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on eft plus habitué à l'anglois, & on le parle mieux qu'en nul autre endroit de l'Ecoffe. Il y a en Irlande, ainfi que dans la principauté de Galles & dans la Bretagne, un diale&te particulier de cette langue. La différence n'eft pourtant pas très-grande, puisqu'un bas-Breton feroit entendu d'un Galois ou d'un Ecoffois, & refpe&tivement. Si je poffédois parfaitement la langue de la Dalékarlie, je pourrois effayer de fixer fa reffemblance avec la langue Erfe. Je crois avoir remarqué entre elles deux beaucoup de rapports.

On trouve ici plufieurs veftiges d'antiquité: des châteaux, des remparts, des lieux de fépultures (Aettehoegar), des monumens ( Bautafteinar), &c. Les habitans y font extrêmement honnêtes. L'hofpitalité n'eft pas une de leurs moindres vertus. J'ai obfervé dans leurs mœurs beaucoup d'usages qui approchent de ceux de Suède; tels que les réjouiffances du rer. de mai, &c. (a)

(a) Note de l'Editeur Anglois. Le 1er de mai est appelé War Fru Dag, (jour de Notre-Dame). La nuit qui précède ce jour, les forciers font cenfés fe retirer à Blakulla, montagne fabuleufe prife pour l'Enfer. On croyoit autrefois en Allemagne que c'étoit à Blokberg ou Brocken, montagne contigüe à la forêt de Hartza

Nous laiffàmes ces îles, & nous continuâmes notre route jufqu'au 28 août (1772), jour de notre mouillage à Beffeftedr en Iflande, où fut jadis la réfidence du célèbre Sturlefon. Ici nous crûmes être dans un nouveau monde, où des reftes effrayans d'anciennes ruines avoient pris la place de ces rians côteaux qui avoient tant charmé notre vue, & que nous venions de quitter. Que l'on fe figure un pays, qui d'une extrémité à l'autre n'offre que des montagnes pelées, dont la cime est toujours enfevelie sous des neiges. Les plaines font coupées par des rochers vitrifiés, dont les fommets extrêmement pointus dérobent à la vue le peu d'herbes qui croît dans les intervalles. Les maisons dif

que les forciers fe réfugioient. C'est à peu près vers le mois de mai que le printemps commence en Suède; c'eft auffi à cette époque que l'on reprend les travaux de la campagne & le labour de la terre : le temps de la fénaison, celui de la moisson se succèdent de près; &, comme il faut que le laboureur prenne des forces, le 1er de mai eft confacré à la table & à Bacchus. De-là vient le di&ton : Man maste dricka marg i benen, Il faut boire pour faire venir de la moëlle dans les os & prendre de la force pour travailler. Le 1er de mai étoit fêté autrefois en Suède; il n'y a que depuis quelque temps que cette fête eft fupprimée.

perfées ça & là, font cachées derrière ces mêmes remparts, fans qu'il s'y trouve un feul arbre qui puiffe fervir aux rendez-vous de l'amitié ou des innocens plaifirs. Cette efquiffe ne vous fera fûrement point naître l'envie d'aller vous établir en Iflande. J'avoue qu'en y abordant on a de la peine à s'imaginer que ce n'eft pas un défert; mais on eft bientôt convaincu du contraire, en voyant les rivages bordés de bateaux.

peu

Quoiqu'il n'y ait prefque aucun pays auffi favorifé de la nature, & où elle se montre fous une forme plus hideufe, on compte encore en Islande à peu près foixante mille ames. S'il eft vrai qu'on n'y connoiffe point ce qui, dans d'autres pays, porte le nom de bonheur, on n'y eft cependant point malheureux. C'est le jugement que j'ai porté de la condition de ce peuple, au milieu duquel j'ai paffé près de deux mois dans la plus grande fatisfaction, occupé à contempler la nature fous un de fes afpects les moins connus, & à me procurer des détails relatifs aux habitans, à la langue & aux mœurs du pays, &c. &c.

J'ai fait part à M. le chevalier Bergman (a) des curiofités naturelles, & je me flatte qu'il

(a) Lettre XIX dans ce nouvel ordre.

ne fera pas de difficulté de vous communiquer ma Lettre. Je me bornerai en conféquence à vous entretenir des Iflandois, de leur langue & de leurs mœurs.

Le neuvième fiècle eft, comme vous le favez, l'époque où l'Iflande a eu fes premiers habitans; elle fut peuplée par les émigrations de la Norwège, qui entraînèrent beaucoup de Suédois. Le peuple Iflandois jouiffoit depuis long-temps de la plus parfaite liberté dans ce coin du monde, lorsqu'enfin il fuccomba sous la puiffance des rois Norwégiens. Affociés ainfi au fort de la Norwège, les Islandois ont paffé par la fuite fous la domination du Danemarck. L'adminiftration de l'Iflande fut d'abord confiée à un amiral, qui faifoit tous les ans une tournée dans le pays; mais depuis quelques années cette forme d'administration eft changée, & il y a préfentement en Islande un gouverneur (Stifts-amtman) qui y fait fa réfidence. Celui qui occupe aujourd'hui ce pofte est ce même M. Lars Thodal, qui étoit député de Danemarck pour la démarcation des frontières entre la Suède & la Norwège, & qu'on a vu plufieurs années à Stockholm.

Les Islandois font généralement bons & honnêtes, mais en même temps d'un caractère fi

férieux & fi trifte, que je ne me souviens pas d'en avoir vu rire un feul. Ils ne font pas fi forts & fi vigoureux qu'on le croiroit ; & leur phyfionomie n'a rien de beau. Leur principal amufement, dans leurs momens de loifir, eft de se raconter entre eux les hiftoires du vieux temps; ce qui fait qu'il n'y a point d'Islandois qui ne fache parfaitement l'hiftoire de fon pays. Ils connoiffent auffi l'ufage des cartes, & leur jeu le plus ordinaire approche du Lanter (a).

Les maisons, qui font bâties de lave & couvertes de gazon, font fi petites, qu'à peine peuton s'y retourner; elles n'ont de plancher que la terre, & rarement y trouve-t-on des fenêtres vitrées. Au lieu de verre, les Iflandois fe fervent de l'épiderme des animaux. Ils ne font point ufage. de cheminées, parce qu'ils n'allument jamais de feu que pour apprêter leur manger on arrange pour lors des tourbes à terre, & on y met le feu. D'après cette description, vous concevrez aisément que nous n'avons trouvé d'autres logis que des boutiques de marchands, & que dans notre voyage au mont Hecla, nous avons été contraints de paffer la nuit dans des églifes.

(a) Sorte de jeu fuédois.

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