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106 L'éloge de la Chase.

qu'il luy avoit toûjours refufé, il n'eut pas de peine à la retirer du Convent. Le mariage fe fit peu de jours après, & on peut dire, qu'il n'y en a point de plus heureux, puifque rien n'aproche de l'union qui s'y trouve.

DE LA CHASSE

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DES LICORNES.

QUoyque

Qoy que cette Chaffe foit

fort rare & prefque incon

nue en Europe, je ne laiferay pas d'en faire icy mention, afin de rendre mon ouvrage plus curieux, & de n'y laiffer rien à défirer. Pour le faire avec fuccès, il faut prendre la chofe de plus haut, & remarquer que dans l'ancienne Vil-le de Memphis, regnoit un Monarque qui avoit plufieurs belles provinces fous fa domination. Comme il étoit fort riche, il fit. bâtir dans cette fuperbe Ville un Palais magnifique, qui étoit le plus beau qu'on ait peut-être jamais veu. Il étoit de Maibre, de Jalpe, de Porphire & convert de la mes d'or. Je ne parleray point des

meubles précieux, ni des peintures des plus grands Maîtres dont il étoit orné. Mais je diray feulement qu'il étoit gardé par plus de cent Lyons & Tigres furieux qui. fervoient à dévorer les criminelsqui étoient condamnez à mort.

Ce Roy n'avoit pour tout enfant qu'un fils, lequel entre autres belles qualitez qu'il poffedoit, fçavoit parfaitement tirer de F'Arc, & perfonne de la Cour n'avoit plus d'adreffe que luy. Conme ce jeune Prince étoit en-âge de le marier, le Roy réfolut de luy donner une femme, afin d'avoir des heritiers. Il en parla à son fils & luy dit qu'on luy avoit propofé plufieurs belles Princeffes, & qu'il faloit qu'il en époufâ une. Son fils luy répondit qu'il étoit prêt de luy obéir; mais que comme il s'agiffoit de prendre une femme pour toute fa vie, ille-fu

plioit de trouver bon qu'il la choifit: le Roy y confentit. Cependant ce jeune Prince n'en trouvant pas une à son gré, la chose demeura indécife, & le Roy n'en fut pas content. Il arriva pour lors, que fon Vizir avoit une fille qui étoit très-belle & très-fage, & fa gouvernante fçachant que de tous les partis qu'on avoit proposez à ce Prince, aucun ne lu avoit plu, elle s'imagina que s'il voyoit cette fille il en deviendroit amoureux. Dans cette penfée elle uy en parla, & le portrait qu'elle luy en fit fut fi beau, que ce Prince la pria de la luy faire voir. Elle duy répondit que la chofe ne feroit pas fort difficile ; que le Vizir envoyoit toutes les femaines une fois fa fille à la chaffe, afin qu'ayant été occupée tous les jours à des ouvrages en broderies, elle allât fe divertir à la campagne,

ainfi qu'il n'avoit qu'à la firivre lorfqu'elle iroit à la chaffe, & qu'il la verroit facilement.

Le jeune Prince remercia la Gouvernante de l'avis qu'elle luy donnoit, & ne découvrit fon deffein qu'à un de fes favoris,avec lequel érant un jour monté à che vål, il fuivit la Demoiselle d'affez loin pour qu'elle n'en prît aucun ombrage. Il y avoit hors de la Ville un Temple fort ancien dédié à Jupiter, où la Demoiselle étant arrivée avec fa compagnie, vit au haut d'une des tours de ce Temple, deux tourterelles. Quoique le Prinee en fût plus éloigné, voyant qu'elle fe mettoit en état de les tuer avec une Arbalête, prit auffi-tôt fon arc, & les ayant tirées, il en tua une; l'autre épouvantée de ce coup s'éleva; mais la, Demoifelle l'ayant en même tems couchée

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