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sedemoniens qui s'entretuënt pour le lieu mefme qui leur fert de champ de bataille. Vois-tu le General Othryadés à demy mort, qui dreffe luy-mefme fon trophée ?

CARON. O la grande folie! de ne pas fçavoir, que quand chacun d'euxpoffederoit le Peloponnéfe tout entier, il n'obtiendroit pas d'Eaque plus d'un pied de terre après la mort ; & pour ce champlà, il fera tantoft aux uns & tantoft aux autres, qui renverferont fouvent ce trophée avec la charuë.

MERCURE. C'eft ainfi qu'il en arrivera; Mais il eft temps de defcendre, & de remettre ces Montagnes en leur place, pour n'embarraffer pas les Geographes. Retournons chacun à nos affaires; toy à ta nacelle, & moy à ma commiffion. Adieu, je t'iray bien-tost revoir.

CARON. Tu m'as fait grand plaifir, Mercure, & je te mettray toute ma vie au rang de mes bienfaicteurs. Dieux, qu'eft-ce des pauvres mortels! Rois, lingots, facrifices, combats ; & de Caron pas un mot!

DES SACRIFICES.

Il fe mocque de la Religion des Payens & de leurs myfteres &particulierement de l'abus des Sacrifices.

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L n'y a perfonne fi mélancolique, qui ne rie, en voyant ce que font tous les jours les hommes dans leurs Feftes, leurs Ceremonies & leurs Sacrifices, & quelle opinion ils ont des Dieux, fans parler de leurs Vœux & de leurs Prieres. Mais il faut confiderer premierement, s'ils méritent le nom de Devots, plûtoft que d'Impies, d'avoir de fi lafches fentimens de la Divinité , que de croire qu'elle veüille eftre cajolée, & qu'elle fe fafche, quand on ne luy rend pas de vains honneurs, & des fervices inutiles. Car on dit, que tous les maux qui arriverent autrefois en Etolie, & toutes les calamitez des Calydoniens, avec leur meurtre & la mort de Méleagre, viennent du courroux de Diane, indignée de ce qu'on l'avoit oubliée en un Sacrifice: Et il me femble que je la voy toute feule dans le Ciel, qui fe plaint & fe desefpere, tandis que les autres font bonne

chere

chere chez Oenée. Si cela eft, les Ethiopiens doivent estre trois fois heureux, comme Homere les appelle; ou Jupiter eft bien ingrat, veu qu'ils le traittent quelquefois douze jours entiers avec tous les Dieux à fa fuite. Car comme il vend fes faveurs, & qu'il ne donne rien pour rien, il y a apparence qu'il récompense bien ceux qui le fervent. L'un achette de luy la fanté par le Sacrifice d'un bœuf; l'autre la Royauté par une Hecatombe. Celuy-cy immole quatre victimes pour devenir riche ; cet autre neuf pour pouvoir retourner en fon païs; ou fa fille mefme, comme Agamemnon, pour fortir du fien. Il y en eut un alors, qui rachetta pour quelque temps le fac de Troye par un Sacrifice de douze bœufs fans compter un voile qu'il donna en offrande à Minerve. Je croy qu'il y a bien des chofes à meilleur marché, & qui ne coûtent, comme on dit, que le demander, ou tout au plus qu'un chapeau de fleurs, ou bien quelques grains, d'encens. Sur ce fondement, Chryfés Preftre d'Apollon,& confommé dans fes myfteres, fe plaint à luy de ce que fon voyage vers Agamemnon a efté inutile, & luy fait des reproches de ce qu'il fouffre qu'on le méprife, après avoir mis en B b

Tome I.

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crédit fon Temple, & bruflé le premier fur fes Autels, des cuiffes de Taureaux & de Chévres. Apollon donc, touché au vif de ces reproches, empoigne fon are & fes fléches; & fe perchant fur les Navires, frappe d'un trait peftilenciel, non feulement les hommes, mais les beftes mefmes. Puifque nous fommes fur fon fujet, voyons tout d'un temps, ce que la Religion luy attribue. Je laiffe à part fes amours infortunées, comme le mépris de Daphné & le trépas d'Hyacinthes mais on dit qu'il fut banny du Ciel pour avoir tué les Cyclopes, & contraint,pour vivre, de fe louer à Admette en Theffalie, & en Phrygie à Laomédon, en la compagnie de Neptune, où gagnant leur miferable vie à faire des briques, ils baftirent les murs de Troye ; & furent fi malheureux, que de n'eftre pas payez de leurs journées. N'eft-ce pas-là une belle histoire & bien honorable pour un Dieu ? Mais ce n'eft rien encore au prix de ce qu'on dit de Vulcain & de Promethée, de Saturne & de Cybelle, & de prefque toute la race de Jupiter. Car les Poëtes, après avoir invoqué les Mufes, pour apprendre d'elles ces beaux myfteres, chantent comme Saturne chaftra le Ciel dont il eftoit fils, afin de regner en

fa place, & dévora fes enfans comme Thyeste, , pour empefcher qu'ils ne luy en fiffent autant qu'il en avoit fait à fon pere. Que Jupiter fut dérobé par fa mere, qui fuppofa pour luy une pierre, & l'expofa en Créte, où il fut nourry par une Chévre, comme Téléphe par une Biche, Cyrus par une Chienne, & · Romulus par une Louve. Ils ajoûtent, qu'il dépofa auffi fon pere, & le mit en prifon perpetuelle; qu'après avoir épousé plufieurs femmes, il époufa auffi fa foeur, à la façon des Affyriens & des Perfes. Que fécond amoureux, il remplit le Ciel d'enfans, tant baftards que legitimes, fe changeant tantoft en Taureau, tantoft en Cygne, tantoft en Aigle, & quelquefois en or, pour jouir de fes amours : enfin, en autant de formes que Protée. Qu'il enfanta Minerve de fon cerveau comme Bacchus de fa cuiffe, où il le mit. pour achever fon terme, après l'avoir tiré du ventre de fa mere, qu'il n'eftoit qu'à demy formé ; c'eft pourquoy il luy fallut faire une incifion pour accoucher lorfque les tranchées le prirent. Ils difent prefque la mefme chofe de Junon Qu'elle engendra Vulcain toute feule

Romulus par une me neceffaire à l'énuLouve. Cela eftoit commeration.

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