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C'est un

tous les Philofophes dans le Prytanée, où l'on couronnera les uns & l'on marquera les autres au front d'un fer chaud, qui portera l'empreinte d'un renard ou bien d'un finge.

LA PHILOSOPHIE. C'eft bien dit; mais pour les reconnoiftre, il les faudroit éprouver, non pas au Soleil, comme l'Aigle fait fes petits; mais à la gloire, aux plaifirs & aux richeffes. Ceux qui pourront les regarder fixement, fans eftre éblouïs de leur éclat, feront déclarez legitimes, & les autres jettez en bas comme des bastards.

LUCIEN. Mais comment les pourronsHous attraper? Je fuis d'avis que la Preftreffe du Temple nous prefte cette ligne que quelque Pefcheur à confacrée à la Déeffe, & nous mettrons au bout un peu d'or ou quelque friandife pour les furprendre.

LA PRESTRESSE. La voilà.

LA PHILOSOPHIE. Que veut-il faiquartier re de cette ligne ? II la jette du cofté de la Ville; a-t-il envie de pefcher des pierres met dans dans le Pelagifque?

d'Athenos qu'on

la Forterefle

Où l'on couronnera: Il vaut mieux le faire là qu'ailleurs.

Mais comment les

pourrons-nous attraper ?
Ce qui eft icy au Grec,
eft exprimé plus bas.
A-t-il envie de pef
LUCIEN

LUCIEN. Taifez-vous, que vous n'épouvantiez le gibier. Je voy venir une grande dorade; mais non, c'eft un chat de mer, qui eft en embuscade autour de ce roc. Prions les Dieux marins de nous eftre favorables; le voilà qui bâille après l'hameçon, il fent l'or, il le fuit, il l'avale, il eft pris ; Tirons-le en haut ; Que le Syllogifme nous aide; Je le tiens. Grands Dieux ! quelles dents! pendonsle par les oüies, & retirons l'or de fa gueule ! Quoy! il l'a déja avalé? faisonsluy rejetter, pour en prendre d'autres ; Que dis-tu, Diogéne connois-tu le compagnon? Il eft de ton vivier.

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DIOGENE. Je le renie pour mien. LUCIEN. Combien penfes-tu qu'il vaille? Il fe plaignoit hier que nous l'avions livré pour deux carolus.

DIOGENE. Encore eft-ce trop, car il ne vaut rien du tout: Rejettons-le, & effayons d'en avoir quelqu'autre : mais prenons garde qu'il ne foit fi pefant, qu'il rompe la ligne.

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Il raille

Philofo

LUCIEN. Ne crains point, ils font legers comme du vent; mais qui eft celuycy, large & plat? C'eft un Turbot. Le voilà qui mord à l'hameçon, il eft pris, tirons-le; Demande à Platon s'il le connoift, car il eft des fiens.

PLATON. Quoy! maraut, tu donnes fur l'or.

LUCIEN. Que veux-tu qu'on en faffe?

PLATON. Qu'on le rejette comme l'autre, il ne vaut pas mieux que luy. DIOGENE. Pefchons encore.

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LUCIEN. J'en voy approcher un tout rayé d'or qui court à la proye; mais il a découvert l'hameçon, il tourne queuë; Toutefois, le voilà qui revient tant il eft gourmand: il mord; il eft pris. DIOGENE. De quelle efpece est-il ? LUCIEN. Demande-le à Ariftote. ARISTOTE. Je ne le connois point. LUCIEN. Je fuis donc d'avis qu'on le rejette.

DIOGENE. J'en voy plufieurs qui

des épi vont en foule: prenons un filet; car ils mes de la font difficiles à attraper, & picquent de phie Stoi- tous coftez; mais ce fera affez d'en prenauffi-bien ne valent-ils rien, &

બુમર

dre un,

Ils font legers com-commodé la compame du vent : J'ay ac- raison à noftre usage.

font pleins d'arrestes. Jettes la ligne, mais garny-la de plomb par en bàs, de peur qu'ils ne la coupent, & s'en aillent avec la proye.

LUCIEN. Grands Dieux ! comme ils s'entrebattent pour la prendre, les uns rongent la figue, les autres s'attachent à l'or. Mais en voilà un de pris; Dy-nous qui tu es ? Jefuis plaifant d'interroger un poiffon qui eft muet, il le faut demander à Chryfipe; car il y a de l'or en fon Chryfon

nom.

C'est que

en Gree

Signific

CHRYSIPE. Il est trop gourmand, er.

je ne le connois point.

LUCIEN. Tu as raison ; il ne vaut pas mieux que les autres n'en mangeons point, que quelque arrefte ne nous étrangle.

LA PHILOSOPHIE. C'eft affez, auffi-bien noftre amorce eft trop précieuse, pour la hazarder davantage; & le Proverbe ne veut pas qu'on pefche avec un hameçon d'or, de peur de perdre plus qu'on ne peut gagner. Rendons la ligne à la Preftreffe, & renvoyons les Philofophes, puifque voilà tantoft le jour écoulé; cependant la Raison & Parrhefiade feront la reveuë que j'ay dit.

LUCIEN. Allons; mais où irons-nous premierement? Sera-ce à l'Academie ou

au Portique, ou fi nous commencerons par le Lycée ?

LA RAISON. Il n'importe ; mais en quelque lieu que nous allions, nous aurons plus befoin de fer chaud, que de

Couronnes.

LE TYRAN, OU LE PASSAGE DE LA BARQUE.

DIALOGUE.

CARON, CLOTHON, MERCURE, Et plufieurs autres parlent.

C'est une raillerie des Tyrans & de leurs

CARON.

Vices.

CLothon, tout eft preft,

la fentine eft vuidée le maft dreifé, les voiles tendues, les rames attachées, il n'y a plus qu'à lever l'ancre mais Mercure n'eft pas encore venu. Cependant il fe fait tard; nous n'avons rien gagné, quoyque nous deuffions avoir déja fait trois voyages. Pluton ne manquera pas tantoft de s'en prendre à moy, & de dire que je n'ay jamais hafte; mais tu vois que ce n'eft

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