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hardes dans lesquelles ils aient tranfpiré. Lorfque la maladie eft au point que la matière qui coule de la peau foit devenue corrofive, & ronge la peau ainfi que la chair, alors la contagion n'eft plus douteufe, & il est dangereux même d'approcher du malade.

L'elephantiafis portée à fon dernier période eft incurable, de l'aveu de tous les Médecins, tant anciens que modernes. Il eft donc trèseffentiel d'y veiller dès le commencement, & d'observer avec foin tous les indices qui 'annoncent, pour en prévenir les dangereuses fuites.

Dans de telles-circonftances, fi on fe trouve dans un pays où la maladie exerce réellement fes ravages, ou bien fi on craint d'en porter en foi le germe, foit d'héritage, foit par fa propre faute, il faut adopter le régime propre à la détruire, & éviter avec foin tout ce qui peut la provoquer, ou difpofer le corps à prendre la contagion. Il faut fur-tout beaucoup de propreté, changer fes hardes quand elles fe trouvent mouillées, ne prendre que des nourritures légères, de facile digeftion, s'abftenir de la chair huileufe & rance de baleine, &c. On ne doit pas non plus manger du poiffon à demi pourri, pas même les inteftins & le foie des poiffons

fur-tout en putréfaction. Le malade doit s'aftreindre à ne manger que du pain, des racines, des légumes, des choux, des raves, & à la falade de la gentiana campeftris, rumex acetofa de Linné, (ofeille) & rumex crispus, &c. Il lui faut des bouillons de viande fraîche avec du cochlearia, (herbe anti- fcorbutique ) fedum acre, &c. Il faut boire des décoctions de genièvre, prendre auffi le genièvre en fumigations ou bains fecs, &c. Les antimoniaux font auffi trèsbons; la mixture mercuriale de Van Swieten; les pilules d'extrait conie, (la ciguë) pilule alterantes Plumerii, & Ledum paluftre, &c. J'ai eu le plaifir de voir une fille dans la paroiffe de Wefter - Haninge, (en Sudermanie) qui avoit été attaquée en 1774 de cette maladie, & qui en fut guérie par un long ufage de l'effentia antimonialis de Huxham, avec une tifane d'herbes anti-fcorbutiques.

Il est aifé de voir que cette maladie, ainsi que toutes les autres, attaque plus volontiers la claffe d'hommes dans la mifère, & qui est par conféquent hors d'état de s'en garantir par le régime. Les pauvres, moins fenfibles aux maux, traînent la maladie long-temps avant de confulter le Médecin ; & lorfqu'ils le confultent, les moyens leur manquent pour fuivre avec

exactitude ce qu'il leur prefcrit. Quelques-uns, attaqués de cette maladie, s'en font trouvé guéris après avoir eu la petite-vérole. D'après cela, on a lieu de croire que l'inoculation pourroit être d'une grande utilité pour ceux qui font atteints de l'elephantiafis, & qui n'ont pas eu la petitevérole auparavant.

Quelques malades venus de l'Islande pour s'établir à Copenhague, y ont été guéris. Avant de finir, je ne dois point paffer fous filence que le do&eur Thomas Heberden eft jufqu'ici le feul Médecin qui foit connu pour avoir guéri l'elephantiafis à fon dernier période. Cette cure fut faite dans un espace de moins de cinq mois. Voici quel fut fon procédé : il mêla ensemble une once & demie de quinquina pulvérisé, une demi-once de pulvis corticis radicis faffafras, en y ajoutant la quantité néceffaire de firop fimple, pour faire de toute la maffe un électuaire. Il en fit prendre à fon malade deux dofes par jour, chacune de la groffeur d'une mufcade. Il fit auffi un mélange de huit onces d'eau-de-vie, une once de lixivium tartari, & deux onces de fel ammoniac, dont fon malade fe frottoit les bras & les jambes matin & foir. En même temps il fit mettre les véficatoires entre les épaules. Cette méthode lui a réuffi parfaitement, & la

guérison eft venue au bout de cinq mois, après avoir pendant sept ans fait prendre inutilement l'antimoine & le mercure, &c. Mais je me fuis trop étendu fur un objet auffi dégoûtant.

» Sed quænam medela excogitari poterit, » quæ elephantem tam ingens malum expugnare » digna fit ? »

ARETE US.

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LETTRE XIX. *

A M. LE CHEVALIER BERGMAN,

DE

Sur les effets du feu en Islande.

E retour, Monfieur, d'une très-agréable campagne que j'ai faite cet été en Islande & aux îles Orcades, c'eft avec le plus fenfible plaifir que je vais vous donner de mes nouvelles.

Vous devez vous fouvenir, Monfieur, que l'amirauté d'Angleterre avoit fait manquer à MM. Banks & Solander lé voyage autour du monde, qu'ils étoient fur le point d'entreprendre au printemps dernier, (1772) d'après des ordres du Roi & les réfolutions du Parlement.

Pour ne point perdre les deffinateurs & autres artistes choifis par eux, qui devoient les accompagner dans la mer du fud, ils convinrent de faire une autre expédition, & leurs vues fe tournèrent du côté de l'Iflande. Quoique je fuffe

* Cette Lettre, qui eft la première dans l'original, a paru en 1773, dans la Gazette Littéraire d'Upfal, numéros 3, 4, 5, 6, 7 & 8.

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