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rus toute la nuit fans fçavoir où j'allois, & enfin j'arrivai heureufement dans la maifon de ce bon homme qui a exercé l'hofpitalité envers moi jufqu'à prefent, à peine y ai-je été quelques jours, que j'apris la nouvelle de votre maladie, & en fçachant toutes les particularitez, j'ai jugé qu'elle venoit fans. doute du regret que vous aviez de la cruelle fentence que vous aviez donnée contre moi. C'eft pourquoi connoiffant la caufe & l'effet de votre mal, j'ay pensé qu'il n'y avoit point d'autre remede pour vous guerir, que de vous procurer de la joïe, & c'eft ce qui m'a porté à vous envoyer cet homme. Le Roy ayant entendu toutes ces paroles, ne put retenir fes larmes ; il embrafla la Reine, & lui demanda mille fois pardon ; il lui

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avoua qu'il lui étoit redevable de la vie, qu'il n'en perdroit jamais le fouvenir, & pour lui marquer fa reconnoiffance, il voulut que fon nom fût mis avec le fien fur toutes les monnoïes qu'on battoit dans fes Etats, & qu'elle eût part à toutes les affaires qu'on refoudroit dans fon Confeil. Il ordonna enfuite. des fêtes publiques pour avoir retrouvé fa chere femme, & retabli fa fanté. Ces réjouiffances. durerent près de quinze jours pendant lefquelles ce ne fut que joie, que , que festins, que bals, que comedies, que tournois, que courfes de bagues & de têres, que combats de barrieres & de chariots; enfin jamais joye ne fut fi grande que celle que donna le retour de la Reine, & le rétablissement de la fanté du Roy. Pendant que toutes ces

chofes fe paffoient, ce Prince n'oublia point le fervice que le Païfan lui avoit rendu : il le fit venir, lui fit plufieurs prefens confiderables, & lui donna le village où il demeuroit, avec la charge de fon premier Medecin... L'hiftoire de cette jeune Reine nous apprend qu'une femme doit être foumife à fon mary, & qu'elle le doit toujours confiderer comme fon maître & fon feigneur. Les airs de fierté ne conviennent pas aux femmes, fur tout à l'égard de ceux fous la puiffance & l'autorité defquels il faut qu'elles vivent. C'eft manquer d'efprit & de jugement à une femme, que d'en ufer mal avec fon mari & fe rendre digne de fon mépris ou de fa haine: il eft vrai qu'il doit aimer fa femme, mais la femme doit respecter son mari. Cette loi auffi

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ancienne que le mariage, en eft le fondement, fans quoi il n'y auroit jamais de bons mariages: & bien que cette jurifprudence qui eft univerfelle fût obfervée par le fexe, fi dans les mariages il y avoit feulement quinze jours de noviciat, on ne verroit gueres d'hommes qui vouluflent faire profeffion.

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Un particulier s'étant adreffé à un Philofophe pour fçavoir quand il devoit fe marier, le Philofophe lui dit, quand il feroit fage. Cet homme Y étant retourné l'année fuivante, demanda encore confeil au Philofophe fur ce fujet, attendu qu'il étoit devenu plus fage: mais le Philofophe lui repondit qu'il paroiffoit bien qu'il ne l'étoit pas, puifqu'il parloit encore de fe marier. En quoi il sembloit être de même avis que celui qui dit

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à un autre qu'il étoit trop tor de fe marier à trente ans, & quand il en cut atteint quarante, il lui dit qu'il étoit trop tard tous deux voulant témoigner qu'il n'y avoit pas d'état plus agréable que d'être garçon. Il y a peu de femmes fi parfaites, qu'elles empêchent un mari de fe repentir du moins une fois le jour d'être marié, ou de trouver heureux celui qui ne l'eft point. Je n'ai jamais connu perfonne qui ait cu regret de n'avoir pas été marié, mais j'en ay connu plufieurs qui ont été fâchez de l'être. Un homme priant Hecaton de lui dire quand il faut prendre une femme : lorfqu'on eft jeune, répondit-il, il n'est pas encore temps; & quand on eft vieux on n'y doit plus fonger. Toutes ces réponses font bonnes à faire à des gens du commun,

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