il و parmy la foule. On y traita de diverfes matieres, dont la derniere fut celle des Riches, à qui l'on fit des reproches de leur infolence & de leur préfomption. Alors un des principaux de l'Affemblée fe levant, leût ce Decret. Sur ce qui nous a efté reprefenté, Que les Riches, pendant leur vie, font beaucoup de mal aux Pauvres, & les baffoüent & mal-traitent a femblé bon au Senat & au Peuple qu'après leur mort, leur corps foit condamné aux peines comme les autres ; & pour leur ame, qu'elle passe inceffamment d'afne en afne, pour eftre battuë & chaffée par les Pauvres, comme ils les ont battus & chaffez pendant leur vie jufqu'à ce que le terme foit accomply de deux cens cin quante mille ans, après lequel il leur fera permis de fe retirer. Un tel, fils d'un tel d'un tel païs, & d'une telle Tribu, a fair ce Decret. Cette Ordonnance leuë, le Magiftrat l'approuva, le Peuple la ratifia, Cerbere en aboya, & Proferpine en bourdonna, qui font les formes des verifications dans les Enfers. Voilà ce qui fe paffa ce jour-là dans l'Affemblée après quoy, je continuay mon chemin, & fus confulter Tiréfias, qui eftoit le fujet de mon voyage. Je luy dis d'abord ce qui m'avoit amené, & le priay de me , 1 dire fon fentiment. Alors fe foûriant d'une C'eft la plus commune. cette vie à celle des que Grands, mais à celle des Philofophes,comme la fuite le fait voir. foit tard, je dis au Mage, qu'il eftoit je ne fçais comment, ä CARON, ********************** *********** CARON, OU LE CONTEMPLATEUR. DIALOGUE. CARON, MERCURE, Il dépeint icy la vanité des chofes du monde, d'une façon très-agréable. MERCURE. D DE quoy ris-tu, Caron, & pourquoy quittant ta nacelle, es-tu venu icy-haut chercher la lumiere Tu n'avois pas accoûtumé de te mefler des chofes du monde. CARON. J'ay voulu voir ce qui s'y paffe, & ce que les hommes regrettent tant,quand ils meurent; car perfonne n'eft entré dans ma nacelle fans larmes. A l'exemple donc de ce jeune Theffalien, j’ay demandé de pouvoir eftre un jour abfent du navire; & en ayant obtenu la permiffion, je fuis monté jufques-icy, trèsheureux de t'avoir rencontré ; car je fuis feur que tu me montreras tout. Ce jeune Theffalien. C'eft Protefilas, dont il eft parlé plus haut, Tome I. Z MERCURE. Je n'ay pas le loifir Caron; car j'ay quelque commiffion de la part de Jupiter, & tu fçais qu'il eft colere, & que fi je tardois trop, i! me pourroit laiffer pour jamais avec vous dans les Enfers; ou me prenant par un pied, comme il fit Vulcain, me précipiter en bas du Ciel, pour faire rire enfuite les Dieux, lorfque je leur verferois à boire tout clopinant. CARON. Quoy! tu abandonnerois ainfi ton ancien amy, & ton camarade, errant par le monde fans guide? Souvien-toy que je ne t'ay jamais fait prendre la rame, ny tirer à la pompe, en paffant la Barque, quoyque tu fois fort & robufte; mais en arrivant là-bas, tu te couches tout de ton long fur le tillac, & dors tout ton foûl, fi ce n'eft que tu rencontres quelque babillard d'entre les Morts pour t'entretenir. Cependant tout vieux que je fuis, il faut que j'empoigne la raine, & que je vous paffe à l'autre bord. Ne m'abandonne donc point, je te prie, mon petit Mercure; car comme les autres chancellent dans les tenebres, je fuis tout éblouï à la lumiere. MERCURE. Tu as envie de me faire battre ; mais on ne fçauroit éviter fon malheur, ni rien refufer à fon amy. |