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Tandis que la religion d'un côté les forçoit à s'abftenir de piraterie, & contraignoit leur goût pour les expéditions militaires; de l'autre, le pouvoir leur en étoit ôté egalement par l'autorité temporelle, qui ne leur avoit point laiffé la force néceffaire pour entreprendre de pareilles expéditions. Depuis cette époque, on ne voit plus d'exemples de leurs exploits héroïques, ou qui reffemblent à ce qui nous a été tranfmis par leurs anciennes Sagas. Les Iflandois de nos jours préfèrent à la guerre la pêche & l'éducation des beftiaux.

Ces peuples (a), quoique d'une taille moyen ne, font bien faits; mais ils n'ont pas beaucoup de force. Il n'eft point commun en Islande de voir de jolies femmes. Les hommes y ont quitté, il y a long-temps, l'ufage de porter leur barbe, quoiqu'on les voie représentés avec une barbe dans le Voyage d'Iflande, par Eggert Olaf ffon. C'eft plutôt un habitant de Sondmoer en Norwège, qu'on a voulu peindre, qu'un Iflandois (b).

(a) Je ne me rappelle point d'avoir vu aucun Iflandois boffu ni contrefait.

(b) Il faut cependant faire une exception. Les habitans d'Omundfjord, ainfi que quelques familles au

Les vices font moins connus parmi les Islandois, que dans les pays où le luxe a corrompu les cœurs. On entend rarement parler de vol en Iflande. Quoique les Iflandois en général n'aient pas de penchant pour la débauche, il y a pourtant quelques exemples d'amendes infligées à plufieurs reprises contre des habitans dont les mœurs étoient trop scandaleufement déréglées.

Quoique la pauvreté des Islandois les mette hors d'état d'imiter dans tous les points l'hofpitalité de leurs ancêtres, le defir n'en exifte pas moins dans leurs cœurs. Ils trouvent du plaifir à donner, fuivant la courte mesure de leurs moyens ; & on voit la joie se peindre fur leur vifage, quand on veut bien accepter leurs dons. Leur manière de témoigner une grande affection en entrant dans une maison, eft d'embraffer tout le monde qui s'y trouve. Ils font

nord de l'île, portent encore la barbe. Un certain Benedict (Benoît ), à Fnioskadal, eft renommé pour fa grande barbe. Entre 1740 & 1750, il arriva à Sneefelds Jokul, que de deux frères qui avoient à partager entre eux la fucceffion de leur père, l'un d'eux, nommé Helge, céda quatre rixdales à fon frère pour avoir feul le droit de porter barbe, droit qui appartenoit au défunt.

ferviables; ils ont beaucoup de bonne foi dans leurs procédés. Les Iflandois font enfin extrêmement attachés & foumis à leur fouverain (a), & non moins zélés pour la religion (b); mais A faut avouer qu'il y entre quelque peu de · fuperftition. Ils font extrêmement attachés à

(a) Pour prévenir la contrebande, il eft défendu, fous une peine févère, à tout vaiffeau étranger d'entrer dans aucun port de l'île, ainsi qu'aux habitans de les y introduire. A notre arrivée nous fûmes obligés de forcer, pour ainfi dire, un Islandois, de venir à bord pour nous fervir de pilote. Nos careffes & les préfens que nous lui offrîmes, ne purent point l'y déterminer. Il conduifit même notre vaisseau dans un endroit moins sûr, d'où il ne nous tira qu'après qu'il eut reçu du Stifts-amtman l'ordre de nous mener à un bon port. Sur la demande qui lui fut faite de la raison qui l'avoit empêché de nous y mener tout de fuite, il répondit qu'il se seroit plutôt fait hacher en pièces, que de défobéir aux ordres du Roi. On prétend que les habitans de la côte feptentrionale de l'île ne font pas tout-à-fait si soumis, & font moins fcrupuleux.

(b) Jamais un Islandois ne paffe de rivière ou d'autre chemin où il peut y avoir quelque danger, fans ôter fon chapeau & implorer la protection divine. Il en fait autant après être paffé, pour rendre graces au Ciel de ce qu'aucun malheur ne lui eft arrivé.

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leur

pays, & ne fe trouvent heureux nulle part que chez eux. Il eft fort rare qu'un Islandois s'établiffe à Copenhague, quelques avantages qu'on puiffe lui offrir (a).

(4) La Providence a fagement difpofé le cœur humain, en lui donnant un amour pour le fol qui l'a vu naître, pour empêcher que les pays les moins favorifés de la nature ne deviennent des déferts. On peut avancer avec quelque certitude, que l'attachement pour le pays où l'on eft né, augmente à proportion que ce même pays eft moins favorifé que d'autres des bienfaits de la nature. La maladie de pays s'empare rarement d'un François, tandis que prefque tous les Suédois s'en reffentent. L'habitant de la Scanie (riche & belle province de Suède fous un ciel fort doux) mange fa bouillie (mets favori de cette province) avec le même plaifir, quelque part qu'il fe trouve; au lieu que celui d'Elfvedal & de Saerna (en Dalécarlie), préfère de manger le pain d'écorce dans fa province, à la nourriture la plus délicate des provinces méridionales de la Suède. Il y a un vœu commun à tous les Suiffes; c'est celui de mourir dans leur pays. Il est arrivé dans la dernière guerre, qu'un Suiffe de l'armée françoise chantant devant fes compatriotes une certaine chanfon qu'ils avoient entendue dans leur enfance en Suiffe, la maladie du pays gagna prefque tout le corps. Le commandant fut obligé de donner les ordres les plus févères pour que cette chanson ne fût jamais chantée

On ne peut pas accorder aux Islandois beaucoup d'induftrie. Ils ne veulent que fuivre leur routine dans tous leurs travaux ordinaires, fans fonger à aucunes améliorations. C'est la faute en partie du Gouvernement, qui, ne connoiffant pas affez le pays, n'a pas pris les mefures néceffaires pour y encourager l'industrie.

Dans la converfation, les Iflandois ne brillent point par leur gaîté. Ils font d'une grande fimplicité, & faciles à perfuader. Ils boivent un coup avec plaifir, quand l'occafion s'en préfente; & même on pourroit les dire adonnés au vin, quoique à cet égard ce ne soit point chez eux un vice général.

Quand ils fe trouvent plufieurs ensemble, ils paffent leur temps à la lecture de leur hiftoire (Saugu-lefteer). Le maître de la maison lit le premier, & fe fait relever par les autres tour-à-tour, lorfqu'il eft fatigué. Il y en a qui favent ces histoires par cœur ; d'autres les lifent

dans l'armée. Cela fera toujours l'étonnement de ceux qui ne veulent connoître d'autre bonheur que celui qui vient du luxe & de la volupté; mais qu'ils fe rappellent le beau paffage de Sénèque: Ulyffes ad Ithaca fuæ faxa fic properat, quemadmodum Agamemnon ad Mycænarum nobiles muros ; nemo enim patriam amat quia magna, fed quia fua.

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