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plus grand Seigneur qu'Ulyffe, & tous les autres, hormis ce faquin, à qui j'ay fauvé mille fois la vie.

AGAMEMNON. Il s'en faut prendre à Thetis, qui les vint expofer en public, comme fi chacun euft eu droit d'y prétendre ; au lieu de te les donner comme à fon coufin germain.

AJAX. Je ne devois m'attaquer qu'à celuy qui me les conteftoit.

AGAMEMNON. Mais Ulyffe eft excufable, s'il a eu de la paffion pour la gloire, dont tous les honneftes gens font amoureux; & tu fçais qu'il remporta la victoire, au jugement mefme de nos ennemis,

AJAX. Je fçay bien qui en fut la caufe; mais il ne fe faut pas attaquer aux Dieux. Toutefois, je n'aimerois pas Ulyffe,quand mefme ils me le commanderoient.

DIALOGUE

DE MINOS ET DE SOSTRATE.

MINOS.

Q

U'on plonge ce voleur dans le Phlégéton,&qu'on faffe déchirer ce Sacrilége à la Chimere. Pour

ce Tyran,qu'on l'étende tout de fon long près de Tytie, pour eftre rongé comme luy des Vautours; mais vous autres, belles Ames, allez aux Champs Elifées, cueillir le fruit de vos bonnes.actions.

SOSTRATE. Je n'ay que deux mots à dire, s'il plaift à Minos de m'écouter. MINOS. Que je t'écoute, méchant ! comme fi tu n'eftois pas convaincu d'avoir tué & volé fur les grands chemins!

SOSTRATE. Il eft vray; mais il faut voir fi j'ay mérité pour cela d'eftre puny. MINOS. Comment? Ne faut-il pås rendre à chacun felon fes oeuvres ?

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SOS TRAT E. Les Deftins ne l'avoient-ils pas ordonné comme ils or donnent tout le bien & le mal qui se fait au monde?

MINOS. Il eft certain que nous fommes tous fujets aux Loix des Parques,qui prefcrivent à chacun ce qu'il doit faire, dès le point de fa naiffance.

SOSTRATE. Mais quand on tuë quelqu'un par l'ordre d'un autre, qui eft proprement l'auteur du meurtre ?

MINOS. Celuy qui l'a commandé car l'autre n'en eft que l'inftrument, non plus que l'épée, fur tout s'il a efté contraint d'obéir.

SOSTRATE. Courage, tu fortifies

;

encore mon raifonnement; & lors qu'un valet apporte un prefent de la part du maistre, à qui en a-t-on l'obligation, ou au maistre, ou au valet?

MINOS. Au maiftre; car l'autre n'en eft que le porteur.

què

SOSTRATE. Ne vois-tu donc pas que tu as tort de me punir, & de récompenfer ceux-cy, puifque nous n'avons fait les uns & les autres qu'executer l'ordre du Deftin..

MINOS. On trouveroit bien d'autres chofes à dire qui voudroit tout éplucher; mais tu mériterois d'eftre puny non feulement comme un voleur, mais comme un Sophiste qui contrôle les actions des Dieux. Toutefois délie ce pauvre diable, Mercure, à condition qu'il ne l'ira pas dire aux autres, de peur qu'ils ne nous viennent rompre la tefte de femblables. questions.

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de peur que cela ne bleffe leur liberté, & croyent que Dieu les fçait, à caufe qu'elles doivent atri ver,mais qu'elles n'ar rivent pas à cause qu'il

Ne vois tu donc maines pas? Les Chretiens ne croyent point d'autre deftin que la volonté de Dieu ? Quelques uns mefme ne veulent pas qu'il y ait des Decrets des actions hu-les fçait.

LA NECROMANCIE.

DIALOGUE

MENIPE ET PHILONIDE. Lucien fe rit de l'incertitude des Philofo phes, & conclut, que la vie la plus com→ mune eft la meilleure ; mais il fe mocque en paffant, de la magie & de fes céré monies ridicules & extravagantes.

MENIPE.

J

E te falue, Portique, fu

lais, que je te contemple avec plaifir, depuis que je fuis de retour à la lumiere !

PHILONIDE. N'eft-ce pas là le Philofophe Menipe? C'eft luy fans doute : Mais quel étrange équipage, & que veut dire cette maffue, cette lyre, & cette peau de Lion? Il faut que je l'aborde. Bon-jour, Menipe, d'où viens-tu, que l'on a efté fi long-temps fans te voir? MENIPE. Je fors des portes des En

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Je te falue Por-giques, que nos Vers; tique Noftre Profe c'eft pourquoy je ne a plus de rapport aux me fuis point mis en Tambes des Poëtes tra-peine d'en faire.

fers, & de la fombre demeure des Morts; où l'on habite loin des Cieux.

PHILONIDE. Grands Dieux ! Nous n'avions pas fçeu queMenipe eftoit mort, & le voilà reffufcité.

MENIP E. Tute trompes, l'Enfer m'a receu tout vif dans fes entrailles. PHILONIDE. Hé! mon amy, qui t'a meû d'entreprendre un fi estrange

voyage!

MENIPE. Le feu bouillant de la jeuneffe.

PHILONIDE. Quittes un peu ce langage tragique ; & mettant bas le cothurae, dy-nous d'où vient cet habit extravagant, & quel a efté le fujet d'un yoyage fi peu agreable?

MENIPE. Un important fecret m'a conduit en ces lieux,

Pour confulter là-bas l'ombre de Tiréfie. PHILONIDE. Tu rêves de parler ainfi poëtiquement à tes amis, & par Rapfodies.

MENIPE. Ne t'en eftonne point, Philonide; Car comme je ne fais que de quitter Euripide & Homere, j'ay l'efprit encore tout plein de leurs termes tragiques

On important fecret. quoy je les exprime en Ce font deux Vers Vers.

d'Homere; c'eft pour-1

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