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Cette pierre fe montre dans la montagne de Klockeberg, dans le Sneefieldsna-Syssel, d'une manière toute différente de tous les autres endroits de l'Iflande. Les colonnes qui couvrent la cîme de la montagne, font dans une direction horizontale; vers le milieu elles font en talus & au pied elles font dreffées perpendiculairement, & dans quelques endroits courbées en demi-cercle (a), ce qui paroît indiquer une action du feu très-violente fur les colonnes, lorfqu'elles avoient déja pris confistance; car prefque par-tout, ou au moins dans bien des endroits, ces colonnes font abfolument perpendiculaires; & il eft vifible par leur conformation & leur pofition, que le feu les a fait fendre dans la direction perpendiculaire.

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Quant à la matière qui compofe les bafaltes d'Islande, elle eft dans beaucoup d'endroits la même que celle des colonnes de Staffa; dans d'autres, elle est plus poreufe, tirant fur le gris. Un Naturaliste curieux & attentif, qui auroit le temps & les talens néceffaires, trouveroit peut-être en Islande les différentes gradations entre la lave la plus groffière & les colonnes du bafalte le plus fin. J'ai vu à Videy de très

(4) Eggert Olafsen, pag. 312.

folides bafaltes, d'un gris noirâtre, compofés de plufieurs jointures. A peu de diftance de cet endroit, j'ai vu à Laugarnæs, fur le bord de la mer, une forte de pierre poreuse & comme luifante, qui devoit être de la lave, mais dont les parties étoient fi confuses, que j'ai été longtemps dans le doute fi je devois les regarder comme des colonnes; je reconnus pourtant à la fin, ainsi que mes compagnons, qu'elles en étoient. Mais je ne veux point entamer l'examen de la matière qui compose ces colonnes, ni de leur formation, que je ne me fois acquitté de la promeffe que je vous ai faite d'une defcription de l'île de Staffa (a).

Par un heureux hafard nous avons été les premiers qui ayons examiné avec quelque attention cette merveille de la nature. Au nombre de tous ceux qui ont publié des descriptions de l'Ecoffe, il n'y en a aucun qui ait fait mention

(a) Dans le Pennants Tour in Scottland and Voyage to the Hebrides, 1772, Chester, in-8. il se trouve une partie du journal de M. Banks, relativement à l'île de Staffa, avec quelques gravures. Ce livre étant peu commun en Suède, & M. Banks ayant bien voulu me faire tenir les deffins avant qu'ils fuffent gravés, il est à propos de donner place ici à ce morceau,

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de ces colonnes, à l'exception de Buchman, qui encore n'en a prefque rien dit. M. Thomas Pennant, Naturalifte renommé par fon zèle infatigable & par fes connoiffances, fit auffi, dans la même année que nous fùmes à Staffa, une tournée en Ecoffe pour examiner les curiofités naturelles du pays. Les vents contraires l'empêchèrent d'aller à Staffa. Nous aurions de même manqué d'y aller, fi la marée, qui est très-forte entre les îles occidentales de l'Ecoffe, ne nous eût obligés pendant que nous faisions route vers l'Islande, dans la nuit du 12 au 13 août, à jeter l'ancre dans le détroit qui fépare l'île de Mull d'avec le continent Morvern, vis-à-vis de Drummen, habitation appartenante à M. Maclean. Nous fùmes auffitôt invités d'y defcendre le lendemain, & on nous en preffa avec ces graces qui caractérisent l'hospitalité des habitans de l'Ecoffe fupérieure.; Nous y déjeûnâmes avec M. Leach, qui se trouvoit alors chez M. Maclean. Il nous donna plufieurs détails fur ces colonnes, qu'il avoit vues quelques jours avant. La curiofité qu'avoit M. Banks de les connoître de plus près, lui fit faifir avec empreffement l'offre que nous fit M. Leach de nous accompagner à Staffa. Nous nous mîmes le même jour dans la chaloupe de notre vaiffeau,

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& nous arrivâmes à Staffa à 9 heures du foir. Il n'eft point d'étonnement qui puiffe fe comparer au nôtre ; & jamais la plus ardente curiofité ne fera plus fatisfaite, que lorsqu'en fortant le lendemain à la pointe du jour nous vîmes le merveilleux & fuperbe fpectacle que la nature développa à nos regards.

Si l'art excite notre admiration lorfque, fans s'écarter des règles qui lui font prefcrites, il obferve un ordre & une régularité qui frappe la vue & lui plaît; combien ne devons-nous pas être furpris en voyant la nature elle-même fe complaire à une régularité infiniment fupé rieure à tout ce que l'art a jamais produit de plus beau dans ce genre? Un fpectateur attentif ne fera pas moins émerveillé, lorfqu'il confidérera combien le génie fe trouve borné en effayant d'imiter la nature dans fes grandes & impofantes productions; & quelque perfuadés que nous foyons que la nature eft la mère de tous les arts, & quoique nous ne reconnoiffions en eux quelque degré de perfection, qu'autant qu'ils parviennent à la reffemblance de la nature, cependant nous imaginons quelquefois qu'elle pourroit aller plus loin, fuivant les règles prefcrites par l'architecture.

Combien les portiques des anciens ne brillent

ils point à nos yeux par la magnificence étalée dans les defcriptions qu'on en a faites, & combien ne fommes-nous pas faifis d'admiration en voyant les colonnades de nos édifices modernes! Mais quand on a vu la Grotte de Fingal, formée par la nature dans l'île de Staffa, il n'eft plus poffible d'établir de comparaifon ; & on eft forcé de convenir que ce morceau d'architecture, exécuté par la nature, furpaffe de beaucoup celui de la colonnade du Louvre & celui de S. Pierre à Rome, & même encore ce qui nous refte de Palmire & de Paftum, & tout ce que le génie, le luxe & le goût des Grecs a pu inventer.

L'île de Staffa (a) eft à l'ouest de l'île de Mull, à trois lieues N. O. de celle de Jona ou Columbkill. Elle a de lieue de Suède en

(a) Note de l'Editeur Anglois. Le description de Staffa, par M. Banks, communiquée par ce savant à M. Pennant, qui l'a inférée dans fon Tour in Scottland and Voyage to the Hebrides, en 1772, eft trop curieufe pour ne pas trouver place ici. Intéreffante en ellemême, elle aura encore le mérite de rendre justice à l'exactitude & à la fidélité avec lesquelles M, de Troil, Auteur de ces Lettres, a traité les différens objets qu'elles contiennent. L'Editeur fe fait un plaifir de joindre cette pièce à la fin de cette Lettre.

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