydurtungur, flingra dans le quatrième, fende, grundu. Mais dans le fecond hémistiche de chaque vers, il y a un adalhending, où deux mots fe trouvent avoir quelques confonnes & quelques voyelles femblables par exemple, dans le premier vers, alvald, skáldum; dans le fecond, gunhoerda, moergum; dans le troifième, fverd, ferdar; dans le quatrième, gullvarpathi, fnarpann.

Il n'y a pas un couplet ou ftance qui, comme la ftrophe rapportée le fait voir, ne confifte en trente mots, & dont il n'y ait plus de la moitié arrangés & placés de manière à n'y pouvoir fouffrir le moindre changement ou tranfpofition, fans faire un total renverfement du vers. Ces hendingar ou confonnances le trouvent pour l'ordinaire dans le premier & le dernier mot de chaque hemiftiche ou ligne. Il arrive cependant quelquefois qu'un de ces mots con

fonnans eft placé dans le milieu de la ligne, comme le mot loendum dans le premier vers du premier hémistiche.

Les anciens Scaldes regardoient cette confonnance comme une des plus grandes beautés de leur poéfie, & elle ne devoit pas manquer de figurer dans un poëme en règle. Plus on y trouvoit de ces confonnances, plus la poéfie approchoit du dernier degré de perfection.

Elles leur fervoient de guide, même quand il chantoient leurs hymnes. On remarque quelque chofe de femblable chez les poëtes Latins, comme dans Virgile.

Tales cafus Caffandra canebat.

Et dans un autre :

Dum dubitat natura, marem faceretve puellam,
Natus es, ô pulcher, pène puella, puer (a)!

Boxhorn a remarqué (b) que Giraldus Cambrenfis rapporte que ce même ufage avoit été adopté chez les anciens Cambres ou Gaulois,

(a) Note du Traducteur. En voici un exemple dans un distique François, placé fous un portrait de la Chevalière d'Eon:

Belles, que vos amours embelliffent l'Hiftoire;
Le beau fexe en d'Eon s'embellit par la gloire.

(b) Origines Gallica, page 66.

ainsi que parmi les Anglois. Chez ces deux nations, rien ne paffoit pour bien dit, que ce qui étoit arrangé d'après cette profodie. Les Cambres difent:

Diagaw duw da y unic.

Wrth bob ctybwylb parawd.

Et les Anglois difent:

God is together gammam and wisdom.
(Deus eft fapientia & veritas. )

David Rhaefus, dans fa Grammatica Cambro-Britannica, ouvrage aujourd'hui très-rare, qui fut imprimé à Londres, en 1598, in-fol. appuie cette affertion. Dans plufieurs paffages de cette poéfie , on a remarqué bien de la reffemblance avec les hendingar des Islandois. On obferve le même goût pour les confonnances dans la poéfie Finnoife.

Mais revenons à notre fujet. Quoiqu'on ne trouve dans aucun de nos anciens poëmes des vers rimés, on peut affurer que les rimes étoient en ufage avant l'introduction du chriftianisme en Islande (a). C'est à tort qu'on attribue à

(a) Note de l'Editeur Allemand. Le poëme de Charles & de Grim, avec celui de Hjalmar, qu'on trouve dans les Kapedater, font rimés. On voit auffi des vers rimés plus anciens que ces poëmes dans la Saga d'Olof Tryggvafon, qui fut tué l'an 1000 dans un combat

Skule

Skule Ejnarfon d'avoir introduit la rime, dont l'ufage eft aujourd'hui fi généralement adopté, qu'à l'exception de l'Angleterre qui tient à fes vers blancs, il n'y a guère de nations en Europe où on aime des vers qui ne foient pas rimés. I

L'art de rimer, qui, bien loin d'être un point effentiel à la poéfie & même de lui être utile, eft felon moi une entrave de plus pour fes progrès, nous eft venu des anciens Scaldes du nord. Il ne fe borne pas à l'Europe feule, cat on rime prefque par-tout, ce qui fait que le nombre des verfificateurs augmente à mefure que celui des poètes diminue. Baretti rapporte qu'à Madrid il a entendu une ode mofambique, en rimes, chantée par des Nègres. Gages en dit autant des habitans du Mexique; &, fuivant Niebuhr, les Arabes font de très-grands rimeurs.

P:

naval, près des îles Svoldes. Voyez les Mémoires de l'Académie des Belles Lettres de Stockholm, t. II, 16. Hjalti, Iflandois, dans la Satyre qu'il a écrite, en 999, fur Odin & Freja, a employé la rime: ainfi M. Dalin eft dans l'erreur en avançant qu'Einar Skulefon, poëte à la cour de Norwège vers le milieu du douzième fiècle, y avoit le premier introduir l'ufage des vers rimés.

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