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tegea fi bien cette Princeffe,que ces animaux loin de lui faire le moindre mal, lui firent mille careffes. Ce bonheur fut fuivi d'un autre qui n'étoit pas moins confiderable, car ayant levée une pierre qui bouchoit un trou qui donnoit dans le foffé du Palais, elle s'enfuit par cet endroit, & marchant toute la nuit jufqu'au lever du Soleil, elle arriva dans la maison d'un Païfan

qui gagnoit la vie par le moyen d'un Singe. Cet homme lui aïant demandé qui elle étoit, elle lui répondit qu'elle étoit une pauvre étrangere qui cherchoit un Maître pour le fervir:ce Païfan la voyant prefque toute nue en eut compaffion, & la prit à fon fervice. Comme il découvroit de jour en jour beaucoup de mérite en elle, il l'adopta pour fa fille, & en eut un fort grand soin.

Cependant le Roy étant de retour dans fa ville capitale, & ne voyant plus dans fon Palais celle qui avoit fait le plaifir & le charme de fon cœur,fut trèsfâché d'avoir été la caufe de fa perte. Son chagrin augmentoit fans ceffe, & il en tomba fi dangereusement malade " qu'on voyoit en lui tous les fignes d'une veritable mort.

Le bruit de fa maladie s'étant répandu par tout fon Royaume, vint jufqu'aux oreilles de l'infortunée Princeffe, qui jugeant que fon mal ne venoit que du regret de la cruauté qu'il avoit eûe pour elle, dit à ce Païfan: Je fçai le moyen de guérir ce Prince, & de vous procurer une groffe fortune vous irez ajoutat-elle, à la Cour, & vous ferez entendre à ceux que vous y verrez, qu'encore qu'on n'ait pû jus

qu'à prefent trouver aucun remede au mal du Roy, vous en fçavez un qui le guérira abfolument. Cet homme lui ayant demande quel étoit ce remede; il n'eft autre, répondit-elle, que çomme sa maladie ne vient que. de mélancolie & de trifteffe, il ne faut lui donner que de la joye & du plaifir. Le Païfan partit auffi tôt, & s'étant fait prefenter au Roy: Seigneur, lui dit-il, j'efpere avec l'aide du Ciel de pouvoir bien-tôt rétablir votre fanté. Trois choses sont d'abord neceffaires pour cela, le repos, la fobrieté & la gayeté. Pour le repos,fufpendez toute forte d'affaire; pour l'abstinence,mangez très peu, de crainte que la quantrès-peu, tité des alimens n'augmente les mauvaises humeurs ; & pour avoir de la joye, faites bâtir une maison agréable dans le plus

beau de vos jardins, où vous demeurerez jufqu'à ce que votre mal foit guéri, & j'aurai l'honneur d'y aller en cas d'accident. Le Roy: fut fort content de toutes ces chofes. Il ordonna à l'Intendant de ses bâtimens de faire conftruire une jolie maifon dans le plus beau de fes jardins pour y loger quelque tems. Cet Intendant ayant executé les ordres qu'il avoit reçûs avec toute la diligence poffible; & le Prince fçachant que cette jolie maifon étoit achevée, s'y fit tranfporter dans une litiere. A peine y fut-il arrivé, qu'il entendit le chant de mille oyfeaux qui le divertirent extrêmement, de forte qu'au bout de quelques jours il fe trouva beaucoup mieux qu'il n'étoit. Le Païfan de fon côté ne manqua pas d'y mener fon Singe, qui fit cent gambades de

vant le Roy, qui le firent rire plufieurs fois. Après que ce Prince s'en fut bien diverti, le Païfan mena fon finge à la cuisine, où il étoit feul : il le lia à un banc, & retourna trouver le Roy, pour tâcher de l'entretenir dans fa belle humeur. Comme il entroit dans la chambre du Roy, ce. Prince entendit quelque bruit dans fa cuifine, & s'étant appro-. ché de la fenêtre, il vit que le finge s'étoit delié & campé à côté d'une marmite, où cuifoient. entr'autres viandes deux bons

chapons pour la table du Roy. Cet animal après avoir fait plufieurs maneges autour de la marmite, leva le couverclin& tira un chapon,enfuite s'étant mis endif pofition de le manger, un grand milan qui pafloit voyant cette proye, fit un rapide vol fur elle, Penteva de la patte du finge, en

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