dot, & de la renvoyer en Elpagne. Chilperic tâchá de l'appai. ier, & promit de ne lui plus donner aucun fujet de chagrin. Cependant lors qu'on le croyoit revenu de fes égaremens, & qu'il paroiffoit regarder la Reine de meilleur œil, on la trouva étranglée dans fon lit. Le foupçon tomba fur le Roy, avec d'autant plus d'apparence, que peu après il époufa Fredegonde.

Sigebert ayant apris la mort de fa belle four, crut devoir la vanger fur fon propre frere, & engagea Gontran à joindre fes forces aux fiennes pour faire la guerre à celui qu'ils regardoient. comme le meurtrier de Galfuinde, mais Chilperic fçut fi bien se juftifier de ce crime, qu'il dé-tourna l'orage qui le menaçoit. Neanmoins Sigebert s'étant misen campagne l'attaqua & le

pourfuivit avec tant de chaleur, qu'il l'obligea de s'enfuir à Tournay. I fe préparoit à l'affieger dans cette place, lors que Fredegonde qui voyoit le Roy fon mari hors d'état de fe défendre, fuborna deux affaffins, qui allerent poignarder Sigebert dans fa tente.

Quelque temps après Merouée qui étoit devenu l'aîné des enfans d'Audouere, parce Theodebert avoit été tué

que

dans une guerre que leur pere avoit eû contre le Roy d'Auftrafie, voyant qu'il prétendoit laiffer fon Royaume après fa mort aux enfans qu'il avoit eu de Fredegonde, prit les armes contre lui pour le chaffer du Trône. Les Regens du Royaume pendant la minorité de Childebert fils de Sigebert, trouvant Merouée dans cette difpofition, lui con

pa ci

feillerent, pour rendre fon plus puiffant, d'époufer Brune haut veuve de Sigebert, qui avoit été releguée à Rouen par fes deux beaux-freres. Merouée alla rendre vifite à cette Princeffe, & fur fi charmé de fon efprit & de fa beauté, qu'encore qu'elle eût près de quarante ans, il ne fit aucune difficulté de s'engager dans ce mariage incef tueux. Chilperic en ayant eu avis, marcha incontinent droit à Rouen, avec ce qu'il put affembler de troupes, & après avoir pris la ville, & s'être faifi des nouveaux mariez, il fit declarer leur mariage nul, comme fait fans fon confentement & contre les Canons de l'Eglife.

Il laiffa Brunehaut prifonniere à Rouen, ramena fon fils avec lui, & s'en retourna à Soiffons. Il n'y fût pas plûtôt arrivé, qu'il

le vit affiegé par les Champe nois, qui tenoient le parti de Childebert. Fredegonde qui é toit dans cette place, ne vou lant pas y expofer. fa perfonne fe fauva avec Clovis dernier des enfans d'Audouere. Chilperic fit une fi vigoureuse refiftance, qu'il obligea les Champenois à lever le fiege, & peu après les ayant défaits, cette Princeffe revint à Soiffons. Elle dit entre autres chofes au Roy fon mari, que la guerre qu'il venoit de terminer étoit une fuite de la revolte de Merouée; que comme ce fils rebele avoit fufcité toutes ces revolutions, il faloit abfolument le punirs que fi on ne le faifoit pas, on s'en repentiroit tôt ou tard, & qu'ainfi il étoit de la prudence d'empêcher de nouveaux malheurs qui pourroient à la fin caufer la perte de fes

Etats.

Chilperic perfuadé par fes raifons fit rafer Merouée, & l'enferma dans un Cloître. Cette Reine croyant ne pouvoir affùrer la Couronne à fes enfans tant que ceux d'Audouere fe roient vivans, gagna Gontran Bozon qui avoit autrefois com mandé les armées de Sigebert, & qui avoit fait perir Theodebert dans une embufcade qu'il lui avoit dreflée. Elle le fervit du miniftere de ce même Gontran: pour perfuader à Merouée de fortir de fon Convent, & de fe mettre à la tête d'un nouveau parti, qu'il avoit formé fous fon nom. Mais à peine fut-il arrivé au Camp, qu'il fut affaffiné par celui qui lui avoit mis les armes à la main.

Il ne reftoit plus que Clovis des enfans d'Audouere, & Fredegonde ne defefperoit pas de