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DIALOGUE

DE PROTÉE ET DE MENELAUS.

MENELAUS.

JE

E ne trouve pas étrange, Protée, qu'un Dieu marin, comme toy, fe change en eau, ni mefme en plante; mais de devenir feu, cela me paroift incomprehenfible: car encore pour Lion, cela fe pourroit mieux fouffrir.

PROTÉE. Il ne laiffe pas d'eftre trèsveritable, Menelaus.

MENELAUS. Je le fçay bien; car j'en fuis témoin moy-mefme: mais pour ne t'en point mentir, je croy qu'il y avoit de la tromperie, & que tu es un Charlatan, qui fais des tours de paffe-paffe.

PROTÉE. Quelle tromperie y peut-il avoir en des chofes fi évidentes? Que fi tu en doutes, tu n'as qu'à y mettre la main, tu fentiras bien-toft la chaleur.

MENELAUS. L'experience en feroit un peu dangereuse.

PROTÉE. Ne fçais-tu pas ce qui arrive au Polype, de prendre la couleur des chofes aufquelles il s'attache ; de forte que les pescheurs mefmes ont de la peine à le difcerner.

MENELAUS. Je l'ay ouï dire; mais je trouve ce que tu fais bien plus incroyable. PROTÉE. A qui croiras-tu, fi tu ne crois à tes yeux ?

MENELAUS. Je l'ay veû, & demeure encore incredule; car je ne puis concevoir comment une mesme chose peut eftre le feu & l'eau.

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DIALOGUE

DE PANOPE ET DE GALÉNÉ.

PANOPE. V

Is-tu hier ce que fit la
Difcorde en Theffalie,

aux nopces de Thetis & de Pelée. GALÉNÉ. Je n'y eftois pas ; car Nep tune m'avoit commandé de tenir la mer calme mais encore que fit cette querelleufe ?

PANOPE. Comme Neptune & Amphi trite eftoient allé coucher la mariée, & que les uns beûvoient, & les autres danfoient aux chanfons d'Appollon & des Mufes, la Difcorde indignée de ce qu'elle n'avoit pas efté priée au feftin, jetta dans la falle

Danfoient. Cela y vient mieux, qu'applaudir ou écouter.

une pomme d'or, qui alla tomber, comme à deffein, aux pieds de Venus, de Pallas. & de Junon. Mercure l'ayant amaffée, vit qu'il y avoit écrit autour: C'est pour la plus belle. Les Nymphes, comme nous, se teûrent; car qu'euffent-elles fait en la préfence de trois grandes Divinitez! Mais ces Déeffes commencerent auffi-toft à s'entrequereller pour l'avoir: & fi Jupiter, qui eftoit préfent, ne leur euft impofé filence, je crois qu'elles en fuffent venues aux mains. Il ne voulut pas neanmoins décider leur differend, & les renvoya à Pâ ris, pour les juger.

GALÉNÉ. Et qu'en est-il arrivé ? PANOPE. Je n'en fçay rien; mais il est aifé à juger, que nul ne remportera le prix de la beauté, que celle qui en eft la Déeffe.

Les renvoya à Paris. C'eft affez de cela icy: le refte eft expliqué

tout au long dans le Dialogue du Jugement de Pâris.

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DIALOGUE

DE NEPTUNE, D'UN TRITON,
ET D'AMY MONE.

LE TRITON.

UNe

Ne belle fille vient tous les jours puifer de l'eau dans le Lac de Lerne. NEPTUNE. Eft-ce quelque esclave, ou quelque perfonne de condition?

LE TRITON. C'est une des cinquante filles de Danaus ; car il les traite fort rudement, & les contraint de travailler de leurs mains.

NEPTUNE. Mais vient-elle feule? il y a bien loin de-là à Argos où elle de

meure.

LE TRITON. Seule fi-bien qu'il faut qu'elle ait toûjours la cruche à la main; car tu fçais que la Ville est fort alterée.

NEPTUNE. Tu me donnes envie de la voir; Atelle mes chevaux à mon Char; ou plûtoft améne un des Dauphins de mon écurie, ce fera plûtoft fait. C'à que je monte, n'abandonne point l'étrier ; & lorf

N'abandonne point cecy, comme d'une Pétrier. Je me fers de phrafe Françoise, qui

que nous ferons arrivez, je me mettray en embufcade, tandis que tu feras le guets mais ne manque pas de m'avertir, lorfque tu la verras paffer.

LE TRITON. La voilà qui vient. NEPTUNE. Dieux ! qu'elle est belle, & en la fleur de fon âge! Donnons.

AMYMONE. Aux voleurs : c'eft, fanis doute, quelque Pirate que mon oncle a envoyé pour nous trahir, ou quelqu'un de ceux qui enlevent des filles, pour les vendre. Au fecours. Laiffez-moy, ou j'ap pelleray mon pere.

LE TRITON. Taifez-vous, belle Amymone, c'eft Neptune.

AMYMONE. Que me veut faire ce mé chant? Et pourquoy me traifne-t-il dans la mer?

NEPTUNE. Ne craignez rien, je ne vous feray point de mal; & de toutes

fignifie, demeurer tou- | fais parler une langue jours près du Cheval, qui n'eft née que plus fans me mettre en pei- de cinq cens ans après ne s'il avoit des é-fa mort : il ne faut pas

Υ

triers de ce temps-là; car je parle François, & non pasGrec,& mefme la langue Françoise n'eftoit pas encore au monde du temps de Lucien, fi bien que je le

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examiner les chofes à la rigueur, dans tour ce qui tient lieu de reprefentation comme Comedie, Traduction, Cartes, &c.

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